Compte rendu des propos tenus par l’ancien ministre Koné Katinan au cours de la rencontre bi hebdomadaire du PPA-ci avec la presse.
« Mesdames et messieurs les membres de la Direction du Parti ;
Mesdames et messieurs les journalistes ;
Je voudrais, une fois encore, vous remercier au nom de son Excellence le
Président Laurent GBAGBO et l’ensemble de la haute direction du PPA-CI
pour votre présence à ce 4ème rendez-vous de la tribune du PPA-CI. La
présente tribune se tient au lendemain des missions que la direction du
parti a diligentées le week-end dernier à l’effet d’évaluer le travail
d’implantation conduit par le secrétariat général. En effet, les samedi
et dimanches 16 et 17 juillet dernier, plusieurs missions du parti ont
sillonné la Côte d’Ivoire pour s’informer sur l’état d’avancement de la
mission d’implantation du parti. Le Président Exécutif et le Secrétaire
général feront le point de ces missions très prochainement. De façon
générale, notre parti continue sa progression dans la conscience de nos
compatriotes et même des Africains. Ils sont très nombreux, nos
concitoyens qui continuent de croire au Président Laurent GBAGBO. Cela
augure des lendemains meilleurs pour nous, pour notre pays et pour notre
Continent qui a besoin d’un leadership robuste pour lever les défis qui
se dressent sur le chemin de son progrès.
En ce qui concerne la Tribune, les réactions positives que nous recevons
de nos compatriotes témoignent de l’intérêt que ceux-ci portent de plus
en plus à cet espace d’échanges. Nous nous sommes donnés le devoir, au
niveau de notre parti, d’associer les populations ivoiriennes au débat
politique. A cet effet, il nous importe de leur donner la bonne
information sur les questions que nous abordons pendant nos tribunes.
C’est pourquoi, nous mettons du sérieux dans la préparation de chaque
numéro de la tribune. Nous nous référons toujours aux sources
d’informations officielles, ou tout au moins, très crédibles pour
conduire nos recherches documentaires. Pour la présente tribune, trois
sujets sont abordés. Ce sont :
– La cherté de la vie mise en rapport avec les solutions que le
gouvernement propose et qui ont été évoqués par le PM dans une interview
radio-télévisée ;
– La rencontre du Président de la République avec ses deux prédécesseurs
et l’impact de cette rencontre sur la cohésion sociale;
– La diplomatie ivoirienne dans la sous-région illustrée par les cas du
Mali et du Burkina Faso.
Dans une interview consacrée à la cherté de la vie, et retransmise
simultanément sur la chaîne nationale RTI 1, sur la Nouvelle Chaîne
Ivoirienne (NCI) et sur la Radio Côte d’Ivoire, le lundi 11 juillet 2022
à Abidjan, le Premier Ministre, Patrick Achi, a assuré que la question
de la cherté de la vie est au cœur de l’action gouvernementale et que le
Gouvernement fait le maximum pour que la population soit la moins
impactée possible.
Il a dit et je cite : « Le gouvernement suit au quotidien cette cherté de la vie. Nous sommes en permanence en contact avec les populations. La question de la cherté de la vie est au cœur de l’action gouvernementale. Nous comprenons la souffrance de la population et nous ys compatissons. Nous allons tout faire pour contenir cette inflation. »
Pour le Premier Ministre, le renchérissement du coût de la vie est dû
principalement à la survenue de la pandémie de la Covid-19, qui a
entraîné le confinement de la quasi-totalité de la population, et à la
récente guerre russo-ukrainienne qui a occasionné le quasi-doublement du
cours du pétrole à l’international et le triplement du prix de l’engrais.
Le Chef du Gouvernement est revenu sur les mesures prises par l’État,
depuis le début du renchérissement du coût de la vie, pour contenir
l’impact de cette inflation sur la population. Il s’agit d’une
subvention de 400 milliards de FCFA qui a permis, entre autres, de
maintenir le prix du Super à 735 FCFA et celui du Gasoil à 615 FCFA et
d’apporter une subvention aux meuniers, du plafonnement des prix de 21
produits de grande consommation constitués essentiellement de denrées de
première nécessité (huile, sucre, lait, farine boulangère, etc.), de la
soumission à autorisation de l’exportation de certaines denrées
alimentaires produites et consommées localement: l’attiéké, l’igname,
etc.. et de versements de filets sociaux pour soutenir les couches
défavorisées.
