(Agence Ecofin) – La migration des Africains vers l’Occident fait régulièrement la une des médias mainstream et a pris une place importante dans les débats publics de plusieurs pays. Pourtant, 85% de la migration africaine est régulière.
Les médias, qu’ils soient africains ou occidentaux, participent à la création d’un récit biaisé sur la migration. Par exemple, ces dernières heures, de nombreux médias ont repris le communiqué de la garde nationale tunisienne annonçant la mise en échec de 26 tentatives de migration irrégulière dans la nuit du 10 au 11 septembre.
Ces articles s’ajoutent aux nombreuses publications ayant attiré l’attention du monde sur la migration irrégulière africaine vers l’occident. Même la conférence régionale sur les médias et la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre, organisée au Niger du 6 au 8 septembre, a retenu comme principale conclusion la promotion de la migration régulière.
Pourtant, comme l’avait mentionné, en 2020, la première édition du rapport sur la migration africaine de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les migrations africaines sont essentiellement régulières.
« Selon des statistiques récentes sur la migration irrégulière, celle-ci ne représente que 15 % de l’ensemble de la migration africaine. Or, c’est cette migration qui domine les discussions politiques sur la migration africaine plutôt que les 85 % de personnes qui font activement du commerce transfrontalier au quotidien », avait souligné l’étude.
Visiblement, les problèmes évoqués par ce rapport persistent, notamment au niveau des médias qui persistent dans leurs biais sur la question en fonction de leur position géographique et du manque de données fiables et actualisées sur la migration. Le problème participe à la mauvaise perception de l’Afrique à l’international où certains hommes politiques instrumentalisent la peur d’un grand déplacement de populations africaines.
La situation pourrait s’améliorer si les médias collectaient plus de données et fournissaient une information plus nuancée sur une question beaucoup plus complexe que le récit médiatique sur le sujet, presque monomaniaque, ne laisse croire.
Servan Ahougnon
Commentaires Facebook