Déclaration commune de l’opposition politique à l’Assemblée nationale lors de l’élection du remplaçant du défunt Amadou Soumahoro.
Lue par Simon Doho, président du Groupe parlementaire PDCI-RDA
Mesdames et messieurs, chers collègues députés,
Qui parmi nous tous ici présents, ce matin, pourrait dire qu’il ne nourrit pas, chaque jour que Dieu fait, ardemment dans son cœur et au plus profond de lui-même, l’espérance, le rêve d’une Côte d’Ivoire plus fraternelle, plus solidaire et plus compétitive parmi les nations ? Nos rêves pour notre pays, la Côte d’Ivoire, notre mère patrie, qu’ils soient individuels ou collectifs, sont alimentés par nos peurs, nos souffrances et nos douleurs. Et nos peurs, nos souffrances et nos douleurs ont pour sources :
Premièrement, les blessures béantes, celles visibles comme celles invisibles que nous avons accumulés pendant plus de 20 ans dans la succession douloureuse des crises que nous avons traversées L’élection présidentielle d’Octobre 2020, hier encore, nous a, à son tour, laissé son triste lot de déchirures et de fissures dans la riche cohésion que nous formions. Des populations entières, de toutes nos régions, continent encore de pleurer silencieusement leurs frères, leurs sœurs, leurs pères, leurs mères violemment arrachés à la vie.
Deuxièmement, nos douleurs sont aussi nourries par la mesure des grands reculs subis par notre pays dans plusieurs domaines stratégiques dont l’éducation, la qualité de la vie dans nos villes et nos villages, la qualité du service publique, la qualité des services de santé, la qualité de l’environnement, les performances de l’agriculture et dans bien d’autres secteurs encore.
Cette réalité est là, sous nos yeux, implacable malgré toutes nos répétitives fuites en avant. C’est cette réalité qui alimente nos peurs du lendemain, nos craintes des futures échéances électorales, celles de 2023 et de 2025. C’est cette réalité qui nourrit, en chacun d’entre nous, le rêve de retrouver la Côte d’Ivoire d’avant, la Côte d’Ivoire arc-en-ciel, riche de sa diversité. Comment transformer nos rêves individuels, en un rêve collectif pour construire une autre réalité, une réalité plus heureuse pour notre nation avec plus de bonheur partagé par toutes nos populations ? Comment reconstruire véritablement une nation plus forte, qui retrouvera pleinement sa place de leadership dans le développement humain, économique et environnemental en Afrique ?
Le philosophe français Paul Dorey a trouvé une réponse dans cette magnifique phrase écrite sur le fronteau du mémorial de la paix dans la ville de Caen en France. Et je cite: “La douleur m’a brisée, la fraternité m’a relevée, de ma blessure a jailli un fleuve de Liberté». Nous pourrions la paraphraser pour dire : «La douleur nous a brisée, la fraternité nous relèvera, de nos blessures jaillira demain un fleuve de liberté ».
La fraternité dont parle le philosophe ici ne correspond nullement au mot que nous prononçons dans nos discours depuis plusieurs années et qui n’impacte en rien la vie de nation. La fraternité apparaît, ici, comme un catalyseur qui a contribué dans des nations proches de nous, à guérir des plaies, à apaiser des douleurs provoquées par de graves crises entre des peuples. En l’activant, ces nations ont fait l’expérience de la transformation de leurs rêves en réalités plus positives au service de la paix, du développement et de la prospérité.
La France, l’Allemagne, l’Europe, les États-Unis d’Amérique ont fait l’expérience de cette fabuleuse métamorphose de l’état d’une nation. Ce sont des volontés politiques, la détermination sans limites de leurs enfants qui ont conduit à ses transformations spectaculaires qui font aujourd’hui de ces pays, de ces nations, des modèles d’un vrai développement durable. Nous aussi, nous pouvons nous sublimer en les imitant, pour tracer ensemble le chemin d’un nouveau destin pour notre nation et transformer nos rêves en réalités pour notre bonheur et celui de nos enfants ainsi que les générations futures. C’est dans notre fragilité commune que nous devons trouver et activer les ressorts de nos liens de fraternité pour relever de nouveaux défis qui alimenteront une vision nouvelle pour notre nation. L’expression profonde de notre fraternité, dans tous nos projets politiques et économiques, e de nos populations, devient donc pour chacun, chacune d’entre nous, un impératif pour réaliser notre rêve commun et nos rêves.
