Rejetées par leur famille et leur communauté, de nombreuses femmes porteuses de fistule obstétricale s’isolent. Elles sombrent dans la pauvreté et la dépression et se meurent dans le silence. Face à ce drame, le gouvernement ivoirien a décidé, en 2020, d’introduire la prise en charge de la fistule obstétricale en routine dans le Paquet minimum d’activité (Pma) des hôpitaux. Le pays est également engagé pour l’élimination de cette maladie honteuse d’ici à 2030.
La santé de la mère et de l’enfant est au cœur des priorités gouvernementales. C’est fort de cet engagement que la Côte d’Ivoire s’est engagée pour l’élimination de la fistule obstétricale à l’horizon 2030. La fistule a des conséquences dramatiques aussi bien sur la femme que sur son bébé.
« Il est temps de passer à l’action et d’opérationnaliser les initiatives de mobilisation de ressources pour l’investissement dans la prévention, la réparation et la réinsertion des survivantes de fistule », a indiqué la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, lors de la conférence internationale organisée du 13 au 15 septembre 2022 à Abidjan, autour du thème « Partenariat Sud-Sud et triangulaire en vue d’éliminer la fistule à l’horizon 2030 ».
Elle réaffirmait ainsi la détermination de la Côte d’Ivoire et de ses partenaires à réparer les femmes porteuses de fistule et à leur redonner leur dignité.
La fistule obstétricale est une grave lésion provoquée par l’accouchement. C’est une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum, due à un arrêt prolongé du travail en l’absence de soins obstétricaux. Elle provoque une fuite d’urine et/ou de matières fécales par le vagin. En Côte d’Ivoire, une enquête menée en 2020 estime à 44.602 le nombre de femmes et filles vivant avec la fistule avec 250 nouveaux cas enregistrés chaque année.
Depuis 2012, la lutte contre les fistules obstétricales est organisée en Côte d’Ivoire à travers un accord entre le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, le Fonds des Nations unies pour les Population (UNFPA) et l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA).
Selon le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle des progrès considérables ont été réalisés dans la lutte contre cette maladie en Côte d’Ivoire. A en croire le ministre de la Santé, Pierre Dimba, ce sont plus de 12 milliards de FCFA qui ont permis, entre autres, de renforcer le plateau technique du système de santé, de renforcer les capacités des prestataires de santé, de traiter environ 3000 porteuses de fistules obstétricales dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet de lutte contre ces lésions graves contractées lors des accouchements.
Cet appui technique et financier a permis de réinsérer sur le plan socio-économique, 1 062 ex-porteuses de fistules obstétricales, de créer et rendre fonctionnels neuf centres de prévention et de prise en charge les localités de Bondoukou, San Pedro, Séguéla, Man, Bouna, Korhogo, Bouaké, Gagnoa, Tiassalé.
Des missions sont régulièrement organisées pour prendre en charge les malades et pour former des praticiens ivoiriens à cette chirurgie très technique.
Une mission internationale opératoire a eu lieu du 20 août au 10 septembre 2022. Elle a vu la participation des experts du Bénin, du Burkina Faso, de la Gambie, de la Guinée, du Liberia, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, du Togo et du Tchad. Ils ont travaillé conjointement avec ceux de la Côte d’Ivoire pour opérer près de 200 cas complexes de fistule obstétricale à l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville, au CHU de Bouaké, au CHR de Séguéla, à l’Hôpital Général de Bouna et à l’Hôpital Saint-Jean Baptiste de Bodo.
On estime que 2 millions de femmes vivent avec cette lésion en Afrique subsaharienne, en Asie, au Moyen Orient ainsi qu’en Amérique latine et aux Caraïbes, et qu’environ 50 000 à 100 000 nouveaux cas surviennent chaque année.
La Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale est célébrée le 23 mai.
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