Dans le dos de la Sodefor à Abidjan Cocody, une entreprise immobilière dénommée “Bonza” réalise ses travaux de construction sur l’emprise d’une évacuation d’eaux pluviales. Ceci, au nez et à barbe de l’Onad. L’office est-il complice ou bien est-il simplement et étrangement impuissant ?
Dans le dos de la Sodefor à Abidjan Cocody, une entreprise immobilière dénommée “Bonza” réalise ses travaux de construction sur l’emprise d’une évacuation d’eaux pluviales. Ceci, au nez et à barbe de l’Onad. L’office est-il complice ou bien est-il simplement et étrangement impuissant ?
Si rien n’est fait pendant qu’il est encore temps, le bassin pluvial situé dans le dos de la Société de développement des forêts (Sodefor) à Abidjan Cocody, sera obstrué. En effet une entreprise de promotion immobilière dénommée “Bonza” construit en ce moment une cité dont la sortie donne dans l’emprise de ce bassin.
Pourtant le bassin en question draine vers la lagune, les eaux pluviales en provenance des quartiers Nord de la Commune de Cocody (Deux Plateaux, Angré et une partie de Riviéra Palmeraie). Ces travaux sont faits, au vu et au su de tous, notamment de l’Office national de l’assainissement et du Drainage (ONAD), structure en charge de veiller à la non occupation de ces domaines sensibles. Le constat a été fait sur place par une équipe de reportage de l’Intelligent d’Abidjan qui s’est rendue sur les lieux, selon un dossier à lire en intégralité paru dans l’édition papier du journal du vendredi 27 mai 2022. (….).
Le cas de l’emprise qui pose problème
Pour ce qui est des travaux dans l’emprise d’évacuation des eaux pluviales, c’est une opération de remblayage qui s’étend sur environ 150 m à l’intérieur du bassin. Soit la moitié de la largeur de cette partie de l’emprise d’évacuation. Selon les informations recueillies sur place auprès de certains ouvriers qui dorment sur le site, cette plateforme remblayée doit servir, à terme, de voie de sortie des futurs habitants de la cité. Ainsi cette voie donnera directement sur le tronçon de boulevard compris entre le pont des Deux Plateaux et celui du Vallon. Une version confirmée par une source jointe à l’Onad. L’attitude de l’Onad fait peser des soupçons de corruption et de protection occulte au sein de l’administration, en faveur des responsables des travaux.
[Les ordres d’arrêt de travaux dans le bassin, royalement ignorés par Bonza ]
Depuis le début de l’année 2022, la partie donnant dans l’emprise d’évacuation est frappée d’arrêt de travaux. L’Onad et le ministère de la construction, du logement et de l’urbanisme ont fait des marques sur cette partie du chantier pour exiger son arrêt. Les marques de l’Onad datent du 5 janvier 2022. Malgré ces mises en demeure, les travaux se sont poursuivis au grand dam présumé de l’Onad. Pour sa part, le Ministère de la construction, du logement et de l’urbanisme a apposé ses marques d’arrêt des travaux, le 11 mai 2022. Mais rien n’y fit à ce jour….
Bouaké Fofana et Bruno Koné ont annoncé l’impossibilité des travaux
L’ampleur des travaux en cours dans le bassin pluvial avec moitié du bassin occupée par l’ouvrage. Photo : DR
Plusieurs sources jointes à l’Onad disent pourtant que Bouaké Fofana (Ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité) et Bruno Koné (ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme) étaient sur le chantier au terme du Conseil des ministres du mercredi 11 mai 2022, pour ordonner l’arrêt des travaux dans le bassin.
« C’est au sortir du Conseil des ministres que nous sommes allés là-bas directement avec les ministres Bruno Nabagné et Bouaké Fofana. Ils avaient commencé quelque chose en aval qu’on a démoli », a affirmé l’une de ces sources à l’Onad. Toutefois jusqu’à la date du 24 mai 2022, jour de notre dernier passage sur le chantier, les travaux de remblayage du bassin se poursuivaient encore. Chose que reconnaît notre source.
