La nomination de l’entraîneur français, le 20 mai dernier, a surpris beaucoup d’amateurs de football. Idriss Diallo a fait le choix d’un homme motivé et financièrement abordable. Sa mission ? Gagner la CAN 2023, que son équipe jouera à domicile.
Par Alexis Billebault – Jeune-Afrique
Jean-Louis Gassetne ne s’en cachait pas. Il y a quelques mois, il déclarait qu’il aimerait s’installer un jour sur le banc de touche d’une sélection africaine. Yacine Idriss Diallo, élu à la tête de la Fédération ivoirienne de football (FIF) le 24 avril dernier, lui a offert cette opportunité en le nommant, le 20 mai, sélectionneur de la Côte d’Ivoire pour une durée d’un an, avec une option pour une année supplémentaire.
La condition « fixée par Idriss Diallo pour étirer son séjour en Afrique de l’Ouest ? Atteindre au moins les demi-finales de la Coupe d’Afrique des nations 2023, que la Côte d’Ivoire organisera, même si le président de la FIF assure que « le mieux serait de la gagner »…
Jean-Louis Gasset, attendu au plus tard ce mercredi 25 mai à Abidjan, n’aura pas à qualifier son équipe pour la CAN, puisque le pays organisateur y participe d’office. La Côte d’Ivoire participera bien aux éliminatoires, mais ses résultats ne seront pas pris en compte. Pour ses premiers pas à la tête de la sélection ivoirienne, Gasset dirigera les Éléphants le 3 juin à Yamoussoukro contre la Zambie et le 9 juin face au Lesotho en Afrique du Sud.
Mission commando
Ce choix n’avait rien d’une évidence. Depuis près d’un an et son départ des Girondins de Bordeaux en juillet dernier, Jean-Louis Gasset s’était fait particulièrement discret. Son nom n’avait circulé dans aucun club français ou étranger ces derniers mois.
Le nouveau président ne souhaitait pas renouveler le contrat de Patrice Beaumelle, dont le bail était arrivé à expiration le 6 avril. Beaumelle affichait deux contre-performances : il a échoué à quali »er les Éléphants pour la Coupe du monde au Qatar et n’est pas parvenu à hisser
l’équipe au-delà des huitièmes de « nale lors de la dernière CAN au Cameroun.« Il fallait passer à autre chose, tourner la page. Je savais quel pro »l que souhaitais : un entraîneur expérimenté, avec de la personnalité, pour une mission commando avant la CAN 2023 », explique-t-il.
La FIF a donc lancé un appel à candidatures, a »n de dégager le plus rapidement possible une short-list réduite à trois ou quatre noms minimum. « Des candidatures, la FIF en a reçues plus de vingt. La Côte d’Ivoire reste attractive, surtout dans la perspective de la CAN à domicile », souligne Idriss Diallo. Parmi tous les CV reçus « figurait celui de Gasset, un entraîneur auquel Diallo pensait même avant son élection.
Le sexagénaire a entraîné plusieurs clubs français (Montpellier, Caen, Istres, Saint-Étienne, Bordeaux), été adjoint de Luis Fernandez au Paris SG et à l’Espanyol Barcelone, de Laurent Blancà Bordeaux, au PSG et également en équipe de France (2010-2012). Des références suffisantes pour faire du Français une hypothèse très crédible. « Diallo a également été rassuré par ce qu’il a entendu sur Gasset : compétent, une vraie connaissance du football, un management auquel les joueurs adhèrent, du caractère. Et Gasset n’est pas un homme de conflits, ce qui était un plus », explique un proche du dossier.
Une vingtaine de candidats
Le président de la FIF a également échangé avec Antoine Kombouaré, l’entraîneur de Nantes, lui-même fortement intéressé par le projet ivoirien. Mais le Néo-calédonien, lié à son club jusqu’au 30 juin 2023, a préféré honorer ses engagements.
Rudi Garcia, l’ancien coach de l’AS Roma, Lille, Marseille et Lyon, a également été sondé, mais le technicien a décliné, préférant attendre la proposition d’un club. La possibilité de voir débarquer Garcia à Abidjan semblait de toute manière très réduite, puisque le Français, qui émargeait à 280 000 euros brut mensuel à Lyon, apparaissait inaccessible « financièrement.
D’autres noms, dont ceux de Frédéric Antonetti, Christian Gourcuff l’ex-sélectionneur de l’Algérie –, Frédéric Hantzou Olivier Echouafni ont également circulé, mais la plupart de ces entraîneurs n’ont eu aucun contact direct avec Diallo.
Lors de ses échanges avec Idriss Diallo, Jean-Louis Gasset s’est montré particulièrement motivé par la possibilité d’entraîner les Éléphants. La commission de la FIF chargée de dégager une short-list l’a inclus parmi les sélectionneurs « ivoiro-compatibles », et Diallo a ensuite fait son choix, non sans l’avoir soumis au chef de l’État, Alassane Ouattara, au Premier ministre, Patrick Achi, et au ministre des Sports, Claude Paulin Danho.« Ils m’ont répondu qu’ils me faisaient confiance », explique le dirigeant. Une pratique courante en Afrique, où l’État prend souvent en charge le salaire du sélectionneur et de son staff technique.
Et pourquoi pas Kolo Touré ?
Idriss Diallo n’a pas voulu communiquer sur celui de Gasset, se bornant à préciser que la fédération règlera une partie de ses émoluments. À Abidjan, une des principales activités du moment consiste à spéculer sur le salaire de Gasset. « Rien ne « filtre. On parle de 40 000 à 50 000 euros par mois, hors primes et avantages, mais ce ne sont que des suppositions », évoque un président d’un club professionnel ; Ces sommes sont plus élevées que celle que touchait Beaumelle.
« IL FALLAIT PASSER À AUTRE CHOSE, TOURNER LA PAGE. JE SAVAIS QUEL PROFIL QUE SOUHAITAIS : UN
ENTRAÎNEUR EXPÉRIMENTÉ, AVEC DE LA PERSONNALITÉ »
Jean-Louis Gasset, qui devra résider en Côte d’Ivoire et suivre le football local – ce qui ne l’empêchera pas de se déplacer régulièrement en Europe, où évoluent presque tous les internationaux –, ne débarquera pas en terre conquise. Sa nomination continue d’alimenter les conversations dans les rues d’Abidjan ou sur les réseaux sociaux. « Certains le disent trop âgé, notent qu’il n’a jamais entraîné en Afrique qu’il a plus été adjoint que numéro 1 », résume un autre dirigeant de club de Ligue 1 ivoirienne.
Certains auraient préféré voir nommé l’Ivoirien Kolo Touré, champion d’Afrique en 2015 et actuel entraîneur adjoint à Leicester City (Angleterre, Premier League). Idriss Diallo, qui lit et entend les commentaires, s’en amuse. « Je sais que des Ivoiriens auraient aimé un nom ronfant, quelqu’un de très connu au niveau international, ou un local. Mais un choix a été fait, et je suis persuadé que c’est le bon ! »
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