Depuis août 2020, trois prises de pouvoir anti-constitutionnelles ont été enregistrées en Afrique de l’Ouest, respectivement au Mali, en Guinée Conakry, et au Burkina Faso, tandis qu’au Niger et en Guinée Bissau, des tentatives de putsch ont été matées avec succès.
Si l’ on’ y prend garde, la contagion peut dans un premier temps concerner l’Afrique de l’Ouest, puis gagner dans toute l’Afrique par la suite. Il y aura toujours des crises dans nos pays, comme dans tous les pays de la planète.
Faut-il pour autant avoir recours aux putsch pour les dénouer ? Faut-il faire des putsch les instruments privilégiés de résolution des crises internes à nos pays ? Toute la question est là.
C’est connu, un putsch n’apporte ni la démocratie, ni le développement. Dans les pays concernés, le retour des civils au pouvoir est loin d’être acquis. Nous sommes face à des régimes qui peuvent s’éterniser d’une manière ou d’une autre. Les observateurs notent que les militaires ne montrent aucun signe de leur volonté de s’en aller un jour du pouvoir. D’où l’urgence de mettre en place des mécanismes contraignants qui vont dissuader à l’avenir les prises de pouvoir par la force. L’ Union Africaine dispose déjà d’un protocole sur la question depuis l’année 2000. Ainsi tout pays qui enregistre un putsch est automatiquement suspendu de ses instances jusqu’au rétablissement d’un régime issu d’élections. En Afrique de l’Ouest , la CEDEAO et l’UEMOA ont adopté une démarche similaire.
Mais cela n’a pas empêché les putsch de ces deux dernières années. Pour autant cela ne signifie pas qu’il faille abandonner cette approche, mais plutôt la renforcer par des mesures plus contraignantes, des sanctions qui se déclenchent automatiquement. Ainsi les pays frontaliers d’un pays où s’est déroulé une prise de pouvoir par la » force « , doivent fermer automatiquement leurs frontières avec celui-ci, et suspendre toutes les liaisons aériennes avec ce pays. Les organismes économiques continentaux ou sous-régionaux ( BAD, BOAD, etc….) doivent aussi suspendre les relations avec ce pays. L’objectif est de l’isoler afin que ceux qui ont pris le pouvoir » par les armes » ne puissent pas gouverner » sereinement « . Ces mesures doivent rester en place jusqu’au rétablissement de la légalité.
Dans le cadre de l’UEMOA, il y a une mesure « choc » qui peut contraindre les putschistes à rendre rapidement le pouvoir. C’est l’implication de la banque centrale dans le train de sanctions. Elle doit cesser tout concours à l’Etat et aux banques commerciales du pays concerné. Concrètement tout transfert de liquidités vers ce pays devra être suspendu jusqu’au rétablissement d’un pouvoir issu d’élections reconnues. Privés de liquidités pour payer les fonctionnaires, ou pour faire tourner l’économie, les militaires au pouvoir seront incapables de gouverner. Cette sanction sera véritablement « l’arme fatale » contre les prises de pouvoir anti-constitutionnelles dans les pays de l’UEMOA.
Toutes ces mesures (fermeture des frontières, suspension des liaisons aériennes, suspension des concours de la banque centrale etc…… ) il faut le répéter, ne doivent pas être prises au cours d’un sommet extraordinaire, mais être contenues dans un protocole additionnel au traité de cette organisation, et donc entrer automatiquement en vigueur dès qu’un putsch est constaté dans un pays. C’est seulement ainsi qu’elles vont dissuader de futurs putsch. Bien sûr ce sont les populations qui en souffriront. Mais peut-on faire autrement si on veut enrayer la spirale des prises de pouvoir par la force dans notre sous-région ?
Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com
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