D’ici à 2025, a-t-il annoncé, le Gouvernement prévoit la modernisation
de l’agriculture ivoirienne avec un accent particulier sur le vivrier
car les modes de production et de vie ont changé. À ce titre, Patrick
Achi mise sur le développement de neuf agropoles dont celui du Centre
est déjà opérationnel. Il a annoncé le lancement imminent de l’agropole
du Nord. L’objectif d’ici à 2025, selon les axes stratégiques de la
vision 2030 du Président Alassane Ouattara, est d’atteindre la
souveraineté alimentaire, non seulement pour les produits vivriers, mais
aussi pour les marchandises.
Le PPA-CI , qui se préoccupe au plus haut niveau de la problématique de
la chèreté de la vie, a suivi avec attention l’intervention du PM et les
solutions que le gouvernement tentent de trouver à cette problématique.
C’est pourquoi, par la présente, le PPA-CI fait sa propre analyse de la
question et propose ses propres solutions.
La définition économique de « la vie chère » est l’inflation. La
première constitue la manifestation visible de la seconde.
L’inflation se définit comme un accroissement excessif des instruments
de paiement (billets de banque, capitaux, etc..) par rapport aux biens
et services disponibles et qui entraine une hausse des prix et une
dépréciation de la monnaie. Elle se caractérise par la persistence de
l’augmentation de la moyenne des prix, indépendamment des variations
sectorielles, et s’observe sur l’ensemble du spectre économique sur une
periode assez longue de plusieurs trimestres consécutifs. Elle se
traduit par une perte du pouvoir d’achat. La monnaie se déprécie par
rapport à elle-même et c’est en cela que l’inflation se distingue de la
dévaluation qui est une dépréciation de la monnaie par rapport à une
dévise étrangère de référence. En un mot, l’inflation est le
déséquilibre conjonctuel entre le volume des instruments de paiement qui
circulent et les biens et services existants.
Cette précision permet de bien comprendre la critique que nous formulons
sur les solutions proposées par le Gouvernement. Le Chef du
gouvernement, tout en reconnaissant que la vie était chère pour nos
compatriotes, se félicite que cette cherté soit de moindre mesure par
rapport à celle que connaissent les autres pays de la sous-région.
Pour comparer un phénomène économique entre plusieurs
pays, il faut les situer dans le même contexte. C’est pourquoi, comparer
l’inflation en Côte d’Ivoire à celle du Mali et du Burkina Faso est
economiquement erroné. Le contexte du Mali est différent de celui de la
Côte d’Ivoire. Le Mali fait face à un embargo commercial et à une
déconnection des circuits financiers suite aux sanctions qui ont été
méchamment imposées à son peuple. Ce pays fait donc face à deux facteurs
aggravant de l’inflation. La rareté des biens et services et la rareté
des moyens des intsruments de paiement. Il en est de même pour le
Burkina Faso. Les deux pays ont en commun d’avoir perdu le contrôle sur
une bonne partie de leur territoire. Le déplacement, du fait de
l’insécurité, des populations, notamment rurales, perturbe les circuits
de production à l’intérieur des deux pays.
Les statistiques ivoiriennes sont muettes sur les détails
importants. En effet, bien qu’étant dans le spectre économique, pris
dans son ensemble, toute inflation est portée par un ou plusieurs
secteurs économiques. Le taux d’Inflation synthétique, qui est une écume
qui cache la realité de la souffrance des populations, pourrait
expliquer pourquoi toutes les mesures prises par le Gouvernement
n’arrive pas, jusqu’à présent, à contenir la cherté de la vie qui
s’accentue. Les ivoiriens ne s’en plaindraient, aussi bruyamment, si tel
est que le riz, l’huile, la banane, la viande avaient augmenté de
seulement 4,8%. Par exemple, l’Institut de Statistiques du Ghana a fait
un rapport qui mentionne clairement que l’inflation au Ghana, qui est du
reste très élevée, est portée par le secteur du transport, suivi de
celui de l’alimentation. Ensuite, nul ne sait quelles sont les classes
sociales qui sont les plus touchées par l’inflation en Côte d’Ivoire. La
classe pauvre, la classe moyenne ou la classe superieure ? Ces données
sont déterminantes pour orienter l’action de lutte contre l’inflation .
