Au Mali, qui veut noyer son chien l’accuse d’être un mercenaire
Philippe Chapleau | Ligne de Defense Ouest-France
La junte militaire malienne ne manque pas d’air: elle considère que les 49 soldats ivoiriens interpellés dimanche à l’aéroport de Bamako sont « des mercenaires » et elle a décidé de les « mettre à disposition des autorités judiciaires compétentes » selon le communiqué.
Le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, a assez cyniquement expliqué que « le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel ».
Le statut des Ivoiriens arrêtés ne correspond en rien à la définition du mercenariat selon la Convention de l’Organisation de l’unité africaine invoquée par Bamako.
Ces militaires appartiennent à l’armée régulière ivoirienne et étaient en mission officielle comme l’a précisé le porte-parole de la mission des Nations unies au Mali (Minusma). Selon lui, les militaires interpellés faisaient partie d’ »éléments nationaux de soutien » logistique à la Minusma qui sont « des effectifs nationaux déployés par les pays contributeurs de troupes, en soutien à leurs contingents », « une pratique communément appliquée dans les missions de maintien de la paix ». Un document ivoirien en témoigne:
En outre, comme le résume un humanitaire français sur Twitter: « Invoquer la convention de l’OUA sur le mercenariat en Afrique contre la RCI, alors qu’en même temps, on paye à prix d’or les tueurs de Wagner qui mènent des exactions majeures contre sa propre population, il faut vraiment être nés avant la honte, quoi… ».
Enfin, l’activité de protection de la compagnie aérienne « Sahelian Aviation Services »(SAS, qui travaille entre autres pour la Minusma), assurée par les Ivoiriens, sera confiée aux forces armées maliennes. Contre rétribution bien sûr.
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