Certains supputeront longtemps sur le nouveau coup de force intervenu ces derniers jours au pays du légendaire, l’immortel capitaine Thomas Sankara.
On en rira ou on condamnera. Une chose est maintenant certaine. Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba n’est plus l’homme fort du pays des hommes intègres.
C’est lui, il y a 7 mois à peine, qui avait violemment bouté hors le président élu, le civil Roch Marc Kaboré qui savourait son deuxième mandat.
Il était alors porté à bout de bras par les Burkinabé qui en avaient marre de l’incapacité du pouvoir civil à contenir les assauts et la défiance des groupes terroristes qui régentent désormais le septentrion burkinabé. Les forces vives de la nation attendaient de Damiba et c’était légitime, qu’il organise rapidement les troupes déterminées mais sans véritables moyens, pour reprendre le contrôle des territoires perdus. Elles ne lui trouvaient pas un autre agenda que celui-là. Mais que d’espoirs déçus !
En sept mois de gouvernance sa stratégie est restée illisible et comme pour dire qu’ils restent maîtres de la situation, les groupes terroristes ont frappé de plus bel, semant encore plus de morts et de désolation, sapant davantage le moral des troupes sans que les Burkinabé y comprennent quelque chose.
C’est alors la désillusion et tout le monde déchante.
L’homme qu’ils avaient applaudi un jour de février 2022, est devenu en l’espace de quelques mois, le mal-aimé du peuple. La colère allait croissante quand les terroristes font tonner la poudre. Au même moment, leur président troquait de plus en plus le treillis contre la veste et s’habituait aux salons feutrés.
On note ainsi ses visites chez le voisin malien et surtout ivoirien sans oublier la tribune de l’ONU lors de la 77e Assemblée générale.
Les burkinabé voulaient d’un rapprochement d’avec le Mali de façon ferme et d’un affichage sans ambages avec la Russie, nouveau chouchou « partenaire stratégique » des jeunesses africaines.
Damiba est plutôt tombé dans le piège du nouvel ordre mondial et sa démarche s’est démarquée du désir du peuple. Du moins de sa majorité.
Il a préféré la couverture de la France dans une ère où le sentiment anti-français n’est plus une vue de l’esprit mais un fait manifeste surtout en Afrique de l’ouest. Il reçoit au Burkina Faso un envoyé de la France qui lui fit la promesse d’une aide de 15 millions d’euros et de quelques vieux fusils ayant servi dans des conflits antérieurs. Tous ces gestes ont produit un effet dévastateur dans l’opinion burkinabé qui ne cachait plus les appels à sa démission.
Mais seul, Damiba n’a pas vu venir, il n’a pas entendu gronder la colère. Il a oublié que le pays qu’il dirigeait est le Burkina Faso où la société civile demeure l’une des plus forte en Afrique de l’Ouest. Une opinion qui en impose et à laquelle on ne dicte rien de contraignant.
Elle a fini par faire plier Blaise après 27 ans et fait vomir Roch Kaboré. Damiba était donc averti.
Si pour Damiba, les carottes étaient cuites, l’on n’attendait plus que le jour de sa chute qui se dessinait en perspective. Et ses malheurs [malgré un soutien tardif et hésitant des Français] commencèrent un vendredi 30 septembre.
Mais le Mpsr qu’il a contribué à créer, reste maître du jeu car le nouveau venu en est issu.
Le jeune capitaine de 34 ans Ibrahim Traoré, à son tour, est donc averti.
N’est-ce pas le même liseur de communiqué du MPSR qui avait introduit Damiba, qui a aussi introduit le capitaine au monde entier ?
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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