A défaut de statistiques détaillées, le PPA-CI a procédé à une levée des
prix des produits sur le terrain entre deux périodes voisines pour
connaitre le niveau de l’inflation de certains produits de grande
consommation. Par ailleurs le PPA-CI a pu relever des différences,
parfois importantes, entre les prix que le ministère du commerce affiche
comme étant les prix appliqués et ceux qui sont effectivement appliqués
sur le marché.
quels sont les critères d’allocation des filets sociaux ?
En effet, comme rappelé ci-dessus, l’inflation est due par
l’accroissement excessif des instruments de paiement par rapport aux
biens et services disponibles. Par conséquent, accroitre ces instruments
dans un contexte d’inflation, c’est aggraver l’inflation. En d’autres
termes, c’est apporter du vent, en lieu et place de l’eau, au feu. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle beaucoup d’économistes attribuent
l’inflation actuelle aux décisions économiques précipitamment prises par
les gouvernements pour lutter contre la Covid-19. En effet, les mesures
de confinement ont eu pour conséquence de bloquer la production et
parallèlement, l’usage des planches à billets des grandes puissances,
pour soutenir ou remplacer les salaires, a consisté à injecter de
l’argent dans des économies qui ne produisaient plus. Cela a contribué à
créer un déséquilibre entre la masse monétaire qui circule et les biens
et services disponibles. C’est pourquoi, les banques centrales ont le
réflexe de relever leur taux d’intérêt pour freiner la création de la
monnaie par les banques en situation d’inflation. En rendant le crédit
cher, les banques centrales dissuadent les menages à recourrir à celui-ci.
Le PPA-CI, par idéologie Parti de gauche, soutient toujours les
initiatives d’appui aux couches sociales les plus défavorisées. Il n’est
pas contre les filets sociaux. La seule inquiétude, c’est le manque de
statistiques détaillées sur les secteurs qui accentuent l’inflation et
la non définition des critères qui guident les allocations. Il existe
donc un réel risque d’aggraver l’inflation si ces allocations négligent,
par exemple, les secteurs de la production, surtout que ces filets
sociaux sont financés par emprunt.
Le Premier Ministre, au cours de son interview, a cité
l’encherissement des engrais, du fait de la crise russo-ukrainienne,
comme étant l’une des causes du coût des denrées alimentaires. Cet
argument ne peut prospérer que pour les saisons agricoles à venir. La
guerre russo-ukrainienne est trop récente pour influencer la saison
agricole pécédente dont la production était déjà sur le marché bien
avant le déclenchement de cette guerre. Notre observation se fonde sur
l’étude qu’a menée la Commission de la CEDEAO en partenariat avec le FAO
et intitulée « Evaluation des risques et de l’impact de la crise russo-ukrainienne sur la production agricole dans la Cedeao ».
Cette étude s’inquiète beaucoup plus pour la production de la saison
en cours et non celle de la saison passée dont la production est
consommée cette année. La même étude montre que le déficit entre
l’engrais disponible en Côte d’Ivoire et le stock nécessaire pour la
satisfaction des besoins pour l’année en cours est de 33%. Il s’en suit
que plus de deux tiers de l’engrais pour les besoins de la saison en
cours sont disponibles. S’il convient de reconnaître qu’il y a une
flambée exponentielle du coût des engrais du fait de la crise
russo-ukrainienne, il convient toutefois d’en relativiser l’impact sur
les cours des denrées alimentaires issue de la saison 2021/2022.
D’ailleurs, l’étude de la CEDEAO confirme la faible variation entre la
production céréalière de la saison 2021/2022 par rapport à la saison
2020/2021. Elle est de l’ordre de -1,8%. Mais elle (cette étude) prévoit
un gap plus important pour la saison 2022/2023 par rapport à celle de
2021/2022 de plus de 20%. Cependant, l’argument du Premier Ministre a
l’avantage de lever l’une des faiblesses des politiques alimentaires
ivoiriennes qui est le manque de stock de sécurité alimentaire.
