Journée mondiale Liberté de la presse / En Côte-d’Ivoire, les journalistes attendent toujours des solutions fortes face à la précarité

Les célébrations mondiales de la journée de la liberté de la presse se suivent et se ressemblent en Côte d’ivoire. Les journalistes, principaux acteurs de la presse étaient encore rassemblés à la maison de la télévision après une parade dans les rues de Cocody. De grands discours ont ensuite fait place à la marche. Le président de l’Unjci, la plus grande faîtière des journalistes, les organisations professionnelles des médias, le Cndh, l’organisme étatique de défense des droits humains, l’ambassadeur des États-unis en Côte d’ivoire, le ministère… Tous ont fait de jolis discours. Mais deux retiendront particulièrement l’attention de l’auditoire constitué de journalistes et de professionnels des médias. Le discours d’Evelyne Déba et celui du directeur de cabinet du ministre, M. Adou.
Le premier discours au nom des organisations professionnelles qui a dépeint les dernières évolutions dans le milieu. Une situation loin d’être reluisante aussi bien pour la vie des entreprises que pour l’environnement juridique. Si la porte-parole des Opm se satisfait de l’ordonnance modificative de la loi de 2017 portant régime juridique de la presse en ce qu’elle interpelle ceux qui interfèrent dans notre milieu (blogueurs, activistes des réseaux sociaux), elle marquera sa désapprobation profonde quant au caractère répressif de la nouvelle loi prise par ordonnance. Or, fait-elle entendre, la dépénalisation du délit de presse était un acquis de haute lutte. Elle ne s’arrête pas là. Evelyne Déba dénonce avec force la suspension depuis 4 ans de la subvention à l’impression dans le milieu de la presse imprimée. Une décision gouvernementale lourde de conséquences : fermeture d’entreprises, licenciements, dépôt de bilan, salaires impayés, mort sans assistance de journalistes…
Face à ce lugubre tableau, l’auditoire s’attendait à au moins une annonce rassurante du représentant du ministre de la communication. Que non ! Celui-ci s’est plutôt étendu sur des généralités, s’efforçant de disséquer le thème de cette célébration « le journalisme sous l’emprise du numérique ». Puis Jean Martial Adou, c’est de lui qu’il s’agit, de défendre au nom de son patron, l’ordonnance jugée répressive par les Opm. Il ne dira pas un seul mot de la presse qui se meurt.

En Côte d’ivoire, la liberté de la presse se résume à se satisfaire du classement. On se préoccupe peu du confort de ceux qui ont choisi ce métier combien noble pour le progrès social. Il suffit qu’en période de paix, aucun journaliste ne soit emprisonné, que les journaux appauvris chantent des mélopées pour le régime en place pour qu’on conclue que tout marche.

De quelle liberté de la presse peut-on parler ? Non. Elle est encore bien loin cette liberté tant que les moyens de la liberté seront emprisonnés.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

Commentaires Facebook