Longtemps jugés irréalisables, deux mégaprojets en partance du Nigeria se présentent comme la meilleure alternative au gaz russe pour l’Europe. Décryptage en infographies.
L’un est porté par le Maroc, l’autre par l’Algérie. Chacun partira du Nigeria, partie prenante des deux projets, pour rejoindre l’Europe : le Nigeria Morocco Gas Pipeline (NMGP) via la côte ouest-africaine, le Nigeria-Niger-Algérie (Nigal) – ou « Transsaharien » (TSGP) – par le Sahel. Stratégiques sur le plan économique dans un contexte de redistribution des cartes sur le marché de l’énergie – et du gaz en particulier –, ces deux projets concurrents alimentent aussi la compétition entre Rabat et Alger.
Complexes, immenses, très coûteux… Ils ont longtemps été jugés irréalisables, mais pourraient bien bénéficier de la crise énergétique qu’a provoquée l’invasion russe de l’Ukraine. Le Maroc, l’Algérie et le Nigeria se sont, en tout cas, empressés de se positionner comme représentant la meilleure alternative pour approvisionner l’Europe en gaz, au moment où cette dernière vient de renoncer à son principal fournisseur, la Russie.
Des promesses d’investissements à la traîne
Depuis la décision européenne, les annonces se succèdent. Le 15 septembre, l’Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (Onhym), la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC, compagnie nationale nigériane) et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont signé un protocole d’accord pour le NMGP. Cette signature intervient trois mois après le feu vert d’Abuja, au mois de juin. Le 28 juillet, c’est l’Algérie, le Nigeria et le Niger qui signaient un mémorandum d’entente et de concrétisation, après un premier accord en février.
À Rabat, la présidente de l’Onhym, Amina Benkhadra, évoque des contacts avec les Européens. À Abuja, le ministre du Pétrole, Timipre Sylva, affirme que les Russes sont intéressés. Le 18 juillet, l’ambassadeur nigérian à Moscou, Abdullahi Shehu, va même jusqu’à annoncer que la société russe United Metallurgical Company est déjà associée au financement du projet, ce que l’entreprise dément dans la foulée. Pourtant, hormis les 45 millions de dollars proposés par la Banque islamique de développement et les 13 millions par le Fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour le développement international (Fodi) afin de financer une partie de l’étude d’ingénierie préliminaire (Feed, phase II) à la faveur du gazoduc Nigeria-Maroc, les promesses d’investissements se font attendre…
Ces gazoducs peuvent-ils réellement se substituer à la demande russe ? Lequel des deux a le plus de chance de sortir de terre ? Qui aurait intérêt à les financer ? Décryptage en infographies.
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Maroc-Algérie : la bataille décisive des gazoducs est lancée
L’Europe cherchant à diversifier ses sources d’approvisionnement, deux projets de gazoducs concurrents refont surface. Lequel du projet transsaharien porté par l’Algérie ou du gazoduc offshore défendu par le Maroc est le mieux placé ?
Par Stéphanie Wenger
Le gisement d’Hassi Messaoud, situé dans le bassin de Berkine, est exploité par la Sonatrach. C’est le plus grand gisement de pétrole en Algérie et de tout le continent africain. © J-F ROLLINGER/Only France via AFP
Dans le désert ou le long des côtes ouest-africaines? Algérie ou Maroc ? 2030 ou plus tard ? Lequel des projets de gazoducs « transafricain » livrera l’Europe en premier ? Si les découvertes de ces dernières années offrent un potentiel important, le raccordement des gisements et l’acheminement vers l’Europe est limité. Depuis quelques mois les ambitions autour de ces deux méga-chantiers sont relancés.
Pour l’instant des solutions immédiates ont été trouvées, avec l’augmentation des livraisons de pays producteurs et raccordés comme l’Algérie. Mais à plus long terme et en vue d’une diversification pérenne et plus large, les projets des deux gazoducs concurents refont surface.
En juillet dernier, à Alger, le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, et ses homologues du Nigeria et du Niger ont signé un protocole d’accord pour la formalisation du projet de gazoduc transsaharien (le TSGP)
Avec cette réunion, sur fond de crise énergétique, le ministre algérien a dit espérer « envoyer un signal fort à l’international, sur le lancement de la réalisation du projet » pour permettre « aux sponsors d’entamer une prospection de partenaires pour le financement et la réalisation. » Le « Transsaharien gas pipeline » ou Nigal , évoqué depuis les années 1980, doit permettre d’acheminer 30 milliards de m³ de GNL depuis le Nigeria et le Niger jusqu’en Algérie.
Plus récemment, un projet concurrent a émergé le long des côtes ouest-africaines, mené cette fois par le Maroc et le Nigeria (voir carte). Le Nigeria Morocco Gas Pipeline (NMPG) vise à prolonger le West African Gas Pipeline jusqu’au Maroc (WapCo). Ce gazoduc en service depuis dix ans livre le gaz du Nigeria, au Bénin, au Togo et au Ghana. L’américain Chevron détient 36,9 % du WapCo.
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