Le stockage sécuritaire est une pratique de prévoyance qu’observent de
nombreux pays. Des pays constituent des stocks de sécurité de leurs
aliments de base sur plusieurs années, de sorte qu’en cas de crises aux
effets mondiaux, comme la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, les
populations soient nourries pendant un long temps. C’est d’ailleurs
cette pratique, qui permet d’approvisionner le marché ivoirien en riz à
un cout reduit, qui rend la production locale très peu compétitive. En
effet, le riz qui arrive sur nos marchés provient des stocks anciens des
pays producteurs qui sont remplacés par de nouveaux stocks. Le riz des
stocks anciens, ayant perdu de la valeur, subit une décote qui le rend
plus compétitif que le riz produit localement. Les chiffres donnés par
l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) du
ministère en charge du commerce étayent largement cette situation. En
effet, pour la semaine du 11 au 17 juillet 2022, dans la quasi-totalité
des régions de la Côte d’Ivoire, le riz importé de grande consommation
(deni cacha) est moins cher que le riz local.
Or depuis 2017, le stock de sécurité mondiale des denrées alimentaires,
qui est le ratio stocks/utilisation, est constamment en déclin. Estimé à
35% en 2017, dont 14% pour la seule Chine, ce taux, le plus faible
depuis 2008, avait déjà sonné l’alerte des agences mondiales sur
l’alimentation. Ce ratio est quasiment nul en Afrique. Depuis 2019, les
pays de l’espace CEDEAO tentent de se constituer des stocks de securité
alimentaire avec l’aide de l’Agence Française de Developpement (AFD) et
de l’Union Européenne…
La Côte d’Ivoire, qui importe envron 50% de sa consommation de riz, n’a
aucun stock de sécurité alimentaire du riz. En cas de crise mondiale,
qui bloque les échanges commerciaux du riz, notre pays s’exposera à un
risque certain de famine. L’échéance de 2030 annoncée par le Premier
Ministre, pour arriver à l’autosuffisance en riz, est un aveux d’échec
de la politique du riz du régime actuel si l’on s’en tient à ses propres
engagements. Pourtant, que de grandes annonces, qui s’avèrent, 10 ans
après, n’être finalement que de la propagande. La politique de riz de ce
régime et ses objectifs se lisent aisement sur le site officiel de
L’Agence pour le Développement de la Riziculture en Côte d’Ivoire
(ADERIZ). Cette politique, connue sous le nom de Stratégie Nationale de
Développement de la Riziculture (SNDR) 2012-2020 se décline comme suit:
– 2012-2016 : Couvrir la totalité des besoins de consommation par la
production (auto-suffisance)
– 2016-2018 : Constitution de stock sécuritaire de riz
– A partir de 2018, la Côte d’Ivoire exporterait du riz.
Le même site annonce qu’en 2017, la Côte d’Ivoire a produit 1.355.911
tonnes de riz blanchi sur les 2 millions de consommation annuelle. Le 20
avril 2020, le Ministre de la promotion de la riziculture déclarait : «
la mise en oeuvre du programme d’urgence riz permettra la production de
500.000 tonnes additionnelles de riz blanchi et apportera une réponse
concrète aux effets néfastes de la Covid-19 ». Ce qui porterait la
production ivoirienne à 1.855.911 tonnes, soit la couverture totale des
besoins en riz de la Côte d’Ivoire. En d’autres termes, la Côte d’Ivoire
est réputée être autosuffisant en riz selon le gouvernement ivoirien.
En solution – En fait, il y a plus de propagande que de politique dans l’action
gouvernementale ; et quand surviennent les crises, cette propagande est
vite mise à nu. Le riz est un enjeu important pour la Côte d’Ivoire. Il
convient de rappeler que moins de 5% de riz produit dans le monde est
échangé dans le commerce international, soit 31 millions de tonnes sur
les 650 millions de tonnes produits annuellement.
