Être le pays où fut adoptée le 10 décembre 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme dont font partie la liberté d’opinion et la liberté d’expression, se vanter constamment d’être la patrie des droits de l’homme et interdire le territoire français à une Africaine qui n’a fait que dire ce qu’elle pense de la politique africaine de la France, signifie à la fois que l’on manque de cohérence et qu’on a emprunté le chemin de la décadence.
L’activiste camerounaise Nathalie Yamb a effectivement reçu, le vendredi 14 octobre 2022, par lettre recommandée, un arrêté selon lequel elle n’est plus la bienvenue en France. Le ministre français de l’Intérieur l’accuse de “relayer la propagande prorusse et d’inciter les Africains à la haine et à la violence contre la France”. En prenant une telle mesure, l’État français risque de donner raison au Premier ministre intérimaire du Mali, Abdoulaye Maïga, qui disait le 24 septembre 2022, à la 77e session de l’Assemblée Générale de l’ONU, que “les autorités françaises ont renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières”.
En un mot, la décision des dirigeants français est abjecte car elle donne une mauvaise image de la France. Seuls de petits esprits, des gens médiocres et fébriles, des énergumènes racistes et intellectuellement limités peuvent prendre une telle décision.
Pour les panafricanistes, c’est assurément une victoire car cela signifie que la Camerounaise, Nathalie Yamb qui s’etait deja fait remarquer au premier sommet de Sotchi Russie-Afrique (23-24 octobre 2019), a appuyé là où ça fait mal, que la bête a été, sérieusement, atteinte. Eux, les Français peuvent se moquer des Africains, les insulter, leur donner des leçons, mais les Africains, eux, n’ont pas le droit de leur dire la vérité. Pourquoi et pour qui ces Français se prennent-ils à la fin ?
Si les vérités de Yamb les mettent vraiment en colère, qu’ils quittent l’Afrique et qu’ils n’y remettent plus les pieds. C’est tout ce que leur demande, depuis un bon moment, la jeunesse africaine accusée à tort par Paris d’être manipulée et stipendiée par la Russie de Vladimir Poutine.
Et puis, entre nous, les attaques terroristes que subissent quotidiennement les populations au nez et à la barbe des forces françaises déployées au Mali, au Niger et au Burkina, les bases militaires françaises dont on ne voit pas bien l’utilité pour les peuples africains, l’immixtion intempestive des autorités françaises dans nos affaires internes, la misère et le dénuement des populations africaines malgré les nombreuses matières premières dont regorgent les sols et sous-sols africains, le F. CFA qui n’est accepté nulle part en Europe [et hors zone franc cfa même en Afrique], le soutien de Paris à des régimes autoritaires et sanguinaires, le deux poids, deux mesures pratiqué dans l’appréciation des coups d’État [Mali vs Tchad], ne sont-ils pas des faits incontestables ?
En quoi exposer ces faits-là est-il une manière de pousser les Africains à détester la France ?
Celle-ci ne donne-t-elle pas chaque jour des fouets pour se faire battre ?
Jean-Claude DJEREKE
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