BURKINA: Bruits de bottes au palais Kosyam, le Président Paul-Henri Damiba (41 ans) gardé en lieu sûr par les forces françaises. EXCLUSIF – Confidentiel Afrique. A mon humble avis, ce serait une faute française d’interférer dans une affaire strictement africaine. https://t.co/snTvqER6eT
— Nicolas Normand (@normand95244005) September 30, 2022
Drapeaux russes
Dans l’après-midi, plusieurs centaines de personnes, dont certaines brandissaient des drapeaux russes, se sont rassemblées sur la grande place de la Nation à Ouagadougou pour réclamer une coopération militaire avec la Russie, rejeter la présence militaire française au Sahel et exiger le départ du lieutenant-colonel Damiba. L’influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d’Afrique francophone ces dernières années.
Après une journée de confusion émaillée de tirs, le lieutenant-colonel Damiba a été démis de ses fonctions. Le nouvel homme fort du pays est un membre du régiment d’artillerie de Kaya.
It’s now official: there is a #coup within a coup in #BurkinaFaso. Little is known about coup leader Ibrahim Traoré. What we do know is that the coup came amid spiralling tensions within #MPSR. Here’s a look at the main points from tonight’s announcement and what led to this 🧵 pic.twitter.com/rli8RGg07T
— Constantin Gouvy (@ConstantinGouvy) September 30, 2022
Il était environ 20 heures, heure locale, lorsque un militaire en treillis, gilet pare-balles et béret rouge, entouré d’hommes cagoulés et casqués, est apparu à la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Celui-ci a annoncé qu’Ibrahim Traoré (34 ans) prenait la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), renversant ainsi le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Lui-même avait pris le pouvoir par les armes en janvier 2022. Selon des sources proches, il se porte bien et se trouve au camp Kamboinsin, où sont basées les forces spéciales burkinabè.
Le gouvernement, la charte de transition et l’Assemblée nationale sont dissoutes, a-t-il été annoncé. Les frontières du pays sont désormais fermées et un couvre-feu a été instauré de 21 heures à 5 heures du matin.
Mécontentement
Tôt ce vendredi 30 septembre au matin, des tirs ont retenti dans les points stratégiques de la capitale et des militaires se sont déployés. Les éléments « Cobras » semblaient à la manœuvres.
Des négociations ont ensuite eu lieu avec les autorités de transition, mais elle n’ont pas abouti.
Ibrahim Traoré ne fait néanmoins pas partie de ces unités « Cobra ». Il était jusqu’à ce vendredi le commandant du régiment d’artillerie de Kaya, la première région militaire, située à une centaine de kilomètres de la capitale. Il fait partie des jeunes officiers qui ont renversé Roch Marc Christian Kaboré au profit de Damiba, mais qui étaient depuis critiques vis-à-vis du président de la transition.
La crise couvait depuis plusieurs mois entre Damiba et ces jeunes officiers, engagés pour la plupart au front contre les groupes armés.
Condamnation de la Cédéao
Dans un communiqué, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – dont le Burkina est suspendu des instances depuis le coup d’Etat de janvier – a « condamné avec la plus grande fermeté la prise de pouvoir par la force qui vient de s’opérer ». La Cédéao trouve « inopportun ce nouveau coup de force au moment où des progrès ont été réalisés (…) pour un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».
L’Union européenne a, elle aussi, exprimé ses « inquiétudes », tout comme les Etats-Unis qui ont appelé leurs citoyens à limiter leurs déplacements. « Nous appelons à un retour au calme et à la retenue de la part de toutes les parties », a indiqué un porte-parole du département d’Etat. Le ministère français des affaires étrangères a demandé à ses ressortissants à Ouagadougou, estimés entre 4 000 et 5 000, de rester chez eux.
La journée de vendredi a été très tendue dans la capitale burkinabée, des tirs ayant été entendus avant l’aube dans le quartier abritant la présidence et le QG de la junte, selon plusieurs témoins, puis à nouveau en début d’après-midi.
Plusieurs axes de la ville ont été barrés toute la journée par des militaires postés sur les principaux carrefours de la ville, notamment devant le siège de la télévision nationale.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat à la fin de janvier, promettant de faire de la sécurité sa priorité, dans ce pays miné depuis des années par de sanglantes attaques djihadistes. Mais celles-ci se sont multipliées ces derniers mois, notamment dans le Nord.
Le Monde avec AFP et Reuters
Avec Jeune-Afrique
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