Le PPA-CI considère que la « grâce » est contraire à l’amnistie recommandée par le « dialogue politique » pour la crise de 2011

Déclaration du PPA-CI suite au discours à la Nation du président de la République

Abidjan, le mardi 9 août 2022

Le Président de la République, Alassane Ouattara, a fait la traditionnelle adresse à la Nation à l’occasion du 62ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance.

La journée commémorative de l’indépendance de notre pays s’est tenue dans un contexte marqué par un environnement de décrispation politique à laquelle le PPA-CI, sous l’impulsion de son Président, a pris une part active.

Pour mémoire, il convient de rappeler que depuis son retour au pays, son Excellence le Président Laurent GBAGBO a fait taire tous les manipulateurs d’opinion qui agitaient son retour comme le fait qui précipiterait la Côte d’Ivoire dans le chaos. Il a, à cet effet, posé des actes qui s’inscrivent résolument dans la réconciliation et, ce, conformément à la philosophie qui sous-tend sa vision politique. Ainsi, après avoir rendu visite au Président Henri Konan BEDIÉ, le 09 juillet 2021, il s’est rendu au palais présidentiel pour saluer le Président de la République le 21 juillet 2021. Ensuite, il a instruit son parti, le PPA-CI, de participer, sans conditions ni préalables, au dialogue politique initié par le Gouvernement. Le 14 juillet 2022, il a participé à la rencontre organisée entre le Président de la République et ses deux prédécesseurs au palais présidentiel conformément aux résolutions du dialogue politique. A chacune de ces occasions, le Président Laurent GBAGBO a toujours insisté sur la nécessité de libérer les prisonniers civils et militaires. Pour ces derniers, il relève avec pertinence, qu’en tant que Chef suprême des armées, son acquittement à la CPI démontre à suffisance que les officiers n’avaient pas exécuté d’ordre illégal au moment où il dirigeait la Côte d’Ivoire.

Le contexte de décrispation ainsi créé autorisait nos compatriotes à espérer la prise de décisions fortes par le Chef de l’Etat pour impulser la dynamique de la réconciliation telle que recommandée par la cinquième phase du dialogue politique tenue du 21 décembre 2021 au 04 mars 2022 à la Primature. En effet, cette phase du dialogue politique avait recommandé, parmi les mesures d’apaisement, la prise d’une loi d’amnistie pour régler les problèmes liés aux situations suivantes :

1. La condamnation du Président Laurent GBAGBO, de surcroît à son absence, suite à des poursuites n’ayant pas tenu compte de son statut d’ancien Président de la République conformément à la loi 2005-201 du 16 juin 2005 portant Statut d’ancien Président de la République, d’ancien Chef ou Président d’Institution nationale et d’ancien membre du Gouvernement. C’est le lieu de rappeler que cette condamnation à 20 ans de prison pour un supposé braquage de la BCEAO ne repose sur aucun fait réel. En effet, ni le rapport annuel 2011 de la BCEAO, ni le communiqué de presse de la réunion ordinaire du Conseil des Ministres de l’UEMOA, tenu le vendredi 16 décembre 2011 à Niamey-Niger, n’évoquent un quelconque préjudice subi. La BCEAO, pour sa part, n’a jamais porté plainte pour braquage et ne s’est pas constituée partie civile dans le procès qui a conduit à la condamnation du Président Laurent GBAGBO. La référence à ces faits non avérés porte atteinte à l’image de la Côte d’Ivoire, à celle de la fonction présidentielle et à l’honorabilité du Président Laurent GBAGBO notoirement connu pour son intégrité morale.

2. La prise en compte des personnes exclues du champ d’application de l’ordonnance d’amnistie du 06 Août 2018, notamment le Président Laurent GBAGBO et le Ministre Charles Blé Goudé, alors en procès devant la CPI, et les militaires. L’exclusion du Président Laurent GBAGBO et du Ministre Charles Blé Goudé du bénéfice de l’ordonnance d’amnistie du 6 Août 2018 était, aux termes de ladite ordonnance, liée aux poursuites dont il était l’objet devant la CPI. Ces poursuites ayant cessé suite à leur acquittement, ils devraient tomber automatiquement dans le champ d’application de cette ordonnance d’amnistie.

Pour toutes ces raisons, le dialogue politique a préféré l’option de l’amnistie, qui a vocation à effacer les faits, plutôt que la grâce qui laisse subsister ceux-ci.

En cela, l’annonce, le 6 août 2022, de la grâce présidentielle accordée au Président Laurent GBAGBO, ne répond pas aux attentes légitimes de nos compatriotes. En effet, si le Président Laurent GBAGBO s’est investi autant dans le renforcement de la cohésion nationale, c’est parce qu’il estime qu’il est temps de fermer la parenthèse de la crise post-électorale de 2011 en suivant la voie que la CPI a clairement indiquée au pouvoir ivoirien.

Le PPA-CI se félicite de la Libération du Contre-Amiral Vagbao Faussignaux et du commandant Jean-Noël Abehi, du dégel des avoirs du président Laurent Gbagbo et du rappel de sa rente viagère.

Cependant, le PPA-CI :

1. demande l’application des recommandations du dialogue politique, notamment la libération de tous les prisonniers civils et militaires, l’arrêt des poursuites contre les responsables politiques de l’opposition, la prise d’une loi d’amnistie en lieu et place de la grâce présidentielle, le retour sécurisé des exilés, la réforme de la CEI ainsi que tout le cadre légal institutionnel des élections.

2. encourage le Président de la République à œuvrer pour une paix durable en fermant définitivement les séquelles de la crise post-électorale afin de projeter la Nation dans une nouvelle dynamique de cohésion sociale.

3. se dispose à toujours agir pour la recherche d’une réconciliation vraie et sincère sans calculs politiciens.

Le ministre Justin Koné Katinan Koné
Porte-parole

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