La ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, le Pr Mariatou Koné a décidé, entre autres mesures, de supprimer les frais annexes dans les établissements publics. Si quelques établissements se conforment pour l’instant à ces mesures, ce n’est pas le cas pour d’autres, qui continuent de faire acheter un certain nombre d’objets aux parents d’élèves.
Pour savoir ce qu’il en est dans les faits, nous nous sommes rendus dans plusieurs écoles du district d’Abidjan. « Cette année encore, on nous demande d’apporter un seau, un balai, un pot d’eau de Javel et un paquet de papiers hygiéniques », explique Mme Bogui Josiane, parent d’un élève de l’école primaire régionale de Treichville.
Touré Youssouf fréquente le Lycée municipal d’Adjamé-Williamsville. En plus du matériel, une somme d’argent leur a également été demandée par l’établissement. « L’administration nous demande d’apporter une rame de papier, un carton de savon en poudre, un paquet de Lotus et la somme de 1000 francs, pour le carnet de correspondance et le relevé de notes », dit-il.
Ventes de fascicules
« C’est un vol organisé. Pour nous contraindre à acheter tout ce matériel, les chefs d’établissement l’ajoutent à la liste des fournitures », déplore avec véhémence Mme Gogoué Rosalie, une parente d’élève de l’EPP Rails d’Abobo Avocatier.
Le constat fait, chaque année, est qu’une infime partie sera utilisée pour les besoins de l’école. Quant au reste, il sera revendu plus tard sur les marchés.
Au nombre de ces actes interdits, figurent aussi la vente de fascicules par certains enseignants, et les sommes d’argents imposées par des professeurs de sport, pour dit-on, l’achat d’outils scolaires ou d’équipements. « Notre professeur de français nous demande d’acheter son fascicule. Il dit que ce n’est pas obligatoire. Alors que nous savons qu’il fera son cours avec ce support. Nous sommes donc obligés d’acheter son fascicule », confie une élève du Collège Monterlant d’Adjamé.
Venu prendre sa fille au Groupe scolaire Rodin de Yopougon Maroc, Doumbia Lassina nous confie avec étonnement : « le professeur d’EPS de ma fille leur demande d’envoyer la somme de 1500 francs, pour l’achat d’une paire de chaussettes et d’un bandeau ».
Nombreuses cotisations parallèles
Il y a aussi ces nombreuses cotisations parallèles demandées aux parents d’élèves, pour éditer des copies de devoirs ou d’exposés, comme nous le signifie M. Ouattara Moctar, parent d’élève d’un collège privé de la commune de Cocody.
Qu’en est-il des cotisations que les Comités de gestion des établissements scolaires publics (Coges), imposaient aux parents et que l’Etat a supprimées en 2020, suite aux nombreuses plaintes de ceux-ci , pour les remplacer par une subvention ? A ce niveau, les choses semblent bien se passer. Désormais, les parents d’élèves doivent payer 300 FCFA au primaire, pour la carte d’identité scolaire de leur enfant en classe de CM2. Au secondaire, ils doivent s’acquitter de 1000 francs pour le macaron d’identification de l’école, les activités sportives et extrascolaires.
Plus de 18 milliards de FCFA pour les Coges
Pour cette rentrée scolaire 2022-2023, le gouvernement a décaissé 18 milliards de francs Cfa pour la subvention des Coges. A ce montant, s’ajoutent les 12 milliards de FCFA d’appui octroyés aux collectivités locales. Au primaire, lorsque l’établissement a moins de 200 élèves, l’Etat accorde une subvention de 600 000 francs CFA au Coges. Lorsque l’effectif dépasse 200 élèves, il octroie un fonds équivalant au nombre d’élèves multiplié par 3000 francs. Au secondaire, si l’établissement a moins de 1 200 élèves, la subvention est de 6 millions de francs CFA. Quand l’effectif dépasse 1 200 élèves, le montant du financement est obtenu par la multiplication du nombre d’élèves par 5000 francs.
« La subvention est utilisée pour les différentes charges de l’établissement telles que l’entretien de l’école, les travaux de réparations, le salaire du gardien et celui des enseignants vacataires », explique M. Koffi Nestor, président du Coges de l’EPP BAD Yopougon Ananeraie. Mais, selon la plupart des responsables des Coges, avec qui nous avons échangé, la subvention de l’Etat arrive tardivement. « Actuellement, nous n’avons pas encore reçu notre budget. Il faut attendre jusqu’en février ou mars pour le recevoir », déplore le trésorier d’un bureau Coges, qui a requis l’anonymat.
Boubakar Barry
lebanco.net
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