A Bin-Houyé des inondations font d’énormes dégâts dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire

Par Saint-Tra Bi in Fraternité Matin

Les populations de ce village rencontrent des difficultés dont elles ne parviennent pas à se défaire.

Les pluies diluviennes qui tombent sur l’ouest de la Côte d’Ivoire ont fait d’énormes dégâts à Souapleu 1 (sous-préfecture de Goulaleu, département de Zouan-Hounien, région du Tonkpi).

Le fleuve Nuon, qui sert de frontière naturelle entre la Côte d’Ivoire et le Liberia, est sorti de son lit, comme c’est souvent le cas. Mais la note est particulièrement salée cette année pour cette localité enclavée, située sur l’axe Bin-Houyé-Toulepleu, à quelque 300 mètres de la frontière ivoiro-libérienne.

C’est la conséquence de la forte pluviométrie enregistrée sur la période, allant du 30 août au 2 septembre, qui a fait sortir le fleuve de son lit.

Situé en hauteur, le village est aujourd’hui cerné par les eaux et totalement isolé, coupé du reste de la Côte d’Ivoire et du Liberia. Le pont de fortune composé de billes de bois qui le reliait au reste du pays, côté ivoirien, s’est effondré (les billes de bois ont été emportées par les eaux) et il est périlleux, ces jours-ci, de se rendre dans cette localité.

En route pour Souapleu 1, ce samedi 3 septembre, afin de s’enquérir de la situation, l’équipe de reportage de Fraternité Matin a fait l’amère expérience de la traversée. L’eau monte jusqu’au niveau de la poitrine.

Des enfants téméraires utilisent des radeaux de fortune pour traverser la longue étendue d’eau. Ce moyen présentant un réel danger, nous décidons de nous rendre au village à bord d’une pirogue, avec l’aide des villageois.

Sur place, l’atmosphère est celle des jours de malheur. Les eaux ont englouti les champs, inondé des campements et fait d’importants dégâts, semant la désolation au sein des populations. En cette période de rentrée scolaire, les productions agricoles, qu’il s’agisse de produits vivriers, de cacao et autres spéculations, ont été emportées par les eaux ; ce qui a pour conséquence d’exposer les populations de la localité à la précarité et à la famine.

Les populations dans le désarroi

Le vieux Gbogbo, un planteur de cacao rencontré dans son champ, déplore cette situation qui cause beaucoup de dommages aux populations vivant essentiellement de l’agriculture. L’eau a envahi la plupart des plantations tout le long de la route menant au fleuve Nuon, à la frontière du Liberia. Partout, c’est la désolation, mais le cas de Souapleu 1 est particulièrement inquiétant.

Le vieux planteur nous montre des cabosses de cacao pourries sur des cacaoyers immergés. ‘’Nous sommes prisonniers de l’eau. Nous ne pouvons aller ni au Liberia ni en Côte d’Ivoire, notre pays. Nous sommes coupés du Liberia voisin et du reste du pays, comme si nous sommes sur une île. Sans le soutien du gouvernement, nos enfants n’iront pas à l’école cette année et la famine aura raison de nous’’, explique, la gorge nouée, le vieil homme. Il fait remarquer que la situation est dramatique pour les vieilles personnes qui n’ont pas la force de nager sur de longues distances, contrairement aux jeunes gens.

La rentrée des classes compromise

Le jeune Glou Mathias du village de Souapleu 1, tout autant désemparé, complète le tableau. Il explique que les pluies diluviennes de la fin du mois d’août ont mis en péril l’existence même du village. Les villageois ont cultivé leurs champs, mais leurs efforts sont mal récompensés. L’eau a emporté les récoltes de cacao et de riz, quand les tubercules de manioc pourrissent dans le sol.

‘’Nous ne savons pas comment nous allons nous en sortir. Nous prions le gouvernement de nous venir en aide en cette période de rentrée scolaire. Pour le moment, nous ne pouvons rien faire, car les plantations sont encore sous les eaux. Et quand nous arrivons à faire la récolte sur les parcelles encore exploitables, nous ne pouvons pas accéder au chef-lieu de sous-préfecture pour écouler notre production, faute de route ‘’, fait savoir Glou Mathias.

Le directeur de l’école primaire publique du village, Kouassi Amani Didier, n’est pas moins préoccupé, à cette veille de la rentrée des classes. ‘’La rentrée est fixée au 12 septembre et nous sommes confrontés à d’énormes difficultés. L’eau a envahi la zone et le village n’est pas accessible. Les enseignants sont en vacances, mais il faut que leur retour se fasse dans de bonnes conditions’’, a-t-il indiqué.

L’école de plus de 500 élèves, fait-il remarquer, ne compte pas de logement pour maître, ni de salles de classe convenables. Les salles de classe sont construites en banco et la toiture est en paille ou en plastique.

