Créé en 1961, les Bembeya s’étaient très rapidement hissés sur la scène musicale africaine et mondiale jusqu’en 1977 date à laquelle un coup dur a été porté au groupe par la disparition brusque du chanteur vedette Demba Camara.
Bembeya Jazz National, du nom de ce mythique groupe orchestre guinéen de 11 membres et riche d’une vingtaine d’albums, s’essouffle. Rencontré le 21 novembre à Conakry, le leader actuel s’est prononcé sur le parcours et le rêve des membres de l’orchestre. Sékou Diabaté baptisé Diamond Fingers au regard de sa grande maîtrise de la guitare, s’est voulu amer. L’orchestre continue son petit bonhomme de chemin après les envolées lyriques de sonorités afro-cubaines des premières années d’indépendances africaines, rappelle-t-il, avant de relever les facteurs qui ont freiné l’élan de l’orchestre. « Le décès de Demba en est l’une des causes. A dire vrai, Demba était un lead vocal travailleur, très passionné et très adulé par le public. Il ne trichait pas et c’était le pion central. Je n’ai pas de mot pour qualifier le vide qu’il a laissé. Son absence sur scène nous handicape sérieusement », avoue le doyen Sékou qui est depuis quelques années le principal encadreur des Bembeya. Cependant, il estime que le vrai problème se trouve dans le désintérêt des politiques envers la chose culturelle. « Sous la gouvernance du président Ahmed Sékou Touré (1er président de la Guinée, ndlr), la culture guinéenne se portait comme un charme. Les groupes de musique se rivalisaient à travers des compétitions de grande qualité. Et nous les Bembeya avons raflé plusieurs prix au niveau national comme international. Nos talents et notre motivation étaient reconnus par tous et entretenus par l’Etat qui avait d’ailleurs fait de nous des fonctionnaires de l’Etat guinéen », se rappelle avec bonheur le Diamond Fingers. Le sexagénaire invite les autorités politiques de son pays à se ressaisir : « Les chefs d’Etat qui ont succédé à Sékou Touré ont mis à genoux la culture guinéenne. J’invite le président actuel à prendre les choses en main pour faire rayonner notre patrimoine culturel. La culture ne doit pas être le maillon faible du développement. On reconnait un bon président par sa sensibilité à aux arts et à la culture. Nous lui demandons expressément de nous aider », implore Sékou. En attendant, il a recruté de jeunes talents qu’il continue d’encadrer.
Concernant leur chanson à l’honneur du panafricaniste Franklin Nyamsi, il estime que « ce monsieur fait un travail d’éveil inestimable qui mérite d’être salué par tout Africain digne de ce nom ».
B. Lynx
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