Macky Sall annonce des sanctions contre Conakry et révèle que la Cedeao propose 16 mois de plus à Bamako qui reste accroché sur 24 mois.
[Extrait de l’interview accordée à Jeune-Afrique par le président sénégalais.]
Il affirme que les discussions se passent bien avec Ouagadougou.
Autre motif de préoccupation, qui concerne l’Afrique de l’Ouest en particulier : les coups d’État (au Mali, en Guinée, au Burkina), et ces transitions à durée indéterminée, qui se multiplient…
Tout cela est le reflet de la crise profonde qui frappe ces pays. Les coups d’État ne sont pas pour autant une solution. Ce n’est pas acceptable. Nous avons essayé, dans le cadre de la Cedeao, d’accompagner ces pays afin que leurs périodes de transition soient de courte durée. Une transition, par définition, n’a pas vocation à s’éterniser, il faut être raisonnable.
Bien sûr, si les institutions africaines rencontrent des difficultés avec la Guinée, le Mali et le Burkina, c’est parce que ces pays représentent des enjeux géostratégiques pour l’Est comme pour l’Ouest. La compétition entre grandes puissances rend les solutions difficiles à trouver.
Au Mali, les putschistes sont au pouvoir depuis vingt mois déjà. Nous acceptions de leur laisser seize mois de plus. La junte, elle, a parlé de [rester encore] vingt-quatre mois. J’estime que, en prenant surtout en considération les souffrances du peuple malien, nous pouvons nous mettre d’accord sur une échéance qui serait comprise entre seize et vingt-quatre mois.
Pour la Guinée, la Cedeao va devoir prendre des mesures. Nous étions tout à fait disposés à collaborer avec les nouvelles autorités pour accompagner la transition. Réponse sans appel de la junte : ce sera trente-neuf mois ! C’est impensable. Le Burkina, lui, semble plus raisonnable dans ses discussions avec l’organisation ouest-africaine.
[ Macky Sall à propos des réseaux sociaux]
» On ne peut pas, au nom de je ne sais quelle liberté, passer son temps à porter atteinte à l’honorabilité des citoyens dans l’anonymat le plus total et à créer les conditions d’une rupture des équilibres qui garantissent la stabilité de nos sociétés » ]
Le 3 mai Journée internationale de la liberté de la presse, vous avez annoncé vouloir lutter contre les dérives d’internet et réguler les réseaux sociaux, qualifiés de « cancer des sociétés modernes ». Qu’entendez-vous par là ?
Tout le monde en convient aujourd’hui : les dérives d’internet ne sont plus acceptables. On ne peut pas, au nom de je ne sais quelle liberté, passer son temps à porter atteinte à l’honorabilité des citoyens dans l’anonymat le plus total et à créer les conditions d’une rupture des équilibres qui garantissent la stabilité de nos sociétés. Nous ne pouvons pas laisser un outil aussi puissant que les réseaux sociaux faire fi de toutes les lois, et les fake news gouverner le monde.
Il faut réguler cette activité et faire en sorte que les grandes plateformes qui incarnent ces réseaux soient elles aussi responsables des contenus qu’elles véhiculent. Beaucoup profitent de ces supports : les terroristes, les délinquants, les trafiquants en tout genre, les cybercriminels… Il faut faire preuve de responsabilité.
L’équilibre entre ce contrôle que vous appelez de vos vœux et la liberté est précaire et difficile à trouver….
Tout dépend de ce que l’on veut. On ne peut pas ériger en règle intangible l’injure, le mensonge, la diffamation au motif que « c’est sur internet ». Quand vous vous comportez de la sorte dans des médias traditionnels, comme la télévision ou la radio, la justice s’applique. Il faut donc qu’elle s’applique également sur les réseaux sociaux et que la loi y soit respectée. C’est tout ce que les gens demandent.
La totalité de l’interview à lire dans Jeune-Afrique
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