Le second secteur qui porte l’inflation est le secteur des
hydrocarbures. De janvier à juillet 2022, le super est passé de 615
fcfa/L à 735 Fcfa./L, soit une augmentation de 19,80%. Le prix du gasoil
est resté quant à lui constant, 615 fcfa. L’on serait tenté de louer les
sacrifices de l’Etat qui a renoncé à une partie des recettes issues de
la taxe spéciale unique (TSU) qui frappe les produits pétroliers. Il
convient de rappeler que l’Etat n’a daigné renoncé à cette taxe à son
profit qu’à compter de janvier 2022, alors que tout indiquait que le
pétrole partirait à la hausse. Ce manque à gagner participe de ce que le
Gouvernement appelle la subvention des produits pétroliers. Mais il
reste une part importante de cette taxe qui est reversée au Fonds
d’Entretien Routier (FER) . Elle a représenté pour l’année 2021, environ
36 milliards de Fcfa pour le gasoil et 66 milliards pour le super. Ces
estimations sont faites sur la base des données fournies par la
direction générale des hydrocarbures (DGH) relativement à la fois aux
volumes de carburant vendus sur le territoire national et à TSU perçue
par le FER sur chaque litre de carburant. Selon les données de la DGH :
908 642 m3 de super et carburant spécial ont été vendus à raison de 73
FCFA/L de TSU et 1 453 629 m3 de gasoil taxé à 25 FCFA/L. Ces recettes
viennent s’ajouter aux recettes récoltées aux différents postes de
péage, qui sont autant de source d’enchérissement de la vie, dans un
contexte international défavorable.
En solutions, le PPA-CI propose des solutions immédiates et des
solutions à moyen et long terme.
La suspension ou reduction considérable de la part de la TSU, pour
une période de 3 mois reconductible, versée au FER.
En rapport avec les Conseils régionaux, la mise en place d’un
mécanisme d’urgence d’écoulement des produits agricoles vivriers depuis
les zones de production. En effet, l’une des faiblesses de
l’approvisionnement du marché en produits vivriers est l’état déplorable
des réseaux de connection des zones de production avec les marchés. Les
pistes villageoises sont pour la plus part non carossables. Ce qui
entraine une forte disparité dans l’approvisionnement des marchés en
viviers d’une région à une autre. A défaut de suspendre la TSU au profit
du FER, l’on en affectera le produit au financement de ce mécanisme
d’urgence qui doit se bâtir autour de l’ouverture et de l’amélioration
des pistes villageoises. Cette mesure est d’autant importante que la
synthèse des prix publiée par le gouvernement (OCPV), donne des
disparités importantes entre les régions en ce qui concerne les prix des
produits vivriers. Par exemple le prix du kilogramme de la banane
plantain se négocie à 160 FCFA dans la Marahoué, se négocie à 400 CFA
dans le Haut Sassandra, 1240 FCFA dans le Sud Comoé, 1390 FCFA dans
l’Indénié-Djuablin, 1170 FCFA dans l’Agnéby-Tiassa, 970 CFA dans le
GBEKE et 300 FCFA dans le Gontougo, 230 FCFA dans le NAWA et 690 FCFA à
Abidjan. Cette mesure d’urgence rencontre l’une des recommandations que
la Commission de la CEDEAO a faite à la suite de l’étude ci-dessus
rappelée. En effet, au point 11 de ses recommandations, l’étude
préconise de « réorienter les ressources financières disponibles pour
résoudre les problèmes alimentaires urgents.
Le PPA-CI trouve inefficace et contraire à la solidarité entre les
peuples de la CEDEAO l’interdiction d’exporter les produits vivriers
vers les autres pays de la sous-région. Cette pratique au niveau du
Nigeria et du Bénin, par exemple, a fortement contribué à augmenter
l’inflation dans un pays comme la Niger. Cette interdiction accroit le
risque des mouvements migratoires des populations affamées vers les
autres pays avec leur corrolaire de crises sociales et sanitaires. En
lieu et place, le PPA-CI propose un mécanisme solide d’achats goupés des
produits des engrais pour en faciliter une bonne péréquation entre les
différents pays.
Il y a nécessité d’aider les usines de production d’engrais du
Nigéria et du Sénégal à renforcer leur capacité de production afin de
répondre aux besoins urgents d’engrais pour la saison 2022/2023. Cela
est également une recommandation de la Commission de la CEDEAO.
Dans un delai d’un à deux mois,
commander à l’Institut National de la Statistique (INS) une étude sur
les secteurs économiques qui portent l’inflation et les classes sociales
les plus touchées, afin de bien orienter les solutions.
Bâtir une véritable politique de Développement de la
riziculture loin de la propagande. Abandonner la piste des productions
agro-industrielles et accompagner efficacement les paysans dans la
production du riz comme ce fut le cas avec la SODERIZ.
