Les conseillers municipaux sont élus lors des élections… municipales et ils élisent ensuite le maire de leur commune. A écouter les populations, on se rend compte que beaucoup de citoyens ne savent pas à quoi servent précisément ces élus à qui ils ont accordé leurs suffrages.
Les conseillers municipaux sont élus pour cinq ans. La loi détermine le nombre de conseillers municipaux pour chaque commune. Et cela se fait en fonction du nombre d’habitants. Les communes d’Attécoubé, d’Adjamé et de Koumassi comptent chacune 50 conseillers municipaux y compris le maire et ses six adjoints.
Les conseillers municipaux se réunissent en conseil appelé conseil municipal tous les trois mois. Ils prennent les décisions sur les orientations et les priorités de la municipalité et en administrent les affaires. En harmonie avec les orientations nationales, le conseil municipal programme et met en œuvre les opérations et les actions de développement de la commune en vue d’assurer les meilleures conditions de vie à l’ensemble de la population. Pour ce faire, les conseillers municipaux sont appelés à être plus proches des populations pour comprendre leurs préoccupations.
Droit de signature
Dans la commune de Koumassi, Touré Souleymane, doyen des conseillers municipaux, vice-président de la commission chargée des cultes, des communautés et de la vie associative indique que le conseiller a droit de signature. Il célèbre également les mariages tout comme le maire ou son adjoint. « Mais un conseiller n’est pas seulement un conseiller au niveau de la mairie. C’est un agent de la communauté communale », précise-t-il.
Selon lui, le travail du conseiller municipal ne doit pas se limiter aux seules réunions du conseil municipal. Il doit à tout moment exposer les préoccupations de sa population en vue de leur prise en compte. Soit pendant le conseil ou directement au maire. « Il peut s’agir par exemple de la création d’une école. « Monsieur le maire ce quartier a besoin d’une école. Ses habitants sont très éloignés de l’école qui existe. Ce serait très bien pour eux d’en avoir une. Nous avons déjà déterminé le lieu. Voilà un travail du conseiller municipal », poursuit-il. Le conseiller municipal doit être celui qui communique avec les chefs traditionnels, religieux, les femmes et jeunes de sa commune. Selon Touré Souleymane, le travail du conseiller municipal c’est aussi de régler les litiges entre les populations de la commune. Car le maire seul ne peut pas tout faire.
M. Fofana, conseiller chargé des affaires musulmanes à Attécoubé explique que, pour ce qui le concerne, chaque fois qu’il y a une situation concernant les musulmans de la commune, il intervient. Il conduit une délégation quand il s’agit d’une cérémonie musulmane pour représenter le maire, comme lors de la célébration du Maouloud. Chaque année, le maire fait partir des musulmans à la Mecque pour le Hadj. Le budget de la mairie prévoit également du sucre pour les musulmans pendant le mois du jeûne. Pendant la tabaski, les imams de la commune reçoivent chacun un mouton.
Le collaborateur du maire Ibrahim Cissé Bacongo, le conseiller Touré Souleymane ne dit pas le contraire. Pour lui, le conseil travaille tous les jours. La preuve est que la commune de Koumassi est en chantier. Des écoles ont été réhabilitées. Des centres de santé et des espaces de jeux également.
Carrément coupés de la population
« Je connais quelques-uns des conseillers. Chaque fois, ils viennent sur le terrain. Aujourd’hui, il y a de la fluidité sur les grandes voies à Koumassi. Il y a même des sens interdits. C’est grâce à eux que tout cela a été réalisé », explique Lath Koffi Théodore, un habitant de la commune. Pour lui, les réalisations qu’il constate dans la commune de Koumassi sont le fruit du travail des conseillers.
Une dame qui a requis l’anonymat à Attécoubé affirme connaître les collaborateurs du maire Danho Paulin Claude. Elle les voit souvent lors des cérémonies. Toutefois, elle ne connaît pas véritablement leurs missions. Mais, selon elle, toutes les réalisations, en l’occurrence le collège moderne Danho Paulin Claude qu’elle apprécie, sont l’œuvre du maire avec le conseil de ses collaborateurs.
« Après les élections, on ne les voit plus »
En dehors de ces quelques personnes, nombreuses sont cependant celles interrogées qui pensent que les conseillers municipaux ne jouent véritablement pas leurs rôles. « Ces conseillers sont devenus des administrateurs aujourd’hui. Ils sont carrément coupés de la population. Après les élections, on ne les voit plus. C’est quand il y a des réunions du conseil qu’ils viennent. On ne sent pas leur impact réel sur la population », déclare Diabaté, habitant la commune de Koumassi.
Même son de cloche chez Bamba Mohamed, rencontré à Adjamé 220 logements. « Au début on les voyait. Après les élections, on ne les voit plus », déclare-t-il. Avant d’ajouter que les gens sont déçus des politiciens, au point qu’ils ne s’intéressent plus à eux. Certains ne savent pas la différence entre le rôle d’un maire et celui d’un député.
« Ils se foutent de nous. Nous aussi on s’en fout d’eux. Ils ne viennent pas vers nous. Ils nous traquent plutôt pour leurs taxes. Le conseiller municipal est quelqu’un qui doit aller vers les populations pour s’imprégner de leurs préoccupations. Mais ce n’est pas le cas à Adjamé. Ils ne jouent aucun rôle », renchérit Issiaka, cordonnier.
Les conseillers municipaux de la commune de Cocody n’échappent pas non plus à ce genre de critiques de la part de certains habitants. Kouassi Aka, commerçant déclare ne pas connaître de conseiller municipal. Il ne connaît que les agents de mairie qui viennent à son magasin pour le recouvrement des taxes communales.
Dans l’ensemble, bien qu’en nombre suffisant, une cinquantaine dans les communes que nous avons visitées, les conseillers municipaux souffrent d’un déficit d’informations sur leurs rôles et leur utilité auprès de leurs administrés et électeurs aupresct sur leurs administrés.
Diomandé Karamoko
lebanco.net
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