Le 3 novembre 2022, le Syndicat National des Praticiens de Médecine et de la Pharmacie Traditionnelle de Côte d’Ivoire (SYNAPMPT-CI) tiendra son Premier Congrès National à la Bibliothèque Nationale d’Abidjan. Cette cérémonie réunira plus de 1000 tradipraticiens à la Bibliothèque nationale à Abidjan. Il faut le signaler, elle est la première en Côte d’Ivoire. Cette cérémonie placée sous le Haut Patronage du Président Eugène Aka Aouélé, Président du Conseil Economique, Social, Environnemental et Culturel, verra la participation de plusieurs sommités de la recherche scientifique intervenant dans le domaine de la médecine et la pharmacopée traditionnelles. Dans cette interview, nous recevons le Ministre Joël N’GUESSAN qui se qualifie lui-même de Fervent Admirateur de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles.
Monsieur le Ministre ! D’où vous vient cette passion de la médecine traditionnelle ?
Joël N’GUESSAN : Je crois que cette passion me vient de mes années à l’université quand j’étais à l’Ecole Supérieure de Commerce d’Abidjan (ESCA). C’était dans les années 79 à 82. J’avais comme voisine de classe une amie du nom de Carla Tahiri dont le Père était l’éminent chercheur et savant ivoirien le Professeur Tahiri Zagret. Le Professeur Tahiri Zagret a été à la base de plusieurs découvertes dans l’utilisation des plantes tropicales pour les soins médicaux dont le Kabiex. Dans un de mes précédents ouvrages je parle de sa fille, la Professeur Anick Tahiri Yamousso, Biologiste et Enseignant-chercheur – Maitre de conférences à l’UFR Biosciences, Université Félix Houphouët Boigny. Elle a suivi les traces de son père.
Pendant toutes mes années à l’Esca, je passais une grande partie de mon temps à discuter avec le Professeur Tahiri Zagret. C’était des moments de plaisir car il m’instruisait. Il avait une grande connaissance des plantes et de leurs vertus. Il me disait souvent ceci : on n’a pas besoin d’importer des médicaments pour soigner nos populations. Nous avons tout ici chez nous. Il suffit qu’une réelle volonté politique s’exprime pour que nos pays deviennent des pharmacies à ciel ouvert.
L’autre personnalité du monde scientifique qui m’a inoculé cette passion c’est le Professeur Laurent Aké Assi, professeur de botanique à l’université d’Abidjan Parfois surnommé « le génie de la brousse », « le génie de la nature » ou encore « le génie de la forêt ivoirienne », il a compté parmi les grandes figures de la botanique du XXe et début du XXIe siècles en Afrique de l’Ouest. J’ai passé des moments mémorables avec lui pour qu’il m’explique les vertus des plantes. Il m’a laissé en héritage plusieurs de ses ouvrages et manuscrits que je dévore régulièrement.
Dernier point qui a réveillé en moi la passion actuelle pour la médecine et la pharmacopée traditionnelles, c’est que victime d’AVC, alors que je devais être évacué en France pour être opéré d’une artère du cou, j’ai pu échapper à cette opération délicate grâce à une jeune sœur qui m’a conseillée de découper de l’aubergine violette de la tremper dans l’eau et d’en boire le jus pendant 1 semaine. Le résultat a été spectaculaire. Au bout de 1 semaine, la graisse qui avait presque obstrué l’artère a disparu. Cela a fini de me convaincre que je devais me fier à la médecine traditionnelle. Je pourrai vous citer d’autres exemples.
Monsieur le Ministre ! Pendant que la pandémie de la Covid-19 faisait rage, vous avez fait une déclaration qui a suscité beaucoup de commentaires. Vous avez dit que vous ne vous vaccinez pas car vous avez un produit traditionnel qui gère cette maladie. Maintenez-vous cette déclaration ?
JN : Rectificatif. Je n’ai jamais dit que je ne me vaccine pas. J’ai dit que j’attends un an pour voir les effets des vaccins sur ceux qui se sont vaccinés. Avant que je décide de me vacciner ou non. Voyez-vous les questions de santé sont personnelles. C’est à moi seul que revient le choix des médicaments que je dois prendre pour me soigner si je suis malade. Je dois prendre les précautions pour ne pas contaminer les autres si ma maladie est contagieuse. Mais personne ne peut m’obliger à prendre un médicament en qui je n’ai pas confiance. Quand la pandémie de la Convid-19 s’est déclenchée, tous les experts occidentaux et même ceux de l’OMS ont prédit l’hécatombe en Afrique. Le résultat on le connait ; 6 millions 539 mille morts dans le monde au 13 octobre 2022 dont plus 5 millions 500 mille en Europe et en Amérique. L’Afrique n’a pas subi l’hécatombe telle qu’annoncé. J’ai pratiquement eu raison d’écrire que cette pandémie allait sonner le crépuscule de nos orgueils et surtout de nos certitudes en matière de médecine moderne avec cette succession de vague de covid qui n’en finit pas. Notre pays, grâce aux mesures barrières mises en place par le Gouvernement n’a pratiquement pas été touché comme ce fut le cas en Europe. Le Gouvernement est à féliciter.
Monsieur le Ministre ! Que préconisez-vous donc ?
JN : Merci pour votre question qui me donne l’occasion de donner la quintessence de ma pensée sur la médecine et la pharmacopée traditionnelles. Voyez-vous, à la faveur de la colonisation, nos pays ont progressivement abandonné nos pratiques traditionnelles en matière de soins de santé pour privilégier la médecine moderne. Nos médecins et pharmaciens ont été formés à coup de milliards de nos devises aussi bien ici qu’à l’étranger. Ces derniers sont devenus de facto les prescripteurs des médicaments fabriqués par les firmes et laboratoires occidentaux. Je fais remarquer au passage que les médicaments que nous importons sont composés essentiellement de plantes prélevées chez nous et synthétisés chimiquement en occident. Nous sommes dans le même schéma du cacao. Ils viennent prendre notre cacao à très bas prix et nous revende des tablettes de chocolat que même nos producteurs ne peuvent acheter. Dans le même schéma, ils viennent prendre les plantes tropicales chez nous, les font transformer chez eux et nous les revendre à des prix que la plupart des patients ne peuvent s’offrir pour se soigner.
Alors que faut-il faire ? Il nous faut nous même produire nos médicaments. En cela les tradipraticiens qui une longue et excellente connaissance des plantes doivent être mis à contribution par une formation adéquate. Pour ce faire, il faut non seulement les identifier, répertorier leur savoir-faire, les aider dans la mise en place des moyens de productions et les encadrer pour la diffusion à grande échelle des médicaments produits chez nous. Parallèlement à ces actions, il faut d’une part, accroître considérablement les moyens octroyés à la recherche scientifique dans le domaine de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle, et d’autre part créer dans les écoles et universités des filières sur le secteur. Cela va susciter de nouvelles vocations et créer des centaines de milliers d’emplois durables nouveaux
Monsieur le Ministre ! Votre mot de fin
JN : Mon souhait est que tout soit mis œuvre pour qu’à l’instar du Ghana et du Burkina pour ne citer que ces deux pays, la Côte d’Ivoire devienne le pays phare cité en exemple dans le cadre de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle. Aujourd’hui les occidentaux orientent leurs étudiants pour apprendre la médecine chinoise. Il faudra envisager qu’à moyen terme ces derniers viennent en Côte d’Ivoire pour apprendre la médecine traditionnelle.
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