Prioriser les investissements dans le secteur de l’agriculture
conformément à la déclaration de Malabo. A ce propos, l’exemple de la
Russie devrait inspirer le gouvernement ivoirien. En effet, frappée par
une multitude de sanctions depuis plus d’une décennie qui lui fermaient
les portes de certains marchés, la Russie s’est résoulment engagée dans
l’amélioration de son industrie agricole. Aujourd’hui, non seulement
elle s’autosuffit en alimentaire, mais elle contrôle une bonne partie du
marché des céréales et des intrants.
Toujours, dans le long terme, mener une campagne de sensibilisation
audacieuse de sensiblisation pour la reconcersion des habitudes
alimentaires de nos compatrotes vers la consommation des produits locaux
en encourageant aussi la production de ceux-ci.
Au cours de la 5ème phase du dialogue politique initié par le
gouvernement, tous les participants ont exprimé le souhait que le Chef
de l’Etat et les Présidents Laurent GBAGBO et Henri Konan Bédié se
rencontrent pour discuter des questions vitales pour la réconciliation
nationale et le renforcement de la cohésion nationale. Au terme de ses
travaux, le dialogue politique a fortement recommandé qu’il soit mis en
place un cadre de rencontre de haut niveau des trois personnalités qui
cristalisent autour d’elles l’essentiel de l’opinion politique
ivoirienne. Ce cadre a été dénommé par le dialogue politique « Cadre
Permanent du Dialogue ». La rencontre du jeudi 14 juillet dernier est la
concrétisation de cette recommandation. La rencontre a eu lieu à huit
clos au palais présidentiel. Aucours de cette rencontre, les sujets
suivants ont été évoqués:
1. Les subventions aux partis politiques
2. Le dégel des comptes bancaires
3. La libération des prisonniers
4. La Recomposition de la CEI
5. La Révision du découpage électoral
6. La vie chère
7. L’audit de la liste électorale
8. Charles Blé Goudé et Soro Guillaume
La participation du Président Laurent GBAGBO à cette rencontre s’inscrit
dans la recherche du renforcement de la cohésion sociale à laquelle il
s’emploie depuis son retour au pays. Son souhait est de décrisper
davantage le climat politique afin que le débat démocratique se déroule
autour des questions essentielles qui font avancer la nation sur le
chemin de la démocratie.
C’est pourquoi, le PPA-CI :
– salue avec déférence la hauteur d’esprit du Président Laurent GBAGBO
qui place l’intérêt de la nation au-dessus de ses propres ressentiments,
somme tous légitimes, eu égard à ce qu’il a souffert et continue de
souffrir dans sa carrière politique, au nom de l’idéal de la démocratie.
– remercie le Président Henri Konan Bédié et son parti, le PDCI-RDA,
d’avoir travaillé en bonne intelligence avec le PPA-CI pour la
préparation de cette rencontre.
– se félicite de ce que le Président de la République, à qui le dialogue
politique avait imputé la responsabilité de convoquer cette rencontre ,
ait donné une suite favorable à cette recommandation.
– se réjouit de l’annonce faite par le Chef de l’Etat de rendre
permanent ce cadre de rencontre, ce qui correspond à la recommandation
faite par le dialogue politique.
– rappelle au Chef de l’Etat qu’il lui incombe, en définitive, le devoir
de donner une suite factuelle, allant dant le sens de la réconciliation
nationale, aux questions qui ont été évoquées.
– se dispose à accompagner toute initiative sérieuse qui vise à
renforcer la réconciliation nationale et la cohésion sociale.
Une diplomatie sous régionale inquiétante
Depuis un certain temps, notre pays est soupçonné par certains de ses
voisins de mener une diplomatie agressive vis-à-vis d’eux. Des pays
comme le Mali n’hésitent pas à indexer la Côte d’Ivoire comme étant la
base arrière des entreprises de sa déstabilisation. En effet, depuis la
chute du Feu le Président Ibrahim Boubacar Kéita, les autorités de
transition ne cachent pas leur méfiance vis-à-vis des autorités
ivoiriennes. Les sanctions de la CEDEAO, immédiatement endossées et
appliquées par l’UEMOA, ont été perçues par les autorités maliennes
comme résultant de l’activisme du Chef de l’Etat ivoirien contre les
intérêts du peuple malien. Les autorités maliennes et le peuple malien
ne sont pas les seuls à avoir ce sentiment. Le patriotisme, qui est
attendu de chaque citoyen ivoirien, reste insuffisant pour nier que de
nombreux faisceaux d’indices militent à la faveur de l’indexation que
les autorités maliennes font de notre pays. Plusieurs faits sont avancés
par les autorités maliennes pour justifier leur méfiance contre le
pouvoir ivoirien.
