L’affaire Kamano envenima pendant deux ans les relations entre la Côte-d’Ivoire et la Guinée.
De quoi s’agit-il ?
En 1965 marié à une Guinéenne, alors qu’il est parti rendre visite à sa belle famille en Guinée Conakry, Kamano Kata est mis aux arrêts par Sekou Touré.
Né en 1925 à Tolou, à Tabou, et décédé à Paris le 12 janvier 1986 , feu François Kamano Kata sera le premier Directeur Général de la Caisse Ivoirienne de la Compensation et de Prestations Familiales ( actuelle CNPS).
Ce proche de Félix Houphouet Boigny natif de San-pedro ancien président de l’ASEC est condamné à deux ans de prison (1965-1967) par le tribunal de Sekou Touré pour tentative de renversement du régime par son assassinat.
Le président Félix Houphouet Boigny , Sekou Touré deux visions opposées de la gestion étatique aux lendemains des indépendances .
Le président Guinéen traitait le président Houphouet de suppôt de l’administration française. Que de diatribes , que de brûlots prononcés par le tribun Sekou Touré contre Houphouet Boigny.
Houphouet Boigny n’en a cure et en partenariat avec la métropole dotait son pays des plus grandes infrastructures .
Des petits incidents survenaient de temps à autre entre eux
Par l’arrestation de ce proche de son rivale Houphouet , Sekou Touré tout fier se gargarisait sur les ondes des radios d’avoir réussi à déjouer l’un des plus grands complots fomentés contre son régime par l’ancienne colonie aidée par le régime d’Abidjan.
Houphouet Boigny en colère contre cette arrestation fait intervenir toute la diplomatie mondiale sans succès. L’OUA, l’ONU tous échouèrent à faire entendre raison à Sekou Touré.
Pis, en plus de Kamano , un chalutier ivoirien en dérive dans les eaux Guinéennes est pris en otage par Conakry avec tout son équipage pour cause aussi de complot contre Sekou Touré.
Deux grosses prises par la Guinée qui fait la sourde oreille par les protestations véhémentes d’Abidjan.
Dépité Houphouet Boigny pendant deux ans dort du sommeil du caïman. La vengeance un plat qui se consomme froid.
Le vieux décide de réagir en montant une opération kamikaze digne d’un film d’espionnage.
Le 26 juin 1967, Lansana Béavogui, Ministre guinéen des affaires étrangères et Marof Achkar, Ambassadeur guinéen auprès de l’ONU, sont arrêtés et pris en otage à Abidjan par les autorités ivoiriennes lorsque leur avion, de la compagnie hollandaise KLM, y fait une escale forcée alors qu’ils reviennent d’une session extraordinaire d’urgence de l’assemblée générale des Nations Unies.
Le ministre Mathieu Ekra l’annonce officiellement sur les ondes ivoiriennes le 30 juin 1967 en réponse à « la détention inhumaine » au camp Boiro de l’ivoirien Kamano Kata.
Sekou Touré pique une colère accuse l’ONU et les pays Bas (pays d’immatriculation de KLM) d’avoir dérouté l’avion dans un complot fomenté avec Abidjan.
Une autre diplomatie se remet en place auprès du vieux pour libérer les officiels Guinéens que nenni !
Le vieux leur oppose une fin de non recevoir. Sekou Touré n’a d’autre choix que de libérer Et Kamano et le chalutier avec son équipage.
Il met Kamano dans un avion en direction de Dakar qui rejoind ensuite Abidjan.
Ce rappel de l’histoire de notre pays devra donner des pistes de réflexion à tous .
L’histoire se répète . Nous allons à un bras de fer plus ou moins long dont l’issue se profile comme une évidence pour qui connaît les réalités de nos deux pays .
Le seul paramètre incontrôlable est la réaction des uns et des autres en Côte d’Ivoire.
Surtout ne pas tomber dans le piège de la violence
Calmer les colères à cause du sang mêlé.
Cet incident entrera aussi dans l’histoire comme l’affaire Kamano et la Côte d’Ivoire poursuivra tranquillement son développement.
Par Mahoua S. Bakayoko (écrivaine)
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