Une autre préoccupation : la disponibilité des vivres face à la destruction des récoltes agricoles fait craindre des risques de famine. Le chef d’établissement se demande comment faire pour se nourrir et nourrir les élèves. ‘’La situation est difficile pour les familles. Nous demandons à l’État de nous venir en aide. Nous plaidons pour la construction d’une cantine scolaire qui contribuera à améliorer notre rendement‘’, lance-t-il. Par ailleurs, sur le plan sanitaire, il fait remarquer que le village est situé à 8 km du centre de santé le plus proche, or il est très difficile de sortir de Souapleu 1.

Maladie diarrhéique à craindre, les femmes enceintes à plaindre

Noua Marie-Noëlle, mère de 4 enfants, une cuvette d’eau sur la tête, nous explique que l’unique pompe du village est en panne et que tout le village est contraint de se rendre au marigot pour se ravitailler.

‘’Le marigot est inondé. Nous sommes obligés de boire de l’eau impropre à la consommation, ce qui peut provoquer des maladies diarrhéiques‘’, s’inquiète-t-elle. Avant d’ajouter : ‘’Bien que les producteurs agricoles de Souapleu 1 soient habitués aux inondations, la situation actuelle n’a jamais été vécue depuis mon enfance. Il n’y a aucune possibilité de récolter ».

La plus grande crainte de Noua Marie-Noëlle, ce sont les femmes enceintes. Pour elle, en cas de complication lors de l’accouchement, c’est le drame assuré, étant donné qu’aucune évacuation n’est possible par la route.

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Plaidoyer pour des actions de développement
Souapleu 1 traîne sur le chemin de développement. En dehors de la connexion dudit village au réseau électrique national, les Ivoiriens qui vivent dans cette partie du pays sont convaincus que tout est fait pour les maintenir dans la précarité, là où d’autres villages bénéficient d’infrastructures de base dans divers domaines et se développent rapidement.

D’abord au plan administratif, les habitants de Souapleu 1 se demandent comment l’on a pu détacher leur village de la sous-préfecture et de la commune de Bin-Houyé dont il est distant de 7 Km pour le rattacher à la sous-préfecture de Goulaleu. Ils sont d’autant plus indignés que Souapleu 2, village créé par des fils et filles de Souapleu 1 sur l’axe menant à Bin-Houyé situé à seulement 3 km, est aujourd’hui en plein développement.

Les populations y bénéficient d’infrastructures de base comme l’école, le centre de santé, l’adduction en eau potable, etc. Quand rien ou presque n’a changé pour leurs parents restés à Souapleu 1 sur les rives du fleuve Nuon. Les populations de Souapleu 1 continuent de vivre dans le dénuement total. Souapleu 1 ne dispose pas non plus de centre de santé et le pont qui sépare le village du reste du pays est en mauvais état, rendant difficiles les déplacements.

Pourtant, cette bourgade qui dispose, en plus de ses productions agricoles variées, d’une berge au sable très fin, est un village touristique très fréquenté pendant les temps ensoleillés. Des visiteurs viennent de partout dans la région et au-delà pour savourer les plaisirs de la plage.

Les populations souhaitent bénéficier des actions de développement du Président de la République, Alassane Ouattara. Elles plaident pour le rattachement de Souapleu 1 à la sous-préfecture et à la mairie de Bin-Houyé, afin de leur donner l’opportunité de bénéficier également des différents programmes et projets de développement de l’État.

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Le cri du cœur du chef du village

Le village de Souapleu 1 compte 1044 habitants. ‘’Quand je me réveille chaque matin, je pense aux enfants, aux vieilles personnes, aux femmes enceintes qui n’ont pas à manger, parce que les inondations ont tout emporté. Je pense à l’avenir de nos enfants puisqu’on n’a pas l’argent pour les inscrire à l’école’’, confie le chef du village Bohi Mabéa Prosper, entouré de ses notables.

Il dit ne pas comprendre l’absence de l’administration à leurs côtés malgré le malheur qui les frappe depuis des jours. Il appelle le Président de la République Alassane Ouattara au secours en vue de sauver les habitants de Souapleu 1.

‘’Nous demandons au Président de la République et au gouvernement de venir à notre secours. Le Président a électrifié notre village, mais nous souhaitons la construction d’un nouveau pont à l’entrée du village, la réhabilitation de l’axe Souapleu 1-Souapleu 2, la construction d’une école et d’un centre de santé. De ma vie d’agriculteur, je n’ai jamais vu ça. Mais nous faisons confiance au Président Ouattara qui n’a jamais laissé tomber ses concitoyens afin de sortir notre village de l’ornière’’, dit le chef, âgé de 84 ans.

Par Saint-Tra Bi

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