Pourquoi les caniveaux sont-ils laissés ouverts en Afrique ?

“Pourquoi n’avoir pas posé des dalles lors de la construction plutôt que de dégager de grands moyens pour déboucher et nettoyer ces caniveaux de temps en temps? La salubrité et l’embellissement d’une ville peuvent attirer les touristes, les investisseurs mais aussi pour abriter des évènements nationaux et internationaux, dixit Dr Nouffou, enseignant chercheur à l’Université de Ouagadougou au Burkina.

J’ai eu à parcourir quelques pays africains dans le cadre de mes activités professionnelles. Ces pays sont: le Sénégal, la Guinée, le Bénin, le Nigeria, le Congo, le Burkina, et l’Ethiopie. J’ai visité également l’Italie, l’Angleterre, la France comme touriste. J’ai vécu pendant trois ans au Canada en tant qu’étudiant et présentement je vis aux USA après y avoir obtenu mon doctorat. Dans les pays africains que j’ai visités, le constat est le même. De plus, les témoignages convergent quant aux autres pays Africains que je ne connais pas.

Je me permets de citer ces pays juste pour en venir à un problème qui me tient à cœur dans notre société. Il s’agit des caniveaux qu’on laisse ouverts. Mon article ne traite pas de la question de tout ce qui à trait au drainage des eaux mais juste un seul aspect celui des caniveaux ouverts. Ces caniveaux qu’on voit aux abords de nos routes devraient permettre la circulation des eaux de pluie et des eaux usées des ménages afin de réduire les dégâts notamment les inondations. À quelques rares exceptions prêtes, ces caniveaux sont laissés à ciel ouvert alors qu’il faut absolument les recouvrir de dalles. Ces caniveaux sont constamment bouchés par des ordures et par conséquent peuvent entraîner des inondations, l’eau n’arrivant pas à circuler normalement. C’est en Afrique qu’on a des problèmes de nettoyage des canalisations. Pourquoi? On construit les routes et on laisse volontiers ouverts les caniveaux. Et après on se plaint que nos caniveaux sont bouchés et sales. Ne récoltons pas ainsi ce que nous avons semé?

Pourquoi c’est seulement en Afrique que les caniveaux sont ouverts? Dans ces trois pays européens que j’ai visités, je n’ai pas vu de caniveaux ouverts et donc les rues sont propres. Pareille pour le Canada et ici aux USA. Par contre, les pays africains que j’ai visités, y compris mon propre pays la Côte d’Ivoire, les caniveaux sont bouchés parce qu’ils n’étaient pas fermés dès le départ. Comment expliquer cet état de fait? Le plus souvent ce sont les mêmes compagnies qui construisent ces routes. Pourquoi alors prend-on soin de bien faire les routes en Europe et pourquoi pas en Afrique aussi?

Cependant, le problème ne se limite pas qu’à cela puisqu’à l’intérieur même de chaque pays africian, les réalités varient d’une ville à une autre et surtout d’une commune ou d’un segment de quartier à un autre. Par exemple au Plateau, Abidjan, Côte d’Ivoire, certains caniveaux sont ouverts mais ils sont nettoyés régulièrement. Dans la même ville d’Abidjan dans la commune de Cocody, les caniveaux ne sont pas ouverts. S’ils le sont, leur nettoyage est régulier donc les rues sont toujours propres en moyenne. Ce qui n’est pas le cas dans beaucoup d’autres endroits de la même commune de Cocody, pourquoi?

Quelles instructions le constructeur des routes a-t-il reçues? Que stipule le contrat qui lie le constructeur aux autorités en charge de nos routes? Ce phénomène se répète sous chaque régime présidentiel à savoir Houphouët, Bédié, Guéi, Gbagbo, et maintenant Ouattara. En Côte d’Ivoire, devant ma propre maison dans l’une des cités de la Riviera, j’ai fait fermer le petit caniveau qui passe devant ma cour avec des dalles. Le lendemain, j’ai été sommé d’enlever ces dalles parce que c’est contre les règlements de la cité m’a-t-on fait savoir. Tous les caniveaux doivent être ouverts, c’est comme ça. Mes démarches sont restées vaines surtout quand on n’est pas sur place. D’ailleurs quoiqu’il en soit, je ne serai pas écouté.

Poser des dalles ne constituerait- t-il pas un travail de finition eu égard aux énormes efforts mis dans la construction d’une route dans une ville? En effet, je pense que nos autorités en charge des routes n’y accordent pas d’importance peut être certainement pour réduire les coûts des travaux. Tout le monde s’accommode à ces caniveaux ouverts donc personne n’y voit aucun inconvénient en Afrique. C’est comme un fait banal qui est normal aux yeux de tous, autorités, riverains, municipalités, etc.

