Alerte Élections et Violences en Côte-d’Ivoire « Nous avons des inquiétudes » (Bamba Massani)

L’ancienne députée de Port-Bouet, Bamba Massani était face aux journalistes le mardi 6 décembre 2022 dans le cadre d’un projet de sensibilisation à la paix et à la cohésion sociale qu’elle porte. En sa qualité de présidente de « Initiative citoyenne pour des élections apaisées (Icea-Ci) », l’Ong qu’elle a fondée, elle s’est prononcée sur l’environnement préélectoral dans un contexte de révision de la liste électorale.

Pour elle, mieux vaut prévenir que guérir. Et le but de cette conférence était de tirer sur la sonnette d’alarme afin que ceux qui ont du pouvoir agissent maintenant pour que les élections en Côte d’Ivoire se déroulent sans violences. Elle a pour ainsi dire, rappelé les tristes moments de tensions et même de tueries consécutives à des élections. Les causes de ces violences, a-t-elle étayé, résident dans les élections mal organisées et des résultats non acceptés. Des élections pointent à l’horizon, plus précisément en 2023. Bamba Massani a estimé que les ingrédients des futures déflagrations autour des élections se mettent en place sans que l’on lève le doigt pour dénoncer. Entre autres causes avant-coureur, le convoyage des électeurs pour les faire inscrire sur des listes électorales en violation de la loi, les fraudes, la non application des résolutions du dialogue, le déséquilibre au sein de la Commission centrale de la Cei…
« Dans cette ambiance, il apparait évident que la Côte d’Ivoire n’est pas encore sortie de la psychose, ce qui replonge la grande majorité de la population ivoirienne dans l’angoisse des scrutins à venir. Il est donc plus que temps, aujourd’hui, de travailler à éviter d’exposer le pays à une autre crise politique d’envergure, dans le contexte sous-régional marqué par le terrorisme qui frappe obstinément à nos frontières », a-t-elle fait observer. Puis la conférencière de s’inquiéter de cette situation en ces termes : « Nous avons des inquiétudes ». Et comme solution, elle estime que son organisation n’a pas de pouvoir de coercition pour endiguer la violence. Toutefois, dit-elle, sa mission est d’aller « vers ceux qui peuvent décanter la situation ». Notamment, les pouvoirs publics, les chefs de communauté, les guides religieux afin qu’ils aident à la sensibilisation des masses. Elle compte également aller vers les partis politiques qui vont fournir des personnes ressources avec lesquelles l’Ong pourra collaborer.

Sur le fait que son organisation soit pilotée par des personnes marquées politiquement dont elle-même, membre des instances du Ppa-Ci, Bamba Massani a expliqué que dans la plupart des cas la paix est troublée par les politiques. Il est donc heureux que cette initiative de paix soit portée par des politiques. « Qu’il y ait des politiques en notre sein, là n’est pas le problème. Nous voulons que Icea-Ci soit une organisation citoyenne. Notre objectif est de ne pas travailler pour les politiques », a-t-elle répondu.

Cette conférence de presse a été l’occasion pour la présidente de présenter les différents organes de l’Ong Icea-Ci dont le président exécutif est Dr Diaby Youssouf, ancien compagnon de Charles Blé Goudé. Celui-ci a expliqué que la constitution ivoirienne n’interdit pas les politiques de piloter des Organisations non gouvernementales. « Soyez heureux que les politiques prennent ainsi conscience du mal qu’est la violence », a-t-il pris position.
En tout état de cause, Bamba Massani a émis le souhait d’une autre rencontre des « trois grands » de la politique ivoirienne, Ouattara, Bédié et Gbagbo. Cette fois en posant les vrais problèmes du pays et en prenant des engagements consignés dans un document.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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