Cela fait 3 ans cette année, que l’on n’ouvre pas l’examen d’accès au Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (C.A.P.A) en Côte d’Ivoire.
Depuis la dernière session qui s’est tenue en 2019, les candidats à l’examen d’entrée au Barreau attendent toujours la réouverture de ce prestigieux examen.
Aux termes de l’article 12 du règlement d’exécution n 001/2019/COM/UEMOA relatif au certificat d’aptitude à la profession d’avocat dans l’Espace UEMOA : « L’examen du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat est organisé chaque année en session unique sous l’égide du Barreau national par une délibération du Conseil de l’Ordre à une période déterminée par la Conférence des Barreaux. Toutefois en cas de difficultés pour le Barreau national d’organiser l’examen du CAPA à la période fixée, celui-ci peut être différé sur délibération du Conseil de l’Ordre. Cette délibération est portée à la connaissance du public. » précise ledit règlement.
Malheureusement, l’examen du Barreau n’a plus été organisé depuis 2019 sans que « le public », n’ait connaissance de manière officielle des raisons qui expliqueraient pourquoi le Barreau national n’organise pas l’examen d’accès à la profession d’avocat.
Si la majorité des aspirants au CAPA font confiance à l’ordre des avocats de Côte d’Ivoire, et aux bruits de couloirs qui font état de réels difficultés à organiser l’examen, certains au contraire accusent le bâtonnier de rechercher dans cet état de fait l’intérêt des quelques 550 à 600 avocats que compte le Barreau de Côte d’Ivoire pour 27 millions d’habitants, en retardant au maximum l’arrivée de nouveaux concurrents.
Quand on sait que la densité actuelle des avocats est un avocat pour 50.909 habitants, il y a vraiment de quoi à se poser des questions.
L’un des plus bas ratios de l’espace UEMOA. Le Sénégal par exemple compte environ 500 avocats pour une population de 17 millions d’habitants. Ce qui donne un ratio de un avocat pour 34 000 habitants.
Pour fuir ce que d’aucuns qualifient de « méchanceté gratuite », les juristes qui ne jurent que par « l’avocature » n’ont d’autre choix que d’émigrer en France où le seul Barreau de Paris concentre près de 30 000 avocats.
Il est indéniable que la profession d’Avocat participe à la bonne administration de la justice et au renforcement de l’État de droit. Par conséquent, le barreau national et le ministère de la Justice gagneraient à trouver les solutions idoines pour mettre un terme à cette irrégularité qui n’a que trop durée et qui n’honore pas la Côte d’Ivoire, tant dans la sous-région qu’à l’international.
L’opacité dans l’application des règles de Droit en Cote-d’Ivoire et la corruption endémique, qui frappent ce corps de métier, ne trouveront solutions que par l’ouverture de cette profession aux centaines de nouveaux postulants. Car, seuls de jeunes nouveaux avocats plus intègres peuvent permettre d’en finir avec les anciennes pratiques de corruption que la vieille garde d’avocats symbolise.
Il y va de l’Etat de droit, véritable nécessité pour une société qui se veut démocratique et transparente.
Hervé Couliblay avec Yao Landry (LeCaféjuridique-CI)
Photo Me Claude Mentenon, Bâtonnier de l’Ordre des avocats au centre
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