Dans tous les pays du monde, l’emploi est la finalité, l’objectif même de toutes les politiques économiques mises en œuvre par les gouvernements. La réduction de la pauvreté ne peut vraiment être atteinte que par la création d’emploi. Tout pays avec un fort taux de chômage sera toujours instable, parce que le chômage est un facteur d’appauvrissement de la population. Tout chômeur est plus ou moins à la charge d’un actif sur lequel il fait peser des dépenses. Lorsqu’un ménage passe de dix à six membres, parce que les quatre autres ont trouvé du travail, pour le chef de ce ménage, le coût de la vie baisse automatiquement. Ainsi l’emploi a une incidence directe sur le coût de la vie, et donc est un facteur clé de la stabilité sociale, et par extension de la stabilité politique d’un pays.
Si dans la lutte contre la vie chère, il faut se préoccuper des prix, il faut aussi garder un œil sur l’emploi. Or dans le secteur du mobile money, un drame est en cours. La venue de l’opérateur Wave, saluée par la population, a eu un effet collatéral. Les frais de 1% appliqué par cet opérateur, et sur lequel se sont alignés ses concurrents, ne créent pas une marge suffisante pour le maintien des emplois au niveau des petites échoppes de transfert d’argent. Ainsi dans les deux premiers mois qui ont suivi la généralisation des frais de 1%, quelques 22 000 petites échoppes ont fermé dans la zone d’Abidjan, selon les données du syndicat de la corporation , le SYNAMCI.
Il y a quelque temps, l’opérateur Wave a annoncé la suppression des frais sur les transactions inférieures ou égales à 20 000 FCFA. Evidemment les trois autres opérateurs se sont alignés sur cette tarification. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une seconde vague de destruction des emplois est actuellement en cours au niveau des petites échoppes. A terme, c’est l’existence même des points de vente de mobile money qui est en cause si cette guerre des tarifs se poursuit. Mais pas seulement, cette baisse peut amener certains opérateurs à se retirer du mobile money tout simplement, du fait de sa désormais faible rentabilité. Il y a donc un risque qui pèse sur l’économie ivoirienne.
En prenant en compte ce risque, en prenant également en compte la disparition progressive des échoppes de transfert d’argent, le chômage qui en résulte et son impact sur le budget des familles, la baisse des tarifs profite-t-elle réellement à la population ? L’économie ivoirienne sort-elle gagnante de cette guerre des tarifs entretenue par l’opérateur Wave ? autrefois florissant et grand pourvoyeur d’emplois pour la jeunesse, le secteur du mobile money est totalement sinistré aujourd’hui.
Wave est une application, elle a une « infrastructure dématérialisée ». Les coûts d’exploitation ne sont donc pas les mêmes qu’avec ses concurrents. C’est fondamentalement ce qui explique sa capacité à « casser les prix », et entraîner les autres à sa suite. N’est-il pas temps pour le gouvernement d’intervenir au nom de la protection des emplois dans le secteur ? Ne faut-il pas définir des « frais planchers », afin de garantir une marge de sécurité pour les petites échoppes de transfert d’argent ? C’est une piste de solution à creuser.
Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com
Commentaires Facebook