L’adressage des rues en Côte-d’Ivoire

L’adressage des rues est un élément indispensable de tout le processus du développement d’un pays. Ce n’est pas politique mais plutôt économique et développement. Sous le président Houphouët, les fonds réservés au projet d’adressage auraient été dilapidés. Sous le gouvernement Bédié le projet aurait été stoppé. Le choix des noms serait la pomme de discorde. Sous les régimes de Guéi et Gbagbo, le projet a été totalement ignoré. Avec le régime actuel, de temps en temps on en parle du bout des lèvres sans y croire véritablement.

Les opérations d’adressage du District d’Abidjan sont mises en œuvre par la Centrale d’Adressage qui est une structure intégrée au Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD). Je pourrais citer des pays africains qui ont amorcé leur processus d’adressage des rues tellement le sujet est pris au sérieux ailleurs avec le financement de la même Banque Mondiale. Beaucoup de gens en Côte d’Ivoire estiment que l’adressage n’est pas possible en Afrique à cause de nos constructions précaires et anarchiques. Je ne partage pas cet avis. Si on fait le recensement de la population dans ces mêmes environnements, on peut numéroter ces mêmes habitations.

Au Nigéria par exemple, les rues sont numérotées malgré la présence des mêmes bidonvilles, des mêmes constructions anarchiques. D’autres pays africains ont également emboîté le pas, par exemple le Burkina, le Ghana, le Cameroun, etc. Pourquoi pas en Côte d’Ivoire? Par ailleurs, il ne suffit pas seulement de trouver des noms pour les rues mais plus important, les numéros. Vous allez dire j’habite sur le boulevard Nangui Abrogoua cela ne veut rien dire. Par contre si vous dites que vous habitez par exemple au 217 Boulevard Nangui Abrogoua cela a du sens, on peut vous retrouver facilement. A Washington, DC, par exemple, des rues sont nommées rue H, L, M., etc. On a donc pas forcément besoin de donner des noms de politiciens et de célébrités à nos rues si c’était ça le problème.

Néanmoins, je préfère qu’on nomme nos rues avec les noms de nos parents, nos ancêtres qui ont marqué notre histoire afin que nos enfants et les générations futures sachent que la Côte d’Ivoire n’est pas tombée du ciel. Elle a une histoire, elle a connu des leaders dans tous les domaines, femmes comme hommes. Mettons le pays à jour. Modernisons le pays. Qu’on arrête d’indiquer par des réferences du genre, il y a un manguier puis vous tournez à gauche vous verrez une femme qui grille alloco. Le jour où cette femme qui grille alloco n’est pas venue faire son travail, vous serez perdu au regard des indications que vous suivez.

Autres exemples: En face de l’église catholoque, vous tournez à droite ou encore vous dépassez la colline, sur votre gauche, il y à un paneau bleu, rentrez à droite du paneau, là vous verrez un menuisier, juste après le menuisier, vous verrez une maison peinte en blanc, c’est là. Ou encore, arrivée au carrefour Ouattara, contourner le rond point et à gauche vous allez tout droit vers un maquis à votre gauche, la troisième maison, c’est là. Tout cela ne fait pas sérieux, c’est dépassé. Donnons simplement des noms et des numéros à nos rues.

Nous sommes quand même à l’ère de GPS, Google map, mapquest, d’internet, de réseaux sociaux. Il n’y a pas d’excuses pour ne pas donner de numéro et de noms à nos rues. C’est très bénéfique pour la sécurité. Vous appelez la police ou les sapeurs-pompiers, ou le secours d’urgence médicale, on voit automatiquement de quelle rue et à partir de quelle adresse vous appelez. Vous même vous avez aussi la possibilité de leur indiquer l’adresse à partir de laquelle vous les appelez. L’adressage des rues est également bénéfique pour la distribution des courriers postaux. Federal Express, DHL, UPS, même poste Côte d’Ivoire , etc en gagneraient largement. Le tourisme, les commerces, et les banques en gagneraient aussi tout comme le recensement général de la population, le recueil des données démographiques et épidémiologiques, etc. Alors arrêtons de tout politiser.

Madame Affoussiata Bamba Lamine alors ministre de la communication et porte parole provisoire du gouvernement RDR avait annoncé au sortir d’un conseil de ministres que c’est un projet qui tenait bien à cœur au président Ouattara. Des années sont passées depuis qu’Affoussatou n’est plus ministre. Ce n’est que récemment le 1er juillet 2021 dernier que le groupement IGN FI Geofit et Défis & Stratégies a démarré l’exécution des activités du Projet d’Adressage du District d’Abidjan (PADA).

Prévu pour durer 36 mois, le PADA couvre les 13 communes du District d’Abidjan, réparties en 5 zones. Selon les journaux qui rapportent les faits (L’Intelligent d’Abidjan), au niveau de chaque zone, les activités prévues pour les opérations de numérotation des portes et de panneautage des rues et voies se déroulent sur une durée prévisionnelle de cinq mois. Dans la zone test, les opérations d’adressage devraient démarrer à compter du 25 octobre 2021 pour une durée de 3 mois.

Pour cette phase test, 10 opérateurs (5 superviseurs et 5 enquêteurs) devraient être formés et mobilisés sur le terrain. A noter que dans le cadre de ce projet, un plan de sensibilisation accompagnerait les opérateurs sur le terrain. Il s’agira d’une part, d’assurer aux opérateurs un cadre de travail respectueux des bonnes pratiques notamment environnementales, sociales et sanitaires et d’autre part, de rassurer les riverains pour faciliter le bon déroulement des activités techniques.

Les gouvernements successifs ivoiriens ont tellement fait balbutier le projet d’adressage des rues que nous sommes devenus sceptiques et des “Thomas” à la limite. J’ose croire que cette fois sera la bonne car l’adressage implique le recouvrement de l’information urbaine y compris la cartographie de la ville, la codification des voies, le bon déroulement des enquêtes de recensement. Je souhaite et j’espère que le current projet sous Ouattara ne soit pas abandonné comme les premiers sous les régimes précédents. Cependant, je voudrais me permettre de dire que la Côte d’Ivoire ne se limite pas qu’à Abidjan. L’adressage des rues doit concerner tout le pays et ne doit pas se limiter à Abidjan, ce serait alors aussi un échec si c’était le cas.

Enfin, l’adressage implique aussi l’implantation d’un système informatique simple, développement d’outils de gestion appliqués, en particulier en vue d’améliorer les ressources par une meilleure identification des contribuables. Enfin, selon la Banque Mondiale, l’adressage va bien au-delà de la simple gestion de la ville. En attribuant à l’individu une identité localisée dans la ville, il lui permet de communiquer au sein de la communauté. L’adressage s’impose ainsi comme une condition essentielle à la reconnaissance de la citoyenneté, ce n’est pas un luxe mais un facteur de développement tout court.

Merci.
Dr. Charles Koudou, Administrateur en Santé
Consultant Indépendant en Santé et Développement, USA, Fondateur de la Société Civile Conscience Nationale pour le Développement (CND) www.cnd1.org koudoucharles@gmail.com charleskoudou@facebook.com

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