Même s’il est vrai que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, disons tout de même que toutes les invitations ne sont pas bonnes à honorer. Et ajoutons que toutes les vérités qui sont bonnes méritent d’être dites. Dans la vie, il y a des limites à ne pas franchir comme quand on a un cap à tenir pour ne pas perdre le nord. En disant cela, que ceux qui trouveraient à y redire en parlant d’extrémisme nous excusent par avance. Nous leur disons d’emblée : Pardon, arrêtez pour vous-là.
Après la guerre civile imposée aux populations de Côte d’Ivoire et ses lots de misères, ses ballots de désolations et ses flots de larmes, l’on en est aujourd’hui à se demander où en est ce pays. La réponse pour nous, est bien évidemment simple et claire : La Côte d’Ivoire se cherche dans des décombres d’une guerre stupide. Elle se cherche dans les décombres d’un passé qui se conjugue incontestablement toujours au présent. Et ce n’est pas parce qu’elle se cherche qu’elle doit se vautrer dans tous les fauteuils.
C’est malheureux et même triste à dire. Mais c’est ainsi. Et ayons, chacun, la force, l’honnêteté et le courage de le dire. De façon pernicieuse, la Côte d’Ivoire perd sa souveraineté. Elle perd même son indépendance malgré les attributs qu’elle continue d’afficher aux frontons de ses édifices à savoir un drapeau et autres armoiries et à l’hymne que l’on continue d’exécuter à l’occasion des cérémonies protocolaires. De terre d’espérance, c’est un pays qui devient insidieusement une terre de désespérance.
Aussi malheureux que cela puisse être, c’est un constat qui s’impose. Il s’impose hélas à toutes celles et à tous ceux qui veulent bien faire preuve de réalisme et qui lisent honnêtement la vie quotidienne des ivoiriens.
Elles sont où la souveraineté et l’indépendance de notre pays
Ce constat est implacable au plan politique. L’expression pluraliste née au début des années quatre-vingt-dix nourrissait beaucoup d’espoirs. Aujourd’hui le jeu politique s’illustre par une misère pour le moins pitoyable. L’ouverture politique dont les peuples ivoiriens attendaient avec raison qu’elle contribue à l’apaisement d’un climat devenant lourd et exténuant depuis la proclamation de l’indépendance a vite été fracassé. L’on attendait que ce climat pluraliste conduise le pays à l’indépendance véritable et pleine, à susciter une émulation des énergies naissantes, à enraciner davantage la jeunesse dans le pays et à induire un climat économique tourné vers une meilleure exploitation des ressources locales. Mais ceci s’avère n’être que de la poudre aux yeux. L’on assiste bien au contraire à une débandade générale de la jeunesse. L’insécurité est portée par une croissance à chiffres multiples. Les arrestations fantaisistes, les tortures et les emprisonnements sans jugement sont devenus monnaies courantes. Le pays vit plus que jamais sous la supervision et le contrôle de forces militaires étrangères.
La misère économique au milieu de laquelle une minorité se trémousse dans l’opulence fait que de nombreux jeunes et même d’adultes optent pour la recherche du salut hors du pays en bravant les flots impitoyables des mers battantes de la méditerranée au péril de leur vie.
Cette indépendance qui tourne à la tartufferie
Il faut simplement regarder ce qui se passe aujourd’hui dans ce pays. Le retour au multipartisme qui avait suscité beaucoup d’espoir s’est vite évanoui à coups de kalachnikovs. Le pays a chaviré tel un bateau ivre une nuit de septembre des premières années de la décennie écoulée est aujourd’hui plongé au milieu de flots repus de tartufferies. Nos chefs légitimes sont traînés et ballotés de gauche à droite puis de droite à gauche. Ils sont aujourd’hui – nous dit-on – invités au bal masqué du 7 août prochain. Eh, bon Dieu !
L’idéologie délibérément tronquée et servie aux populations du nord de ce pays dans de scintillantes patènes se trouve n’être qu’un paravent qui crache bien de misérables desseins faits d’égoïsmes et de manichéisme. Les masques tombent. Et nous ne sommes pas encore au début d’en voir la fin. Mais nous gardons espoir.
Le carnaval assassin étale ses secrets et non des moindres. La fièvre remonte des alcôves, immonde, nauséeuse !
Dans ce pays, le jeu politique se trouve aujourd’hui fermé à l’intérieur d’un parti politique. Ce parti fait la pluie et le beau temps. Les barrières entre les populations sont de plus en plus fortes et de plus en plus hautes. Une grande partie de l’élite ivoirienne ne parie plus sur l’avenir, prise qu’elle est par le parti du rattrapage ethnique. Les libertés individuelles et collectives sont confisquées. Une dictature certaine s’est établie. Elle rayonne de triomphalisme éhonté et parade poitrine gonflée dans l’indifférence la plus totale de la communauté dite internationale et dans une certaine passivité de la population résignée. Elle s’affirme dans les actes à chaque lever et coucher du soleil en jouant avec les nerfs du peuple.
La réconciliation vraie passe par la libération des prisonniers politiques
Alors, qu’ils maintiennent prisonniers (politiques) dans des conditions sordides, déshumanisantes des centaines et des centaines d’ivoiriens sans jugement, ils parlent sans sourciller de réconciliation. La population attend des actes forts avec au premier plan la libération totale de tous les prisonniers politiques. Il ne faut pas faire diversion et évitons surtout de cautionner des mascarades sous le couvert de fête d’indépendance.
Ko, Indépendance ! Indépendance ! Indépendance !
Vous avez dit indépendance
Face à cette dérive inhibitrice, la mobilisation intellectuelle et populaire est plus que jamais invitée à sortir du champ étriqué des lamentations si nous ne voulons pas voir notre pays sombrer définitivement et irrémédiablement dans les mains du mondialisme et surtout si nous voulons qu’il trouve simplement et véritablement une place de choix dans un univers de plus en plus mondialisé.
Vous avez dit indépendance !
C’était à dire. Alors, nous avons dit.
©DR KOCK OBHUSU
Economiste – Ingénieur
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