– A la suite de l’application des sanctions du 10 janvier 2022 de la
CEDEAO contre le Mali, le gouvernement malien avait « dénoncé une
violation de son espace aérien par un avion français. L’appareil aurait
effectué l’aller-retour entre Abidjan (Côte d’Ivoire) et Gao (Mali).
L’ASECNA avait déclaré ne pas avoir été informée préalablement de
l’existence du vol ;
– C’est depuis à Abidjan, la capitale ivoirienne, que M. Ibrahim Camara
a annoncé, en février 2022, la mise sur pied d’un Conseil transitoire
pour gérer le Mali. Il s’est d’ailleurs fait autoproclamer président de
la transition au détriment du colonel Assimi Goïta. Même si le
gouvernement ivoirien avait réagi après coup en tantant d’interpeler
monsieur Camara, mais son entreprise défiante vis-à-vis des autorités de
son pays a été favorisée par le sentiment de tolérance qu’il croyait
percevoir de la part des autorités ivoiriennes
– En février 2022, le procureur du tribunal de la Commune IV de Bamako a
confirmé une enquête ouverte sur l’authenticité d’un enregistrement à
propos duquel plusieurs sources ont indiqué entendre une conversation
téléphonique entre un ancien premier ministre malien, Boubou Cissé, et
le président ivoirien, Alassane Ouattara, sur l’impact des sanctions de
la CEDEAO sur l’économie malienne et ses finances publiques, le poids de
certains dirigeants maliens, etc.
C’est dans ce contexte délétère des relations difficiles entre les deux
pays qu’éclate l’affaire dite « 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali ».
Le dimanche 10 juillet 2022, deux aéronefs en provenance de la
République de Côte d’Ivoire ont atterri à l’aéroport Modibo Keita de
Bamako Semou. Selon les autorités maliennes Ies deux aéronefs
transportaient 49 militaires ivoiriens et des équipements militaires
dont des armements et munitions de guerre. Leur reprochant leur présence
illégale sur le territoire malien, les autorités maliennes ont décidé de
les interpeller et de saisir leur matériel.
Les autorités maliennes ont fait les constats suivants :
– L’absence d’ordre de mission et d’autorisation ;
– La dissimulation de leur profession militaire sous diverses qualités :
étudiants, chauffeur, vendeuse, peintre, vigile, maçon, etc.
– La diversité de justification de leur présence sur le territoire
malien : mission confidentielle, rotation au sein de la MINUSMA,
sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne SAS,
protection du contingent allemand ;
Les autorités maliennes leur reprochent fondamentalement le non-respect
des procédures encadrant le déploiement de militaires et de leur
armement. De fait, les manquements et infractions suivants ont été relevés :
– La non information du ministère des affaires étrangères et de la
coopération, par les canaux officiels au sujet du déploiement des
militaires ivoiriens ;
– La violation du code pénal malien incriminant les atteintes à la
sécurité intérieure dont l’atteinte à l’intégrité du territoire ;
– La violation de la législation relative à l’aviation civile obligeant
tous les vols à produire les manifestes passager et cargo avant le
décollage et faisant ressortir l’identité des passagers ;
– La violation du code malien des douanes se rapportant à la conduite en
douane et au régime d’importation temporaire.
Au regard des manquements et des infractions sus indiqués, le
gouvernement de transition du Mali considère les 49 militaires ivoiriens
comme des mercenaires au sens de la Convention de l’OUA sur
l’élimination du mercenariat en Afrique.
Dans la droite ligne de ces considérations, le gouvernement de
transition a pris un certain nombre de décisions :
– Mettre fin à l’activité de protection de la compagnie aérienne SAS par
des forces étrangères et exiger leur départ immédiat du territoire malien ;
– Transmettre le dossier aux autorités judiciaires compétentes ;
– Mettre les 49 militaires interpellés à la disposition des autorités
judiciaires compétentes. A ce propos, le Procureur Général près de la
Cour d’appel de Bamako «a instruit l’ouverture d’une enquête judiciaire
pour faire toute la lumière sur cette affaire », dans un communiqué
publié le 18 juillet 2022.
