Le gaz russe, une arme stratégique dans la guerre hybride de Vladimir Poutine
Par Isabelle Lasserre
ANALYSE – En quelques semaines, le président russe a réussi à renverser le rapport de force sur la question du gaz face aux Européens, en plein conflit avec l’Ukraine.
Après dix jours de coupure, la réouverture du gazoduc Nord Stream 1, jeudi 21 juillet, n’est qu’un répit pour les Européens. Ils doivent désormais vivre avec une épée de Damoclès, qui peut s’abattre sur eux à tout moment, y compris au cœur de l’hiver prochain.
La guerre de Vladimir Poutine en Ukraine est une guerre hybride, qui utilise toutes les armes dont dispose le Kremlin. Le blocus sur les exportations de céréales qui fait peser le risque d’une crise alimentaire mondiale a inquiété toutes les grandes capitales depuis le printemps.
Mais l’arme du gaz, qui vise directement l’Union européenne parce qu’elle a pris des sanctions économiques contre la Russie, est encore plus efficace.
Les restrictions, les coupures et les menaces, comme les injonctions, pour les pays jugés «inamicaux», de payer le gaz en roubles, ont des visées politiques à court et à moyen terme: elles dressent les populations contre leurs gouvernements, elles encouragent les mouvements sociaux du type «gilets jaunes», elles…
L’effet limité des sanctions occidentales sur l’économie russe
Malgré la guerre en Ukraine, la Russie devrait voir son économie plonger un peu moins qu’attendu en 2022, selon le Fonds monétaire international. La Russie devrait Etre moins pénalisée par les sanctions internationales que ce qui était attendu.
Source AFP Publié le 26/07/2022 à 15h49
Si l’économie mondiale est prise dans une spirale inflationniste, la Russie devrait, cette année, être moins pénalisée par les sanctions internationales que ce qui était attendu, a souligné, mardi 26 juillet, le FMI. De surcroît, les pays européens, en revanche, souffrent plus des sanctions que prévu. La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Russie devrait se contracter de 6,0 % en 2022, anticipe le Fonds monétaire international, soit bien moins que le plongeon de 8,5 % sur lequel il tablait lors de ses précédentes prévisions, publiées en avril.
Un effet des sanctions visible en 2023
« L’économie russe devrait s’être contractée moins que prévu au deuxième trimestre, les exportations de pétrole brut et de produits non énergétiques se maintenant mieux qu’attendu », détaille l’institution dans son rapport. « De plus, la demande intérieure fait également preuve d’une certaine résilience grâce à la maîtrise de l’effet des sanctions sur le secteur financier intérieur et à un affaiblissement du marché du travail plus faible que prévu », ajoute le Fonds.
Les pays occidentaux ont, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février, pris à l’encontre de la Russie une salve de sanctions destinées à l’étrangler financièrement et économiquement. Leurs effets devraient en revanche se faire sentir plus que prévu en 2023, année pour laquelle le FMI anticipe une récession de l’économie russe de 3,5 %, soit 1,2 point de moins que ses prévisions précédentes.
En revanche, « les effets de la guerre sur les principales économies européennes ont été plus négatifs que prévu », précise le FMI. Les prévisions de croissance économique pour 2022 ont en effet été abaissées pour l’Allemagne (- 0,9 point à 1,2 %), la France (- 0,6 point à 2,3 %) ou encore l’Espagne (- 0,8 point à 4,0 %).
Ces conséquences plus fortes sont dues à « la hausse des prix de l’énergie ainsi qu’à la baisse de confiance des consommateurs et au ralentissement de l’activité manufacturière résultant de perturbations persistantes de la chaîne d’approvisionnement et de la hausse des coûts des matières premières », détaille le FMI.
Et une cessation complète des exportations de gaz russe réduirait « nettement » la croissance dans la zone euro en 2022 et 2023. Cela forcerait en effet les pays européens à mettre en place un rationnement de l’énergie, touchant les secteurs industriels majeurs.
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