(Agence Ecofin) – Alors que la nouvelle doctrine militaire de base de l’OTAN qualifie le terrorisme et la migration de « menaces hydrides », et désigne le flanc sud comme une nouvelle source de risque pour la stabilité, Madrid n’exclut pas une intervention de l’Alliance au Mali.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, (photo), a déclaré, le jeudi 30 juin, qu’il n’excluait pas une intervention de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) au Mali « si nécessaire », après l’inscription dans le nouveau concept stratégique de l’alliance du terrorisme et de la migration comme « menaces hydrides », que les puissances hostiles pourraient instrumentaliser pour saper sa stabilité.
Interrogé sur une éventuelle intervention de l’OTAN au Mali en marge du sommet de l’alliance à Madrid, le chef de la diplomatie espagnole a répondu à la station de radio locale RNE : « Non, nous ne l’excluons pas ».
« Si c’était nécessaire et si cela représentait une menace pour notre sécurité, nous le ferions », a-t-il ajouté.
Cette déclaration intervient après que l’OTAN a cité, dans son nouveau « concept stratégique », la zone du Sahel et l’ensemble du flanc sud à la fois comme « région représentant un intérêt stratégique » et « source de menace potentielle », en raison de l’instabilité sécuritaire qui y règne.
Le nouveau concept stratégique de l’OTAN, qui représente la doctrine militaire de base de l’alliance durant la prochaine décennie, mentionne également le terrorisme et les migrations comme « menaces hydrides » que des « puissances hostiles pourraient instrumentaliser pour nuire à la stabilité » des pays membres de l’Alliance.
Inquiétudes autour de l’influence de la Russie en Afrique
Les pays membres de l’OTAN s’inquiètent d’une flambée de violences au Mali où la junte militaire au pouvoir lutte, avec le soutien de la société militaire privée russe Wagner selon les puissances occidentales, contre une insurrection islamiste qui mène aussi des attaques dans des pays voisins.
La dernière session du Sommet de l’OTAN tenu à Madrid, du 28 au 30 juin, a porté sur « les menaces et les défis au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au Sahel ».
Quelques heures avant l’ouverture de ce sommet, le chef de la diplomatie espagnole s’était alarmé de la « présence russe croissante en Afrique, et plus particulièrement en Afrique du Nord ».
De son côté, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, avait appelé, le 25 mai, l’OTAN à se pencher sur « l’influence et les activités croissantes » de la Russie en Afrique, estimant que l’instabilité consécutive à cet engagement pourrait avoir un impact négatif sur l’Europe.
« L’expansion des opérations de l’Etat russe et des sociétés de sécurité privées russes telles que le groupe Wagner dans des pays comme le Mali et la Libye est très claire », a-t-elle dit, ajoutant que l’OTAN « ne peut rester indifférente face à cette situation qui constitue une menace inquiétante ».
L’opération de l’OTAN en 2011 en Libye a laissé de mauvais souvenirs dans la région.
« Je vois très mal comment on pourrait faire accepter politiquement une opération militaire aux pays africains », estime le spécialiste du Sahel.
« L’approche militaire à elle seule ne peut pas suffire à endiguer la menace terroriste », prévient encore Jérôme Pigné. La responsabilité de la communauté internationale dans la zone sahélienne est, selon lui, « d’accompagner l’action militaire par des projets de développement, de gouvernance et de coopération régionale ». Or l’OTAN « n’a pas d’outils pour accompagner les pays de la sous-région en la matière ».
Jeudi à Madrid, la dernière session du sommet de l’OTAN a porté sur « les menaces et les défis au Moyen-orient, en Afrique du Nord et au Sahel ». Pour l’instant, l’intervention de l’Alliance semble vouloir se limiter à un renforcement « de l’aide » à ses partenaires dans la région.
Le secrétaire général Jens Stoltenberg a annoncé un plan de soutien à la Mauritanie pour aider le pays à sécuriser ses frontières et à lutter contre la migration irrégulière et le terrorisme.
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