Des amis m’ayant posé la question, ma fibre d’éducateur s’est vue immédiatement titillée, et je me suis dit « pourquoi ne pas apporter un peu de contexte et d’éclairage à la descente du FBI dans la résidence privée du Président Donald Trump ? » Pourquoi pas ?
Le samedi 6 août 2022, à la Conservative Political Action Conference, tenue au Texas, l’ancien président Donald Trump remporte largement un sondage d’opinion auprès des participants à qui l’on demandait qui ils choisiraient comme candidat républicain à la présidence en 2024. 64% des participants voient en Trump le candidat idéal pour 2024. Aux dernières primaires du parti républicain, 97% des candidats soutenus par Trump remportent leurs élections.
Indubitablement, après 5 ans de fausses accusations de collusion avec la Russie portées contre Trump, après 2 ans d’investigations d’un coût de 32 millions de dollars par le conseiller spécial Robert Muller conclues par un rapport de plus de 400 pages qui brossent un tableau très peu flatteur du Président Trump, en dépit du tapage médiatique mené par le très partisan Comité d’investigation de l’attaque du Capitole des États-Unis, l’ex-président demeure le préféré du parti républicain et, de ce fait, l’adversaire le plus redoutable qui affrontera le candidat démocrate aux élections présidentielles de 2024 : un coup de massue pour les démocrates qui avaient espéré que toutes les estocades judiciaires portées à Trump l’affaibliraient à jamais et l’élimineraient de la course de 2024.
Le 8 août 2022, exactement 2 jours après la conférence du Texas qui a confirmé le leadership de Trump dans le parti républicain, le FBI fait une descente remarquable à la résidence floridienne de Mar-a-Lago de Trump, en quête de documents qu’il aurait illégalement emportés avec lui au moment où il quittait la Maison Blanche.
Cette première dans l’histoire des Etats-Unis, la perquisition du domicile d’un ancien président, envoya une onde de choc dans tout le pays. Pendant que les Républicains s’en offusquaient et clamaient haut que cette pratique était digne d’une république bananière, les démocrates s’en exaltaient et y voyaient un cadeau de Noël inattendu.
L’incursion du FBI au domicile floridien de Trump résulta en la saisie de documents, dont certains étaient étiquetés « top secret ».
Néanmoins, il convient de noter que cet étiquetage, qui place ces documents dans une catégorie spéciale destinée à protéger les secrets les plus importants de la nation, est historique. Par historique, j’entends dire que cet étiquetage a précédé le départ de Trump de la Maison Blanche. Si ces documents étaient « top secret » au moment où l’on les étiquetait comme tel, rien ne dit qu’ils l’étaient toujours au moment de l’incursion du FBI. En fait, tout laisserait à croire qu’ils ne l’étaient plus ; et je m’explique :
D’abord, Trump lui-même a déclaré, au vu des agitations des spéculateurs en sensations bon marché, que tous les documents en sa demeure étaient déclassifiés. Et il y a plus de raisons d’y croire que de raisons de ne pas y croire. Les présidents américains, du fait de leur statut, possèdent un pouvoir inhérent de déclassification. Il n’existe aucune procédure systématique pour la déclassification présidentielle, aucune cérémonie, aucun rituel établi. Un président en exercice peut déclassifier un document classifié du simple fait de le sortir de la Maison Blanche, du simple fait de le faire lire par une personne qui ne devrait pas en avoir accès, ou du simple fait de dire « aujourd’hui, je déclassifie tel ou tel document ».
D’ailleurs, d’anciens membres du Conseil de sécurité de Trump affirment que Trump, un accroc du travail, qui même en vacances travaillait souvent dans ses résidences privées de New York et de Floride, avait pour consigne que tout document qu’il sortait de la Maison Blanche à cet effet, était, de facto déclassifié. Il y a donc fort à parier que les documents étiquetés « top secret » au moment où l’on les étiquetait, n’étaient plus « top secret » au moment où l’ancien président américain les sortait de la Maison Blanche. D’ailleurs, il est curieux que le FBI, qui, à la suite de négociations antérieures avec les avocats de Trump, avait reçu à Mar-a-Lago 15 cartons de documents le 18 février 2022 et y avait décelé des documents mettant prétendument en danger la sécurité de l’Etat, n’ait pris des mesures si draconiennes pour intervenir que 6 mois plus tard, c’est-à-dire, le 8 août 2022.
Le timing du FBI soulève plus de questions qu’il ne donne de réponses. Est-ce une opération diligentée par un ministre de la justice partisan pour empêcher un candidat redoutable de se présenter aux prochaines élections ? Cet homme-là même qui lui refusa la chance d’être un juge de la Cour suprême, et qui, le 9 juillet 2018, nomma plutôt le Juge Brett Kavanaugh à la place qui aurait pu être la sienne ?
C’est, entre autres hypothèses, ce qu’avancent les partisans de Trump, qui y voient une pratique digne des républiques bananières, où des dictateurs dissimulés derrière des lunettes solaires noires gomment à leur guise les constitutions et font et défont la loi comme bon leur semble pour recaler leurs opposants et s’éterniser au pouvoir.
Martial Frindéthié
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