L’artisan d’Abidjan, distingué au Salon de l’agriculture de Paris en mars, a choisi de travailler avec des femmes, transformatrices ou planteuses, pour valoriser le cacao.
Par Youenn Gourlay (Abidjan, correspondance)
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Axel Emmanuel Gbaou à l’atelier du village d’Abbé-Bégnini, au nord d’Abidjan, en avril 2022, où les fèves de cacao sont décortiquées avant d’être transformées en chocolat dans son laboratoire de Cocody, dans la capitale économique ivoirienne.
Axel Emmanuel Gbaou parle du cacao comme du bon vin. « Celui-ci n’a presque pas d’amertume, les arômes floraux explosent en bouche », se délecte-t-il en croquant une des fèves qui sèche sur les parcelles d’Ambroise N’Koh, planteur de cacao renommé d’Azaguié, au nord d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Il lui achète une tonne de matière première chaque année. « Son cacao est bio, agropastoral, il est exceptionnel », poursuit l’artisan.
Chocolatier exigeant, Axel Emmanuel Gbaou travaille avec les cacaoculteurs certifiés bio, commerce équitable ou qui ont adopté de bonnes pratiques agricoles. Il repère ainsi les « bons crus » en fonction des « terroirs », de la pluviométrie ou encore de l’altitude des plantations. Une exigence qui lui permet aujourd’hui de fabriquer des tablettes de chocolat de qualité, multi-récompensées et vendues un peu partout dans le monde : en Côte d’Ivoire majoritairement, mais aussi aux Etats-Unis, en France et en Allemagne.
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En mars, son chocolat de Daloa, ville de l’ouest ivoirien, a été distingué « Meilleur chocolat du monde » au Salon de l’agriculture de Paris. « Un chocolat de zone forestière intense en cacao », décrit le créateur de la marque Le Chocolatier ivoirien. Cette récompense est selon lui davantage celle des planteuses et transformatrices qu’il a formées dans cette région de la boucle du cacao. Et vient saluer la démarche de l’entrepreneur : inclure les femmes de planteurs dans la chaîne de valeur de l’or brun. « Au début, j’ai essayé de travailler avec des hommes, mais ça n’a pas marché. Les dames sont plus organisées, plus structurées et font le travail avec le cœur », observe-t-il.
« Le cacao a construit notre pays »
Depuis 2016, Axel Emmanuel Gbaou a formé 2 000 femmes dans différents terroirs cacaoyers du pays. Dans le village d’Abbé-Bégnini, au nord d’Abidjan, elles sont une douzaine à décortiquer les fèves séchées. Elles les vendent ensuite au chocolatier, minimum 3 000 francs CFA le kilo (4,58 euros), soit environ quatre fois plus que les prix du marché. « On est dans le premier pays producteur de cacao au monde et on a un million de planteurs qui vivent avec moins d’un dollar par jour. C’est une situation intenable sur le long terme », assure-t-il pour expliquer sa démarche.
Axel Emmanuel Gbaou termine ensuite la transformation dans son atelier de Cocody, à Abidjan. Mais désormais les femmes du village aussi fabriquent leurs produits finis, ce qui leur assure un revenu supplémentaire. « On fait de la poudre afin d’extraire le beurre de cacao. Et ensuite, on en fait du savon qu’on vend au marché », explique Eliane N’Guessan, présidente de l’association villageoise. Les femmes d’Abbé-Bégnini, aimeraient tout de même avoir davantage de matériel et un local, afin de transformer le cacao en chocolat et « s’en sortir encore mieux » comme M. Gbaou.
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Photo: Axel Emmanuel Gbaou à l’atelier du village d’Abbé-Bégnini, au nord d’Abidjan, en avril 2022, où les fèves de cacao sont décortiquées avant d’être transformées en chocolat dans son laboratoire de Cocody, dans la capitale économique ivoirienne. YOUENN GOURLAY
Source: LemondeAfrique
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