« Vous n’avez pas tort. Quand ils se sont fait arrêter, ils ont redémarré les travaux. Cela a été rapporté cette semaine Nous avons fait des courriers. Vous aurez la possibilité de venir le documenter, car votre combat nous arrange aussi. Sur le site, nous avons dit aux responsables des travaux que s’ils ont autant d’argent, pourquoi venir le gaspiller dans ces trous. Les gens sont vraiment bizarres. En tout cas, c’est un dossier suivi, et vous allez le voir. Votre contribution nous aidera aussi. 2 ministres étaient sur les sites. (…) Vos actions nous aident (…) Comment peut-on venir dans un tel trou pour investir autant de millions de FCFA. (…) C’est difficile, mais nous disposons de drones à Abidjan pour voir tout ça. Et quand en plus, quelqu’un nous signale ces situations, cela nous aide », avait notamment confié cette source au sein de l’Onad.
Néanmoins cette source n’a pas voulu se prononcer sur les allégations de complicité impliquant un responsable de l’ONAD à l’insu peut-être du DG. En effet, selon nos informations, approché pour un arrangement visant à tordre le coup à l’orthodoxie en autorisant ces travaux dangereux, Amara Sanogo, DG de l’Onad aurait dit : » Ça il y’a la prison dedans. Je ne peux pas vous encourager pour mettre en danger la vie des populations à cause de l’argent, même si vous avez des milliards pour cela« .
Le chantier de construction dans le bassin pluvial situé dans le dos de la Sodefor, à Cocody. Photo : DR
Face à cette fermeté, les promoteurs ont tenté en vain de joindre des contacts au ministère en charge de l’Assainissement. Informé de la requête gracieuse et régulière faite par de l’entreprise Bonza pour avoir une autorisation avec des aménagements et conditions techniques spécifiques à respecter pour ne pas bloquer l’évaluation des eaux fluviales, le ministre Bouaké Fofana a dit FERMEMENT, CLAIREMENT et DÉFINITIVEMENT NON au cours d’une réunion de cabinet. Alors question : pourquoi et comment les travaux se sont poursuivis et se poursuivent encore ?
Une affaire qui met en danger la vie des populations
Des informations font état de ce que les promoteurs des travaux ont profité d’une période d’intérim et d’absence du Directeur général Amara Sanogo pour négocier avec d’autres responsables de l’Onad .
Ainsi l’entreprise a pu obtenir un document en bonne et due forme pour la poursuite des travaux contre de l’argent. Cela est-il exact ? Quel est la nature du document ? Ou bien s’agit d’une intoxication alors que Bonza a décidé délibérément de braver et de narguer au vu et au de tout le monde l’administration ? Qui ne risque rien n’a jamais rien, dit-on ! Ainsi il s’agit d’une manœuvre pour mettre les autorités devant le fait accompli et en faire prendre acte ! Le coup va-t-il marcher, alors que souvent des espaces bâtis sont détruits et démolis, lorsque malgré des autorisations, des menaces et dangers pour les populations, sont découverts et signalés ?
Les réactions de Amara Sanogo et des autres parties sont attendues
Pour en savoir plus sur ces interrogations, un courrier a été adressé à l’Onad. Selon l’intelligent d’Abidjan, le Directeur général Amara Sanogo, a assuré la rédaction d’une rencontre pour échanger sur la question. Le quotidien dit poursuivre les investigations aussi bien côté du maître d’ouvrage, de l’entrepreneur que du côté de l’Onad et des ministères concernés. Il compte suivre l’affaire et y revenir.
PS : Aux dernières nouvelles, le vendredi 27 mai 2022, une nouvelle mise en demeure a été adressée pour un arrêt des travaux. Ainsi pour l’heure, les travaux sont effectivement arrêtés, en espérant qu’ils ne vont pas reprendre quand la vigilance va baisser.
Charles Kouassi avec Jean-Hubert Koffo
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