Maca – La prison abidjanaise dotée d’unités de vie familiale

. Le projet confronté aux lourdeurs administratives
. Les prisonniers réclament de meilleures conditions de détention

Lundi 18 juillet 2022, a été célébrée la journée Nelson Mandela. A l’occasion, l’ONG « Don’t Forget Them » de David Sahi a choisi la prison abidjanaise Maca pour traiter de la problématique de la détention en milieu carcérale. Cette ONG s’était déjà illustrée par l’exécution d’un important projet en faveur des prisonniers qui bénéficient en ce moment même d’une formation en cuisine et pâtisserie à même de les projeter dans la réinsertion sociale.
A l’occasion de la journée Mandela, elle a présenté aux autorités judiciaires du pays son nouvel investissement sur le site de la Maca. Ici des box en conteneurs ont été installés et aménagés pour accueillir les futures unités de vie familiale ou Uvf. Ce sont des cellules aménagées hors du lieu proprement dit de détention pour accueillir des prisonniers qui en font la demande. Le prisonnier dispose alors de 24 heures voire plus pour accueillir femme et enfants sans la présence des gardes. Deux unités sont pour l’instant aménagées et attendent leurs premiers pensionnaires. Chambre à coucher avec lit, salon, douche et Wc sont les commodités de chaque unité. Selon M. Sahi, c’est, à terme douze unités qui vont être installées sur le site prévu à cet effet.

La célébration de la journée a été ponctuée de deux conférences. L’une donnée par Koffi Joachin Kongoué, conseiller technique du garde des sceaux, a porté sur l’importance des unités de vie pour les détenus. L’autre dite par le porte-parole des détenus, M. Koné a analysé les actions pour le changement en milieu carcéral. Le directeur des affaires pénitentiaires Coulibaly Boubakar a déclaré qu’en ce qui concerne les unités de vie, si les installations sont déjà prêtes, il reste à créer le cadre normatif pour encadrer le fonctionnement des unités de vie. Selon lui, rien ne presse parce qu’il faut s’assurer de toutes les garanties et précautions. Notamment la prise des textes et règlements au niveau administratif pour accompagner cette initiative. Il a révélé qu’en France, les Uvf sont de création récente (2003). « L’expérience des Uvf est nouvelle en Afrique. Il faut un cadre normatif, des règles préétablies qui vont permettre de matérialiser la chose. Les grands principes sont donc déjà acquis. Le reste, c’est une question de temps », a-t-il dit avant de terminer sur cet autre morceau : « Nous ne sommes pas en retard parce qu’il faut prendre toutes les précautions ».

Quant aux prisonniers, par la voix de leur porte-parole, ils ont déploré les conditions de détention en dépit des efforts du gouvernement. Il cite le manque d’infrastructures sportives pour la pratique du football et des autres disciplines, des difficultés à l’intérieur des bâtiments de détention. « Nous ne voulons pas être des enfants gâtés mais il faut investir pour que notre milieu soit adéquat », a martelé le porte-parole. Lequel s’est offusqué également des modalités d’application de la grâce présidentielle accordée chaque année. « La procédure nous laisse sur notre faim parce qu’avant de commencer nous sommes déjà hors grâce », a-t-il souligné.
En mille mots comme en un, le prisonnier et conférencier d’un jour a souhaité que la prison ne soit pas un mouroir mais un lieu de détention ou quel que soit le délit commis, le détenu n’ait pas à perdre son humanité.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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