Les nombreuses saisies de cocaïne et l’arrestation d’importantes personnalités, pourraient indiquer que les trafiquants sont bien implantés dans le pays.
Des Colombiens, des Espagnols, des Italiens, des Nigérians et des Ivoiriens, ont été arrêtés ces derniers jours à Abidjan et à San Pedro, la ville portuaire située dans le sud-ouest du pays, pour une affaire de trafic d’un peu plus de deux tonnes de cocaïne.
Parmi les personnes arrêtées, figurent un haut responsable de la police criminelle, des hommes d’affaires exerçant dans le milieu de la pâtisserie et de la boulangerie, du bâtiment, de l’hôtellerie et de la sécurité privée.
Société écrans
Toutes ces entreprises seraient des sociétés écrans qui serviraient au blanchiment de l’argent provenant du trafic de drogue.
Le journaliste André Silver Konan trouve la situation inquiétante.
« Cela veut dire que le phénomène est inquiétant et certainement que d’autres pourraient dire que la Côte d’Ivoire devient une plaque tournante du trafic de drogue. Je ne sais pas s’il faut employer ce terme. Une chose est certaine : les saisies atteignent un record. Les faits c’est qu’il y a plusieurs personnalités qui sont aux arrêts, qui bénéficient de la présomption d’innocence, qui ont été conduits pour la plupart à la Maca ( Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan ). Mais ils n’ont pas encore été jugés », explique-t-il.
Saisies récurrentes
Cette dernière saisie de cocaïne est certes la plus importante mais elle n’est pas la première. Ces dix dernières années, les autorités policières ont réalisé plusieurs saisies aux frontières ou dans des villas à Abidjan.
Samba David, défenseur des droits civiques et coordonnateur de la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire, dit ne pas être surpris par la circulation de la cocaïne dans son pays.
« Je ne suis pas surpris parce que là où la corruption bat son plein et que des hommes d’affaires deviennent intouchables et sont au-dessus des lois, protégés dans leurs sales besognes par des autorités, on ne pouvait que voir la montée en puissance de la drogue », affirme-t-il.
Intensification de la lutte
Mais, André Silver Konan, soutient que la hausse des saisies est la conséquence d’une intensification de la lutte contre le trafic.
Pour lui, « ces choses éclatent aujourd’hui parce qu’il y a une volonté de lutter contre le trafic de drogue de sorte qu’il y a des enquêteurs qui travaillent sur le dossier et qui travaillent avec des collaborations extérieures. Je pense à la France et aux Etats Unis. »
Le journaliste explique aussi que la Côte d’Ivoire n’est pas la seule destination de l’importante saisie de cocaïne réalisée ces dernières semaines.
« Concernant cette quantité qui a été saisie, selon les informations qu’on a, c’est que c’était davantage destiné au Mali et au Niger notamment, les zones contrôlées par les terroristes. Malgré tout, il y a une forte consommation locale », estime André Silver Konan.
Alors que le trafic de cocaïne transite depuis plusieurs décennies par l’Afrique de l’ouest pour atteindre l’Europe, l’émergence d’un marché local, encore modeste, fait qu’une partie de celle-ci est désormais consommée sur place.
Les adolescents semblent de plus en plus concernés, même si dans leur cas, il s’agit plutôt de consommation de haschich (le nom donné couramment à la résine de cannabis. Il est issu d’une extraction de la résine des fleurs femelles de cannabis et peut être mélangé à des matières à moindre coût pour augmenter sa masse et donc sa rentabilité), endémique depuis longtemps dans la région.
Mais, la baisse des prix de la cocaïne pourrait étendre son emprise sur le monde de la nuit. C’est d’ailleurs déjà en partie le cas dans les bars, les hôtels et les boîtes d’Abidjan.
Source: Dw.com
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