Le Gazoduc Nord-Stream 2 achevé et rempli de gaz, n’a jamais été en activité, après le refus de l’Allemagne de l’homologuer sur pression des États-Unis d’Amérique après l’affaire Navalny et le déclenchement des opérations en Ukraine. Le calibrage de Nord Stream 2 avait été suspendu par l’Allemagne le 22 février. Un jour plus tard, les États-Unis imposait des sanctions contre l’opérateur allemand du projet Nord Stream 2 AG suite aux événements en Ukraine.
Les deux explosions coïncident ce mardi avec la mise en service du Baltic Pipe, un gazoduc qui approvisionne la Pologne en gaz depuis la Norvège.
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Soupçons de sabotage sur les gazoducs russes Nord Stream
Des fuites de gaz ont été détectées par le Danemark et la Suède sur les deux gazoducs qui relient la Russie à l’Allemagne en passant sous la mer Baltique.
Les Européens soupçonnent un acte de sabotage. Le Kremlin rejette toute responsabilité.
Des fuites ont été détectées, lundi et mardi, sur les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 qui relient la Russie à l’Allemagne en passant sous les eaux de la mer Baltique. Ces événements rarissimes, subits et simultanés, ont immédiatement fait naître des soupçons de sabotage de la part de Moscou, même s’il était impossible de l’affirmer avec certitude mardi en fin de journée.
Les trois grandes fuites identifiées au large de l’île danoise de Bornholm, située entre les côtes suédoises et polonaises, sont visibles à la surface. L’armée danoise a fait état de bouillonnements de l’eau allant de 200 mètres à 1 kilomètre de diamètre, diffusant des images spectaculaires à l’appui. La navigation a été interdite dans un rayon de cinq milles nautiques (9 kilomètres) autour des trois fuites, ainsi que leur survol dans un rayon d’un kilomètre. Deux explosions sous-marines, « très probablement dues à des détonations », ont été enregistrées avant les fuites, selon le Réseau national sismique suédois.
Des pipelines pleins de gaz
Les deux pipelines sous-marins étaient déjà à l’arrêt, les accidents n’ont donc pas d’impact immédiat sur l’approvisionnement gazier déjà très perturbé de l’Union européenne. Nord Stream 1 a été arrêté par Gazprom fin août pour une durée indéterminée. Quand à Nord Stream 2, il n’a jamais été mis en service car il fait l’objet de sanctions des Vingt-Sept depuis l’invasion de l’Ukraine en février. Les deux tuyaux, qui suivent le même tracé au fond de la mer, sont néanmoins pleins de gaz.
Le Kremlin rejette toute responsabilité. Moscou s’est déclaré « extrêmement préoccupé », ajoutant qu’il ne fallait exclure « aucune » explication, y compris l’hypothèse d’un sabotage. « Il est difficile d’imaginer que c’est accidentel », a déclaré de son côté la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Pour le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’« un acte de sabotage ». L’Ukraine a dénoncé pour sa part un « acte terroriste ». A Washington, un porte-parole de la Maison-Blanche a annoncé que les Etats-Unis étaient « prêts » à soutenir les Européens.
« Extrêmement rare »
Sans attendre d’en savoir plus, Copenhague a placé ses infrastructures énergétiques en alerte orange, le deuxième niveau de vigilance le plus élevé. Comment les saboteurs auraient-ils procédé ? « Il est impossible de le savoir à ce stade mais il n’est en tout cas pas nécessaire de saboter directement le tuyau au fond de la mer pour provoquer des fuites de gaz, explique Thierry Bros, professeur à Sciences Po. On peut obtenir ce résultat en faisant varier brutalement la pression à la hausse ou à la baisse à l’entrée du gazoduc, en Russie ».
Quel serait l’intérêt pour Moscou ? « Pour Vladimir Poutine, cela pourrait être un moyen de montrer aux Européens qu’il dispose d’une arme de plus dans sa panoplie », poursuit l’expert. A plus long terme, bien sûr, une telle action risque de mettre fin pour toujours à tout espoir de reprise des flux gaziers entre la Russie et l’Europe, en particulier via Nord Stream 1. Mais le maître du Kremlin semble de toute façon avoir tiré un trait sur cette source de revenus.
Les prix bondissent
Hasard du calendrier ? Ce mardi était inauguré le Baltic Pipe, un gazoduc qui approvisionne la Pologne en gaz depuis la Norvège, en passant par le Danemark. Varsovie a largement financé cette infrastructure, un projet conçu il y a près de vingt ans pour affranchir la Pologne du gaz russe.
Les marchés ont réagi avec nervosité face à ces mystérieux accidents. Le contrat gazier européen pour le mois prochain a bondi de 12 % en séance mardi, à plus de 195 euros le mégawattheure.
Les cours restent toutefois très inférieurs à leur pic de 346 euros atteint fin août lors de la mise à l’arrêt de Nord Stream 1. « Les prix augmentent parce qu’il est probable qu’il s’agit d’un sabotage, bien qu’identifier le saboteur et ses motivations reste hautement spéculatif », commente James Huckstepp, analyste chez S & P Global.
Avec lesEchos.fr
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