Comment Mathias Lebahy a-t-il pu tromper le Contre-Amiral Ange Kessi et l’UFR criminologie de l’université de Cocody ?

Loin d’être une banale affaire de faussaire, l’histoire du « vrai faux
» général Joseph Mathias Lebahy met en lumière un grave
dysfonctionnement au niveau de l’appareil sécuritaire ivoirien. Un homme
qui arrive à se donner le titre de général de corps d’armée, à
entretenir plus de 400 hommes et à se promener dans des apparats
militaires au vu et au su de tous, donne forcément à réfléchir sur le
sérieux de nos sécurocrates.

La semaine dernière, des médias ont annoncé en boucle l’arrestation d’un
« faux » général de corps d’armée répondant au nom de Joseph Mathias
Lebahy, qui formait des jeunes aux métiers de la paix, pour les Nations
Unies. De nombreuses images relayées par la presse et sur les réseaux
sociaux ont montré le mis en cause en compagnie de certaines hautes
personnalités de l’armée nationale, au cours de cérémonies qu’il a
organisées.

C’est le cas du procureur militaire Ange Kessi.

Un élément vidéo qui a tourné en boucle sur les médias sociaux montrent
clairement le procureur militaire à la cérémonie de remise d’épaulettes
à 400 élèves officiers et juges de la paix, de la ‘’Promotion
contre-amiral Ange Kessi’’. Ces derniers recevaient leur première
gradation après une première étape de formation qui devait prendre fin
le 7 octobre prochain. Rappelons-le, la formation de la troupe de Joseph
Mathias Lebahy s’est toujours passée à l’UFR de criminologie de
l’université Félix Houphouët-Boigny. Cette affaire du « vrai faux »
général de corps d’armée soulève une question importante à la fois
sécuritaire et du sérieux du pouvoir d’Abidjan.

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Comment cet homme a pu opérer au vu et au su des hautes autorités
militaires, si tant est-il qu’il est un faussaire ? Comment le procureur
militaire, celui même qui a la charge de nettoyer notre armée des brebis
galeuses peut-il donner sa caution à une telle combine en allant jusqu’à
donner son nom à une unité d’une fausse « armée » ? Ce sont là autant
d’interrogations que soulève cette autre affaire. Nos autorités ayant
déployé toutes leurs forces et ressources de l’appareil sécuritaire du
pays à la traque et le bâillonnement d’opposants que l’on a laissé des
brèches et baissé la garde devant les personnes du genre de Joseph
Mathias Lebahy.

Si tel est qu’un individu peut se permettre de se donner le titre de
général de corps d’armée et instruire plus de 400 hommes aux missions
dit de maintien de la paix avec des apparats de l’armée, cela ne
donne-t-il pas le droit aux citoyens de s’inquiéter ? De nombreuses
personnes avec qui nous avons pu échanger ont déclaré avoir soit croisé
l’homme et son armée dans la rue, soit eu affaire à lui dans le cadre de
business. L’une d’entre elles, sous le couvert de l’anonymat, nous a
confié avoir informé les services du ministère de l’Intérieur concernant
les doutes qu’il a eus sur Joseph Mathias Lebahy et son armée après un
échange avec celui-ci.

« Il est venu me voir et m’a informé qu’il voulait acheter des voitures
pour lui et ses hommes. Il a dit que l’urgence, c’était son véhicule à
lui qui devait être une solide limousine. Les apparats de l’armée qu’il
avait, un mélange de presque tous les corps, m’a fait douter. Je lui ai
dit un montant comme çà. Il a juste négocié un rabais de 7 millions. Je
lui ai demandé à quel corps il appartenait. Il a dit qu’il est de
l’armée ivoirienne. J’ai tout de suite compris que son affaire était
louche. J’en ai informé des connaissances au ministère de l’Intérieur.
Je n’ai plus eu de suite jusqu’à ce que je voie l’affaire sur les
réseaux sociaux », a confié notre source.

S’il est vrai que, selon toute vraisemblance, Joseph Mathias Lebahy,
s’est drapé derrière son ONG World chaplains association pour mener des
activités, il n’en demeure pas moins que les autorités ivoiriennes ont
failli dans leur devoir de sécurisation et de protection des populations
et leurs biens. Dans un pays dont la législation interdit le port de la
tenue militaire à toute personne qui n’est pas de l’armée ou de la
police, comment cet homme a pu se déplacer régulièrement en tenue
militaire et en compagnie de certaines autorités militaires ? Le laxisme
de nos autorités saute encore aux yeux lorsque ce « vrai faux » général
est présenté comme officier onusien.

Est-ce encore la preuve que la Côte d’Ivoire n’a aucun œil sur la
présence de forces extérieures sur nos terres ? Puisque les activités du
concerné n’étaient pas du tout cachées. Des informations relayées font
état de ce qu’il aurait reçu une promotion à la quatrième étoile lors
d’une cérémonie sur zoom depuis Haïti. Une fois de plus, dans l’appareil
sécuritaire et de renseignement du système Ouattara, les gens n’ont pas
fait leur travail, surtout parce toute l’intelligentsia nationale est
consacrée à la traque des opposants.

Générations Nouvelles

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