Je viens de séjourner en Côte d’Ivoire récemment à la faveur des obsèques de ma génitrice et de la visite sur mes chantiers. On fait notre développement dans le sens contraire. On ne respecte rien, mais aussi on ne contrôle rien. Chacun se débrouille et fait ce qu’il peut pourvu surtout que tu mettes les mains à la poche, la course à l’argent facile sans travailler. Je voudrais partager avec vous les quelques observations durant mon récent séjour.
Le transport routier:
Véritable anarchie dans les gares routières.Ces gares sont très sales et on se bouscule pour avoir un ticket de voyage. Les rues ne sont pas démarquées. Il n’y a pas de tracés donc chaque automobiliste s’effraie un chemin comme il peut. Les quelques panneaux de signalisation ne sont plus alors respectés. Il aurait fallu tracer des lignes pour séparer les voies. Dans les quartiers, les rues n’existent pratiquement pas. Ce sont des fosses.
Les rues et routes sont sales et couvertes de poussière. Les caniveaux ne sont pas couverts et sont donc remplis de saletés. Dans les quartiers, les gens garent leurs voitures dans tous les sens, inverses ou pas oubliant le minimum de code de la route. Si ce sont des rues, elles n’ont pas de nom. On continue d’indiquer avec des reperes du genre “une femme vend alloco, vous tournez à droite, etc. Le jour où la vendeuse d’alloco n’est pas venue, vous êtes foutu. Il faut donner un nom à chaque rue et un numéro à chaque maison, c’est simple.
Par ailleurs, il faut signer des contrats avec les compagnies américaines ou canadiennes ou si on préfère européennes qui ont l’expérience de construire les gares routières modernes et sécurisées et mettre fin aux cafouillages des Gnambros. Sur l’autoroute du Nord, rien n’est prévu pour les escales de trente minutes pour aller déféquer, ou même avoir du carburant. Il faut prévoir des stations d’essence, des toilettes publiques tenues propres, prévoir des rafraîchissements, sans oublier une ligne de téléphone en cas de secours d’urgence, etc. Le ministre du transport a tort de ne pas fournir ces services surtout que ces routes sont payantes maintenant.
Construction:
Voici un des secteurs où règne le plus grand nombre d’anarchies: les constructions. On construit partout et n’importe comment. Il n’existe plus d’espaces verts. L’entretien de l’environnement a foutu le camp. Tout est construction au nom de commerces, même sur les routes on fait du commerce. Dans les quartiers chacun construit comme il veut, les immeubles par ci, les magasins de commerces par là, les boutiques par ci, les ventes de toutes sortes par là.
On trouve des bidonvilles construites à la limite de la foutaise même dans les quartiers appelés abusivement “quartiers huppés ». Le ministre du travail et de l’urbanisation a un gros travail à faire. Il doit mettre de l’ordre. Supprimer les constructions au bord des rues, supprimer les constructions accolées aux maisons et qui ne répondent à aucune norme, interdir les ventes sur les boulevards et les rues. Il faut sévir, rendre les villes propres. La propreté c’est la santé aussi.
Salubrité et Hygiène Publique:
C’est juste le nom car Abidjan est sale de la tête aux orteils. Tous les quartiers sont sales, très sales. Personne n’est dérangé par cette saleté. Les moustiques et les insectes de tout genre sont donc partout. Si ce ne sont pas les hiboux, coqs, chiens qui perturbent le sommeil des habitants, ce sont les klaxons des automobilistes même tard dans la nuit ou encore les églises et mosquées depuis 4 heures du matin. Les gens défèquent comme ils peuvent dans les rues. Beaucoup d’aliments sont vendus en plein air sans un minimum de couverture sanitaire. On se bouscule avec les mouches, la poussière et les flaques d’eau pour se faire servir à manger.
Justice:
La justice est supposée protéger les citoyens mais ici tout est payant même le bonjour donc j’en passe.
Corruption des forces de l’ordre et de sécurité
A l’image de la justice qui est censée protéger les citoyens, les forces de l’ordre et de sécurité s’adonnent à cœur joie dans la corruption partout dans le pays. Au Plateau, Cocody, Bietry, etc, j’en suis témoin. Les forces de l’ordre collectent de l’argent aux usagers sans être reçues. Cet argent collecté va dans leur poche. C’est devenu tellement un fait banal que les automobilistes surtout les chauffeurs de commerce doivent partager leur recettes avec ces agents. Tout cela tue l’économie du pays, son image, décourage les investisseurs. Malgré ce comportement les forces de l’ordre sont comptées parmi les plus pauvres des agents de l’Etat.
Administration générale
C’est avec l’argent que tout se règle rien d’autre. La corruption nuit au développement du pays.
Santé Publique
Je me suis gardé de faire un tour dans les hôpitaux de peur d’aggraver mon mal. Je sais ce qui se passe là-bas. Tout est payant sans même la moindre consultation. Les médecins vous regardent et devinent ce que vous devez acheter et quel examen vous devez faire. Je n’exagère pas, j’ai toujours les preuves de ce que je dis.
Banque: ouverture de compte
Véritable calvaire surtout pour la diaspora. La liste des pièces à fournir vous coupe le souffle. Dans l’une de ces banques on a demandé que mon salaire d’ici soit viré dans cette banque et c’est ce qui serait preuve de revenu. Dans les discours on invite la diaspora à venir investir au pays mais dans la pratique les choses ne sont pas aussi aisées que ça. En Éthiopie par exemple, le premier Ministre a facilité la tâche à la diaspora dans l’ouverture des comptes bancaires et l’ouverture des petits business en supprimant même les taxes pour les encourager pendant que les pays francophones font l’inverse.
Conclusion
Mon constat est que notre développement se fait à l’inverse. La corruption est chose admise de fait, ce n’est plus un tabou, c’est devenu normal à tous les niveaux de la société ivoirienne. Les concours sont payants mais vous pouvez aussi payer et ne pas être admis. Voilà entre autres l’origine de l’anarchie dans le pays. Moi je n’accuse pas les populations mais plutôt les autorités. Il y a un laxisme total dans les ministères. Ils sont payés à ne rien faire ces ministres. S’ils ne peuvent pas exercer leur autorité, qu’ils démissionnent, le premier Ministre et le Président de la République peuvent trouver d’autres citoyens plus aptes à faire le travail avec rigueur.
Le développement qu’on appelle de tous nos vœux, c’est d’abord et avant tout une affaire de mentalité. Nous devons changer nos mentalités. Nous devons également être forcés aux changements de nos mentalités. Nous devons tous être conscients du respect de l’environnement, de la chose publique, de la gestion des deniers publiques, du respect de l’autre, des lois du pays. Enfin, autant les autorités doivent travailler sans relâche et avec rigueur sans complaisance, autant les populations doivent être conscientes du respect des lois.
Merci
Dr. Charles Koudou, Administrateur de la Santé
Consultant Indépendant en Santé et Développement
Fondateur de la Société Civile Conscience Nationale pour le Développement
koudoucharles@gmail.com facebook@charleskoudou
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