Pourquoi j’évoque ce problème?

J’évoque ce problème parce que l’insalubrité du cadre de vie environnemental peut avoir un impact direct sur notre milieu de vie et par ricochet, des répercussions sur notre santé. Les canalisations construites pour l’écoulement des eaux sont obstruées par endroits par les déchets solides de toutes sortes, appareils ménagers, ordures ménagères et autres. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la présence des eaux usées dans les caniveaux ouverts, des dépôts d’ordures anarchiques et les incommodités liées aux latrines, favorise le développement des vecteurs de maladies par les mouches et les moustiques.

Les moustiques causent le paludisme qui représente des cas élevés de maladies liées au mauvais assainissement, les maladies diarrhéiques, la rougeole, la conjonctivite, la fièvre typhoïde, la tuberculose, les infections respiratoires aiguës. Quelque soient les explications morphologiques, géologiques, financières, géographiques, politiques, climatologiques, etc, il n’est pas normal de laisser les caniveaux ouverts. Que les autorités en charge de la construction et de l’entretien des routes en prennent sérieusement conscience. Il faut prévoir des systèmes de canalisations des eaux dans tout le pays voir partout en Afrique afin que les gens arrêtent de nous traiter de sales.

J’en conviens encore avec le Dr. Noufou Ouedraogo, qu’il faut que nos dirigeants procèdent systématiquement à la confection et à la pose de dalles à chaque fois que de nouveaux caniveaux sont construits. Il vaut mieux investir dans une solution plus pérenne par rapport aux coûts d’entretien et aux coûts de gestion des ministères créés spécialement à cet effet. Ces caniveaux ouverts deviennent des dépotoirs où certaines personnes défèquent, d’autres y déversent les contenus de leurs wc. Beaucoup d’habitants n’arrivent pas à payer les frais aux agences de collectes des ordures. Alors pour se débarrasser des déchets, ces habitants utilisent ces caniveaux comme poubelles.

En conclusion

Plutôt que de créer des ministres pour faire de la sensibilisation, plutôt que d’effectuer des travaux de curage de caniveaux, pourquoi ne pas simplement poser des dalles sur les caniveaux lors des constructions des routes? Entretenir des ministères est coûteux en Afrique. Il est également coûteux de traiter les maladies causées par la non couverture des caniveaux. Il faut donc des caniveaux fermés. On ne devrait même pas voir ces caniveaux exactement comme en Occident. De plus, il faut renforcer le budget des municipalités pour en assurer la maintenance régulière dans nos villes.

L’on accuse à tort les populations de l’incivisme et de manque d’esprit patriotique. Je dis à tort parce que lorsqu’un endroit est propre avant de jeter des ordures, on réfléchit. Prenez ces mêmes populations qu’on traite de la sorte et envoyez-les à l’hôtel ivoire par exemple. Remarquez bien leurs comportements dans les quartiers et à l’hôtel ivoire. Elles ne jetteront pas n’importe comment les mégots de cigarettes parce que l’endroit est déjà propre donc suscite la méfiance et la crainte de leur part. Elles sont tenues de maintenir l’endroit propre sans qu’on ne leur demande avec des lois ou des gendarmes ou policiers à leurs trousses.

Vous avez beau « déposé sur la table du gouvernement des projets de loi qui portent sur le code de l’hygiène et de la salubrité, celui de l’assainissement. Puis deux mois après, ce code est adopté par le gouvernement pour ensuite être validé par l’assemblée nationale. Ensuite vous procéderez à la sensibilisation et à la communication avant de passer à la phase de la répression », dixit le ministre Bouaké Fofana, le problème de l’incivisme ne sera pas résolu tout comme celui causé par les caniveaux ouverts.

Mettez des gendarmes ou policiers autour de chaque caniveau ouvert, le problème sera toujours sans solution. Vos gendarmes ou policiers encaisseront de l’argent pour laisser les gens satisfaire leurs besoins ou verser leurs ordures ménagères dans les caniveaux ouverts. Oui c’est malheureux mais c’est cela nos réalités ivoiriennes et africaines. La solution idéale est de couvrir de dalles simplement les caniveaux dès la conception de vos travaux de routes.

Merci.

Dr. Charles Koudou, Administrateur en Santé

Consultant Indépendant en Santé et Développement, USA, Fondateur de la Société Civile Conscience Nationale pour le Développement (CAD) www.cnd1.org koudoucharles@gmail.com charleskoudou@facebook.com

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