Ce 1er juin 2022, Monsieur Barthélemy Guislain, Président de l’Association Familiale Mulliez (AFM), propriétaire du « Groupe Auchan », se félicitait, au sortir d’une séance de travail avec le Premier Ministre ivoirien, Monsieur Patrick Achi, de l’ouverture très prochaine en Côte d’Ivoire de 80 magasins de distribution Auchan.
Est-ce là pour la Côte d’Ivoire la solution trouvée à l’imminente famine mondiale tant claironnée dans les médias ?
Est-ce la solution au chômage de la jeunesse ivoirienne, ces 80 magasins de distribution, qui viendront inonder le marché ivoirien de produits pour la plupart français ?
A l’heure où, au sortir de la pandémie de Covid-19 et en pleine guerre russo-ukrainienne, chaque gouvernement responsable semble avoir compris la nécessité de consolider son grenier national afin de renforcer son indépendance alimentaire et se prémunir contre les chocs mondiaux, ne vaudrait-il pas mieux que la Côte d’Ivoire se protège des investissements directs étrangers débridés et s‘investissent à soutenir davantage les entrepreneurs ivoiriens (éleveurs, agriculteurs, transformateurs, épiciers, distributeurs) à moderniser leurs complexes, plutôt qu’a s’ouvrir au dumping sur le marché ivoirien de surplus étrangers – et pas nécessairement de la meilleure qualité ?
Pour nous, il n’y a pas de quoi s’extasier sur l’ouverture en Côte d’Ivoire de 80 magasins géants Auchan. Pour nous, cela ressemble plutôt à une autre belle recette pour tuer les petites et moyennes entreprises ivoiriennes.
Nos gouvernements africains devraient jour et nuit s’atteler au renforcement des petites et moyennes entreprises locales, ce qui entrainera forcément la professionnalisation de notre capital humain (notre jeunesse dynamique et nos femmes battantes qui ne demandent qu’un environnement de business juste et moins contraignant). Au lieu de cela, nos petites et moyennes entreprises se retrouvent dans une compétition injuste et disproportionnée avec de gros capitalistes étrangers qui ne leur laissent que des miettes.
Nous ouvrons grandement nos portes à des investissements directs étrangers, qui arrivent avec des multinationales géantes qui n’offrent à notre jeunesse que des emplois de subalternes.
A ce rythme, les Africains seront réduits à occuper des secteurs d’activités précaires sur les étals le long des rues et aux abords des marchés pendant que les secteurs clés et susceptibles de résister aux chocs économiques sont occupés par des multinationales étrangères.
Cette fascination naïve de nos gouvernants pour la mondialisation que leur vend farouchement l’Occident nous écœure. L’inde et la chine ne seraient jamais devenues les pays fournisseurs du monde, des pays qui nourrissent, éduquent et soignent des milliards de leurs citoyens, si elles s’étaient laissé séduire par les investissements directs étrangers incontrôlés.
Il faut à un certain moment comprendre la nécessité de protéger le business local, les intérêts locaux. Tout n’est pas à vendre ; tout ne doit pas être à vendre ! Le développement n’a de sens que lorsqu’il développe l’humain ; que lorsqu’il change à un coefficient significatif les conditions de vie des populations autochtones. Le développement, ce n’est pas le gros, le grand, le clinquant, le scintillant …
Martial Frindéthié
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