L’événement avait fait grand bruit au cœur de l’été. Le 20 août dernier, Daria Douguine, fille de l’idéologue ultranationaliste Alexandre Douguine, avait été tuée dans un attentat à la voiture piégée, alors qu’elle rentrait d’un festival près de Moscou.
Depuis, les spéculations vont bon train : qui de l’Ukraine ou du FSB était à l’œuvre ? Est-ce le père ou la fille qui était initialement visé ? Dans une vaste enquête publiée le 5 octobre, le New York Times pense avoir la réponse à la première interrogation.
Selon les agences de renseignement américaines, c’est bien l’Ukraine, ou du moins certains membres du gouvernement ukrainien, qui ont commandité l’assassinat.
Au quotidien américain, les renseignements ont certifié qu’ils n’avaient pas participé, de près ou de loin, à cet attentat, pour la bonne et simple raison qu’ils n’en avaient pas été avertis initialement. Ce manque de communication a d’ailleurs provoqué la colère des États-Unis, qui n’ont pas manqué de réprimander Kiev, selon le New York Times. Le pays craint en effet que cette opération, qui n’a aucun impact direct sur le champ de bataille, puisse inciter Moscou à des représailles visant de hauts responsables ukrainiens.
Washington regrette le manque de communication de Kiev
Le renseignement américain n’a évidemment pas souhaité révéler quels membres du gouvernement ukrainien avaient été à l’œuvre, ni si Volodymyr Zelensky était impliqué. Ils regrettent cependant publiquement que l’Ukraine n’ait pas cru bon de leur faire part de leur plan, alors même que les États-Unis partagent depuis le début de la guerre des renseignements précieux sur la situation du champ de bataille.
Plus globalement, le renseignement déplore le manque de communication de Kiev, reconnaissant qu’ils en savent souvent plus sur les plans de guerre russes que sur les intentions de l’Ukraine. Mais la situation sur ce point semble s’être améliorée cet été, quand l’Ukraine a envoyé à Londres et Washington ses plans concernant la contre-offensive menée depuis le début du mois de septembre, rapporte le New York Times.
Au quotidien américain, le conseiller du président ukrainien Mykhaïlo Podoliak a réfuté avec force ces accusations, estimant qu’un tel attentat n’avait aucun avantage «tactique ou stratégique» pour l’Ukraine. «Nous avons d’autres cibles sur le territoire ukrainien, des collaborationnistes et des représentants du commandement russe, qui pourraient avoir de la valeur, mais certainement pas Douguine», a-t-il justifié. Ilya Ponomarev, un ancien membre de la Douma russe qui a voté contre l’annexion de la Crimée, a quant à lui assuré qu’un groupe composé de combattants pro-ukrainiens œuvrant en Russie et connu sous le nom d’Armée nationale républicaine, était responsable du meurtre.
Hugues Maillot
Lefigaro.fr
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