Football/Wilfried Bony, sur son retour en 1ère division hollandaise, l’élection à la FIF, le coach national, la CAN 2023… (interview exclusive)

Interview réalisée par Douadé Alexis Gbansé avec Jan Sommerdijk pour Omroep Gelderland TV et Connectionivoirienne

Nous avons rencontré Wilfried Bony (33 ans) sur le complexe d’entrainement du club néerlandais de première division NEC Nimègue [classé 10e actuellement]. L’ancien attaquant des Éléphants de Côte-d’Ivoire termine une séance d’entrainement quand notre équipe de reportage arrive dans cet immense complexe sportif boisé, qui fait la fierté de Nimègue, une ville de près de 200 mille habitants située non loin de la frontière allemande. Le temps en ce début de printemps est beau, ni chaud ni trop froid. Le joueur nous rejoint une trentaine de minutes après l’entrainement. À vue d’œil le costaud, grand renard des surfaces, aux jambes solides, respire la grande forme. Il est légèrement souriant, et comme toujours poli et tranquille, mais concentré. Sporadiquement des fans s’approchent de lui ou attendent à côté, surtout des enfants qui ne cessent de demander des selfies. Le joueur reste populaire dans ce pays où il a véritablement lancé son immense carrière, qui l’amènera à Manchester City de Pep Guardiola et au sommet de l’Afrique avec les Éléphants en 2015.

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Wilfried Bony, ça fait longtemps que les Ivoiriens, vos fans, sont sans nouvelles de vous ? Et là, on vous retrouve du côté de NEC Nimègue en première division des Pays-Bas. Comment allez-vous ?

J’ai été longtemps absent. Il s’est passé beaucoup de choses. Certaines choses étaient prioritaires, mais il fallait que je retrouve un club. En janvier j’ai signé effectivement avec NEC jusqu’à la fin de cette saison. Mais malheureusement j’ai été blessé en février. Cela m’a pris un mois, ou cinq semaines. Maintenant, les choses vont très bien. Je suis de retour sur le terrain. Je vis les choses match par match pour être bien préparé.

À quelle suite peut-on s’attendre ?

Alors, ça se passe bien ! Nous avons un match d’entraînement vendredi. Ensuite, je vais jouer et la semaine d’après aussi.

La Côte-d’Ivoire se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations [CAN] en 2023. Votre dernière sélection avec les Éléphants date de 2019…Pensez-vous pouvoir participer à la CAN au pays ?

La Coupe d’Afrique est encore loin, donc ce n’est pas vraiment un objectif. Ce n’est pas mon premier objectif pour le moment. Le plus important maintenant est de revenir sur le terrain. Mais dans le football, tout est possible. Je ne peux rien en dire pour le moment. Je veux jouer des matchs et après on verra.

On comprend que vous voulez vous concentrer sur votre forme, mais avouez que cette première CAN au pays après celle de 1984 reste quand même est-une source supplémentaire de motivation depuis votre retour ?

Bien sûr, la Coupe d’Afrique dans mon propre pays est une motivation supplémentaire. Une CAN à domicile est spéciale ! C’est comme la Coupe du monde 2014. Je me rappelle que des anciens coéquipiers brésiliens qui n’avaient pas été sélectionnés depuis un certain temps, ont ensuite donné le meilleur d’eux-mêmes parce qu’ils voulaient être là-bas, dans leur propre pays. C’est plus que de la motivation de pouvoir vivre ça en tant que footballeur dans ton propre pays.

N’avez-vous pas peur de faire une rechute ?

Ces [bas] moments font aussi partie du football. Regardez l’Italie, ils gagnent le championnat d’Europe [Euro] et ils ne vont pas à la coupe du Monde. Ces moments sont très courants dans le football, lorsque les choses ne se passent pas comme vous le souhaitez.

Avez-vous des contacts avec les Internationaux ivoiriens dont certains évoluent ici au Pays-Bas ?

Oui, j’ai encore beaucoup de contacts avec eux. Avec Sangaré [PSV] via Instagram. Avec Haller aussi il y a quelques contacts. Je le verrai la semaine prochaine quand nous jouerons contre lui [Ajax].

