Certainement oui. Le temps semble venu pour les pays du Sud de se poser la bonne question pour une réponse toute aussi bonne. Devraient-ils se mettre toujours à la remorque des pays du Nord ? Devraient-ils attendre tout du Nord ? Devraient-ils penser, réfléchir, parler, marcher, manger, se vêtir à partir du substrat érigé en norme par le Nord ? Devraient-ils demander l’avis ou l’autorisation du Nord chaque fois qu’ils voudront mettre en place une stratégie de développement ?
On ne le sait que trop. Le monde a complètement changé. Il a même éclaté. Un seul substantif guide aujourd’hui ce vaste territoire peuplé de milliards de têtes humaines : la diversification. Ils sont forcément en retard ceux qui n’ont pas compris son utilité. Dans les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites, la diversification est sans nul doute la solution aux problèmes nés de cet éclatement de la terre.
En diplomatie, là où a commencé et où devrait prendre fin l’arrimage des Sudistes aux Nordistes, les choses ne sont pas aussi claires dans tous les esprits. Même si, reconnaissons-le, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer sans faux-fuyants, la diversification responsable. C’est-à-dire, une prise de décision d’orientation de la politique nationale par le Sud en toute liberté, en toute responsabilité et, pour dire bien, «dans un partenariat gagnant-gagnant».
Le monde a un réel besoin d’équilibre des forces, qu’elles soient politiques, économiques, culturelles, diplomatiques etc. Et une des idées, nous semble-t-il, qui peut pousser à cet équilibre, c’est la mise à mort de l’idée saugrenue entretenue depuis des siècles et qui voudrait qu’il y ait une civilisation au-dessus des autres. Laquelle civilisation, par réflexe humanitaire, se doit de s’épandre à travers le monde et doit être accueillie partout comme une idée généreuse.
Son extinction est si nécessaire aujourd’hui que ceux-là-mêmes qui l’ont portée se sont mis à saper ses bases. Car, au nom de cette expansion, les civilisations du Sud ont été traitées de sauvages et broyées pour lui faire place nette. Ainsi avons-nous cassé la relation fusionnelle que nous entretenions avec la nature, qui nous protégeait avec ses plantes, ses animaux, ses eaux et tout ce qu’elle produisait.
La conséquence de ce choix forcé est notre attachement aux produits industriels fabriqués par la civilisation au-dessus. Des produits dont tout le monde reconnait aujourd’hui la nocivité. De là, le retour proclamé partout à la culture bio. Cette proclamation est en elle seule, la preuve irréfutable que les pays du Sud, attachés viscéralement à la nature, avaient sinon la meilleure civilisation du moins une civilisation qu’on n’aurait jamais dû tenter d’affaiblir. Mais c’est surtout la preuve irréfragable de ce que le Nord ne sait pas où il va. Or, on ne suit pas quelqu’un qui ne sait pas où il va.
Oui. Il n’y a pas une civilisation qui est dessus des autres. Il y a des civilisations qui se côtoient, s’interpénètrent, meurent, renaissent à la vie, se développent plus vite que les autres, chacune avec ses spécificités. Le temps est venu pour les pays du Sud de penser leur développement à partir de leurs ressources naturelles et humaines. Leurs civilisations. Ils doivent le dire, le proclamer à la face du monde pour que nul n’en ignore.
Ils n’auront plus alors à subir les assauts d’autres pays se disant de la plus grande civilisation. Ceux-ci ne leur imposeront plus leurs manières de faire, d’appréhender les choses de la vie. Et ainsi on pourra commencer réellement le rétablissement de l’équilibre des forces tel qu’elles ont été créées par la nature. Car il est insupportable, par exemple, qu’une civilisation qui porte au pinacle l’homosexualité, voue dans le même temps aux gémonies, la polygamie. Parce que, justement, elle est pratiquée dans la partie Sud du monde. Haro !
Abdoulaye Villard Sanogo
EDITO Source : Pressecotedivoire
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