Oui, La Côte d’Ivoire fraternelle est possible. Elle est possible, par la construction d’institutions républicaines, authentiquement démocratiques, consensuelles et fortes dans la durée. Il doit en être ainsi de la CEI, du Conseil Constitutionnel et bien d’autres, qui doivent nécessairement être au service de la démocratie. Elle est possible, avec un partage équitable des richesses de la nation au bénéfice de tous ses enfants. Elle est possible, par une gouvernance administrative et politique qui tiennent compte de la diversité sociologique de notre pays; Elle est aussi possible avec une gouvernance économique caractérisée par une allocation juste et productive de nos ressources financières. La fraternité vraie sera possible si nous retrouvons ensemble les valeurs fondatrices de notre devise : Union , Discipline , Travail. La Côte d’Ivoire fraternelle sera possible grâce à la participation de toutes ses filles et ses fils à un dialogue inclusif profond qui conduise à la construction d’une nation véritablement réconciliée et unie.
Nous sommes ici ce matin, pour mettre ensemble notre fraternité en mouvement. La mort est un moment de séparation et de douleur profonde. Elle devient aussi un moment d’union et de reconstruction de la fraternité souvent disloqué dans nos familles. Hier encore, nous avons observé à Daoukro la Côte d’Ivoire toute entière retrouvée, rassemblée, aux côtés de son Excellence le Président Aimé Henri Konan BEDIE pour partager la même douleur dans notre fraternité. Nous avions aussi observé dans la douleur, le même élan de fraternité lors des obsèques du Président de notre institution, Monsieur Amadou Soumahoro. La mort nous renvoie souvent dans la douleur tous nos regrets, nos manquements, nos fautes, nos erreurs du passé. Elle nous place aussi devant nos responsabilités pour nous engager à un nouveau projet de vie avec ceux et celles avec lesquels nous vivons. Nous n’avons pas le droit d’oublier nos morts avec les douleurs et les déchirures associées qui nous rongent silencieusement et qui neutralisent l’énorme potentiel humain de notre nation. Leur souvenir nous place tous, ce matin, devant une grande responsabilité pour engager ensemble un nouveau projet de bonheur pour notre pays.
Le temps est venu!
Le temps de la Côte rassemblée est venu !
Le temps de la Côte d’Ivoire réconciliée est venu !
Le temps de la Côte d’Ivoire Solidaire est venu !
Le temps de la Côte d’Ivoire fraternelle est venu !
Ce matin toute l’opposition politique représentée à l’Assemblee nationale et sous les autorités des Présidents Henri Konan BEDIE , Président du PDCI-RDA, Laurent GBAGBO, Président du PPA-CI, MABRI Toikeusse, Président de l’UDPCI, veut exprimer son vote pour le renouvellement du poste de Président de l’Assemblée nationale , comme un vote de confiance au Président de la République.
Notre pays a trop souffert de nos divisions et des crises politiques fratricides qui augmentent nos douleurs.
Nous voulons donner notre part de signal, à notre pays, en cette occasion particulière suite au rappel au Tout Puissant du Président de notre institution, pour que le processus de réconciliation tant espéré par tous, devienne enfin une réalité pour tous.
Nous voulons nous engager à nous impliquer pleinement dans la mise œuvre des premiers pas du dialogue politique initié par le Président de la République.
Nous voulons aussi donner un signal d’approbation très fort à l’organisation de la prochaine rencontre de haut niveau des « trois grands » proposée par le Président de la République pour faire avancer la construction d’une paix durable dans notre pays.
Nous voulons renouveler à la Nation toute entière, aux ivoiriennes et aux ivoiriens, à tous les partenaires de notre pays, notre détermination sans faille à contribuer dans l’esprit de la fraternité constructive au redressement qualitatif de notre patrimoine commun, notre patrie, la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, nous appelons à voter OUI pour la Côte d’Ivoire,
C’est pourquoi nous appelons à voter OUI pour le candidat du RHDP en remplacement de l’ancien président Amadou Soumahoro.
Les premiers mots de pardon personnel exprimés par le Ministre Adama Bictogo à l’ensemble de l’opposition pendant les échanges avec tous les groupes ainsi que les premiers signaux d’une dynamique nouvelle au service de la démocratie augurent d’une future contribution positive de l’Assemblée nationale au processus de réconciliation qui s’engage avec Foi.
Nous voulons lui donner notre confiance.
Demain, la Côte d’Ivoire s’éveillera et les générations futures nous seront reconnaissantes d’avoir saisi l’occasion du vote exceptionnel de ce jour pour décider de marquer notre volonté de tracer ensemble le Chemin de la Côte fraternelle et prospère.
L’Histoire retiendra que le PDCI-RDA, le PPA-CI et l’UDPCI ont donné leur confiance au Président de la République pour initier véritablement la Réconciliation et l’accélérer.
Alors la Côte d’Ivoire dira fièrement comme les autres nations… La douleur m’a brisée, la fraternité m’a relevée et de mes blessures a jailli un fleuve de liberté.
Que Dieu vous bénisse tous ! Je vous remercie.
Fait à Abidjan le 7 juin 2022
Pour l’ensemble des Groupes parlementaires d’opposition à l’Assemblée nationale
Simon Doho
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