L’élection du nouveau président de la FIF ce samedi 23 avril. Sory, Diallo et Drogba, un de vos anciens coéquipiers s’affrontent. Comment observez-vous cette situation ?

Il ne s’agit pas de la personne, mais du développement du football ivoirien. Peu importe le candidat choisi. Ce doit être quelqu’un qui peut faire passer le football au niveau supérieur. Comme autrefois, avec le retour des supporters dans les stades. Que les joueurs soient valorisés et reçoivent les meilleurs conseils. Que tout redevienne comme avant. Les querelles surgissent toujours, vous ne pouvez pas empêcher cela. C’est comme en politique. Mais les pions les plus importants sont les joueurs, ils doivent attirer l’attention nécessaire pour que les supporters reviennent également. Comme quand nous étions jeunes.

Pour le poste de sélectionneur national il y a beaucoup de spéculations sur Kolo Touré. Qu’en pensez-vous ?

Je ne peux rien en dire pour le moment.

On ne vous voit pas trop intervenir dans les différents débats autour du football au pays. Pourquoi ? Parlez-vous de la crise avec vos anciens coéquipiers ?

Je suis toujours en contact avec les gens du syndicat [des joueurs] depuis 2019. Comme vous le savez, je ne veux pas être sous les projecteurs en ce moment. Je préfère m’exprimer sur le terrain. Je ne veux pas être au premier plan maintenant, plutôt en arrière-plan. Sinon je parle avec presque tout le monde. Souvent avec certains joueurs avant et après les matches internationaux.

Wilfried Bonny, c’est un grand nom au Pays-Bas. Meilleur buteur [31 buts], soulier d’or en 2013 avec le Vitesse Arnhem, vous vous engagez avec le club rival d’à côté [NEC]. Votre retour dans le championnat hollandais a fait grincer des dents parmi les supporters de votre club actuels et ceux de votre ancienne équipe. Comment vivez-vous cela ?

Pour un footballeur, le plus important est de jouer. Il faut parfois faire des choix dans la vie. Ma famille vit du football. Il y a donc des choix qui sont bons, mais d’autres qui sont aussi mauvais selon les appréciations. Je suis le seul à prendre ces décisions. Je suis responsable de cela. Avant de faire un tel choix, il y a toujours des négociations. Je ne veux pas parler de tout ça maintenant. Le plus important, c’est que j’ai longtemps joué au football aux Pays-Bas, deux ans et demi à Vitesse. J’ai été plusieurs fois en contact avec Vitesse ces derniers mois. Rien n’en est ressorti. Et puis j’ai contacté Fred [conseiller NEC, ancien entraineur a Vitesse]. Il est responsable ici. J’ai été en contact avec plusieurs personnes. J’étais aussi en contact avec Ted [directeur technique NEC, transfuge de Vitesse]. Il savait que je souhaitais jouer au football ici et plus tard, il m’a contacté lui-même. Il m’a demandé si je voulais jouer au football ici. On m’a donné quelques jours pour y réfléchir, mais j’ai tout de suite dit oui. Ted a dit que je devrais réaliser que c’est un rival de Vitesse. Si Vitesse avait répondu positivement, les choses auraient pu se passer différemment. Mais je veux juste jouer au football. Sinon, qui paie mes factures, qui prend soin de ma famille ?

Votre famille ne vous manque pas ?

Nous sommes toujours en contact. Avec ma femme et avec mes enfants. Nous appelons par vidéos tous les jours. Tout se passe bien.

L’éloignement de votre famille restée à Swansea quand vous avez été transféré à Manchester City n’a pas impacté négativement sur vos performances ?

Non non. J’étais déjà en Europe depuis sept ans sans ma famille [Sparta Prague, Vitesse Arnhem et Swansea]. Quand je suis allé à City, ils n’y étaient pas encore. Ça s’est bien passé sans eux de longues années, donc ce n’était pas le problème. C’est mon métier, cela fait partie du football. J’étais en Europe bien avant l’arrivée de ma famille. Je ne voulais pas emmener ma famille partout tout le temps. Une année dans ce pays, puis une autre année dans un autre pays. Je ne voulais pas faire ça à ma famille. J’ai fait installer ma famille à Swansea, car je pensais que je serais longtemps en Angleterre. Je suis un guerrier, je sais d’où je viens.

