Lu pour vous
Arrêtons de fétichiser le Savoir à Farafinaso !
Il y a trois mois, j’ai participé aux Pays-Bas à une expérience unique pour tout juriste internationaliste : les cours d’été de la prestigieuse Académie de droit international de La Haye.
La session de droit international public a réuni plus de 300 juristes du monde entier dont 75 doctorants qui présentaient tour à tour chaque jour leurs travaux de recherches lors de séances de méthodologie ponctuées par des discussions très enrichissantes.
Parmi les 4 Ivoiriens qui étaient présents à cette session, trois sont de jeunes et brillants doctorants dans des universités françaises avec une moyenne d’âge de 30 ans.
A 42 ans (l’un des plus âgés parmi les 75 doctorants, j’étais l’unique doctorant venu d’une université ivoirienne.
Nous avons été reçus par le premier conseiller de l’ambassade de Côte d’Ivoire aux Pays-Bas. Pendant nos échanges, j’ai été frappé par l’excellent niveau des doctorants ivoiriens désormais produits du moule académique français. Ces jeunes qui ont souvent commencé dans le système éducatif ivoirien rêvent d’une carrière d’universitaire.
Ce n’est pas mon cas. Le milieu académique n’est pas ma passion. J’ai un profond respect pour la chose académique en ce qu’elle structure le raisonnement en se constituant force de proposition pour transformer la réalité matérielle.
Pas plus !
Ce réseautage entre doctorants et praticiens de haut niveau du droit international a permis de comprendre les difficultés académiques d’un milieu culturel à un autre.
Il ne viendrait à l’esprit de personne de banaliser ou transiger avec le respect de l’autorité incarnée par l’enseignant. Mais le degré de verticalité entre l’enseignant et l’enseigné peut être parfois pesant.
Des étudiants broyés par une rivalité latente ou déclarée entre enseignants d’une même discipline, cela existe dans toutes les universités du monde.
Mais faire passer un enseignant qui a un seul admis sur 800 étudiants en première session d’un examen pour un érudit relève pour moi d’une mystification congénitalement farafinoise.
Une chose est d’avoir la science. Une autre est de comprendre la science de la transmission.
Je ne crois pas à l’érudition académique.
Je crois à la persévérance de personnes studieuses qui par un acharnement méthodique et régulier au travail, souvent en dépit d’un parcours fait d’humiliation et de rejet, ont acquis une technicité pointue dans la discipline qu’elles maîtrisent le mieux et sont devenues des références ayant la reconnaissance de leurs pairs.
Il faut faire mentir l’idée-reçue qui veut que, pour être « docteur » aujourd’hui, il faut avoir été parmi les « bons petits » de l’enseignant hier ou avoir « attrapé son sac » en amphi. Le Savoir académique n’est pas une école initiatique d’ésotérisme à laquelle ne réussissent que ceux à qui on offre des codes secrets.
La dose d’humilité de l’apprenant doit savamment se combiner avec une remise en cause perpétuelle de l’enseignant qui n’est pas un surhomme.
Vive l’enseignement supérieur débarrassé de tout paternalisme !
Honneur à nos Maîtres !
Montagnard Racheté
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