Le démenti du gouvernement ivoirien des allégations des autorités
maliennes est rendu inaudible par les déclarations contradictoires des
agences de l’ONU en charge du Mali sur le sujet.
Dans un le même registre, le 7 juillet dernier, le gouvernement ivoirien
a affrété un aéronef de la flotte présidentielle, à monsieur Blaise
Compaoré, pour qu’il se rende au Burkina Faso qu’il avait quitté en
octobre 2014 à la suite d’un soulèvement populaire. Ce retour a été
présenté à la fois par les autorités burkinabés, qui ont évincé manu
militari Roch Kaboré du pouvoir, et les autorités ivoiriennes comme
participant d’un processus de réconciliation nationale. L’ancien
Président du Burkina Faso devrait participer à une rencontre réunissant
tous les anciens Chefs de l’Etat. Sur les 5 anciens dirigeants
pressentis pour cette rencontre, seuls messieurs Blaise Compaoré et Jean
Baptiste Ouédraogo ont pu y participer. Les trois autres, chacun avec
ses justificatifs et prétextes, ont décliné l’invitation.
Pire, des voies se sont levées, tant au niveau de la population que
l’appareil judiciaire, pour demander l’arrestation du Président Blaise
Compaoré, condamné à vie, dans l’affaire de l’assassinat de Thomas
Sankara. L’initiative de la réconciliation, en elle-même, est digne
d’intérêt pour le Burkina Faso et la sous-région. Cependant la conduite
de celle-ci donne du crédit à l’opinion de plus en plus forte de
l’opinion burkinabé et d’ailleurs qui soutient que la chute du Président
Roch Kaboré sert d’autres intérêts que ceux qui étaient avancés pour
justifier cette chute, dans laquelle, cette opinion voit un activisme de
la Côte d’Ivoire. Cet activisme servirait, selon toujours cette opinion,
à remettre en selle le régime déchu par le soulèvement populaire
d’octobre 2014.
Or ces expériences ont
laissé des séquelles quasi-indélébile, dans la conscience politique
africaine. Les peuples ont de la mémoire et parfois de la rancune.
Beaucoup de leaders politiques africains ou de la société civile avaient
pris fait et cause pour la rébellion de 2002 pour la seule raison qu’ils
se réjouissaient du fait que ce que notre pays avait semé partout en
Afrique, avait fini par fleurir chez nous. Or, du fait de l’explosion
des moyens de communication, les mains qui agissaient naguère dans
l’ombre sont de plus en plus visibles. En ce qui concerne la Côte
d’Ivoire, l’activisme du gouvernement ivoirien est doublement gênant. En
effet, il provoque des frustrations aussi bien à l’intérieur de la Côte
d’Ivoire qu’à l’extérieur de celle-ci. Les ressortissants du Burkina
Faso et du Mali constituent l’écrasante majorité de la population
étrangère en Côte d’Ivoire. Il serait illusoire de penser qu’ils sont
insensibles à ce qui se déroule dans leurs pays. En prenant le cas
particulier du Président Blaise Compaoré, il bénéficie de toutes les
largesses de l’Etat ivoirien qui lui assure gîte et couvert. Il se
déplace en avion de la flotte présidentielle. Cette générosité, en
elle-même, ne pose aucun problème. L’hospitalité est une valeur
africaine. Ce qui est gênant est que le Président Laurent GBAGBO, ancien
Président de la République est rentré de son exil-prison difficilement
et par un vol commercial. Il habite une résidence personnelle, à ses
frais. Ne serait-ce qu’au niveau de la morale, il y a quelque chose de
gênant.
La crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire prend des proportions
inquiétantes même si l’on doit se féliciter de la bonne disposition
d’esprit des autorités maliennes à privilégier la solution diplomatique.
C’est pourquoi :
– Le PPA-CI et son Président saluent les initiatives diplomatiques qui
ont cours actuellement et les appuient totalement.
– . Le flou qui entoure la mission de ces soldats ne sert pas la cause
et l’image de notre armée.
– Exige une enquête parlementaire sur la question et que les résultats
de cette enquête soient portés à la connaissance du grand public.
– Conseille au gouvernement ivoirien, une plus grande retenue dans la
diplomatie qui doit privilégier, en toute circonstance, les intérêts
immédiats et futurs de notre pays et ceux de l’Afrique.
Je vous remercie
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