Pensez-vous prolonger votre contrat ici ?

J’ai signé ici pour six mois. On regarde plus loin, à la fin de cette saison. J’aimerais rester. Mais ce n’est pas moi qui décide, c’est la direction du club qui décide. Et bien sûr, cela dépend aussi de mes performances sur le terrain.

Avez-vous des contacts avec vos anciens coéquipiers de Manchester City, qui reste quand la grande référence de votre immense carrière de footballeur ? David Silva, Aguero, Sterling etc.

Je suis toujours en contact avec Aguero. David Silva, pas si souvent. Avec Gaël Clichy nos contacts sont réguliers. Tout comme avec Vincent Kompany, désormais entraîneur d’Anderlecht.

Quel souvenirs gardez-vous de Pep Guardiola ?

J’ai juste fait la présaison avec Guardiola, puis j’ai été prêté à Swansea. Donc je ne peux pas dire grand-chose sur lui de façon personnelle.

Et votre ancien capitaine chez les Éléphants, Didier Drogba, vos anciens coéquipiers en équipe nationale, ou encore à Issia, à l’académie Cyril Domoraud ?

Je n’ai pas vraiment de contact avec Didier Drogba. Oui, avec Yaya Touré. Avec Kolo Touré encore plus souvent. Cyril Domoraud bien sûr ! Il était le président de l’Académie où j’ai fait ma formation. Grâce à lui j’en suis arrivé là aujourd’hui. J’ai aussi des contacts avec la présidente de mon premier club, Issia Wazy. Je suis aussi toujours en contact avec mes anciens coéquipiers de l’époque.

Vous menez aussi des actions caritatives. On entend beaucoup sur votre grande générosité.

Je soutiens des associations caritatives en Côte d’Ivoire. Je donne beaucoup pour la maladie du sommeil, mais cela n’a pas besoin d’être annoncé partout. Mais je le fais toujours. Je fais ce que je ressens, je le fais avec mon cœur. Je ne vais pas répandre ça partout pour faire de la publicité. Ce n’est pas pour faire le malin, je le fais parce que je le ressens.

Terminons cet entretien avec quelques-uns de vos meilleurs souvenirs durant votre grande carrière de footballeur ?

J’ai participé à ma première CAN en 2012 et j’ai immédiatement perdu la finale. Au total, j’ai participé à cinq Coupes d’Afrique. 2015 a été peut-être ma meilleure année. Après une superbe saison avec Swansea et le transfert à City, nous sommes devenus champions d’Afrique trois semaines plus tard. Ensuite, nous avons gagné la FA Cup avec City. C’étaient des moments forts. Je suis reconnaissant à Dieu d’avoir pu jouer pour ces équipes en ces moments-là.

Alors avant de vraiment se quitter, on se donne rendez-vous à la CAN au pays ?

(Rire) Avec 10 à 15 buts la saison si j’obtiens un contrat pour une autre année ici, ou peut-être ailleurs. Mais ça sera au sélectionneur national d’en décider. Il me reviendra à moi aussi de pouvoir m’adapter à ses idées, à sa philosophie. On verra.

Merci Wilfried Bony !

C’est à vous je dis merci !

Note de la rédaction: Cette interview a été faite le 13 avril 2022. Wilfried Bony ne sera pas présent sur le terrain face à l’Ajax d’Haller ce samedi 23 avril après-midi. L’attaquant ivoirien a quitté l’entrainement ce vendredi avec une blessure à la cuisse (ischio-jambiers). Depuis qu’il a rejoint le club de Nimègue en janvier, Bony a joué deux fois un quart d’heure. Lors de ses débuts en coupe face aux Go Ahead Eagles il a abandonné après être rentré comme remplaçant. Ensuite, contre le Sparta Rotterdam (0-0) il est rentré à quinze minutes de la fin. Tous ces remplacements ont été effectués alors que son équipe jouait à 10 contre 11 après des cartons rouges. La nouvelle blessure pourrait signifier sa fin de saison alors qu’il ne reste que 5 matchs à jouer, estiment certains commentateurs locaux. 

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