La Côte-d’Ivoire pourra t-elle échapper à un report de la CAN 2023 ?

A quatorze mois de l’échéance, la question doit être mise sur la table. L’état actuel des stades de San Pédro, Korhogo, Bouaké, et du stade Félix Houphouët Boigny d’Abidjan suscite aujourd’hui des inquiétudes.

Initialemen, le cahier des charges prévoyait que les infrastructures devraient être livrées 12 mois avant le début de la compétition. Puis ce délai fut ramené à 6 mois. Il est clair aujourd’hui que ce délai ne sera pas respecté. La Côte-d’Ivoire ne pourra pas livrer les stades d’ici la fin de cette année comme elle s’y était engagée.

Et pourtant les chantiers ont été lancés en 2018 par feu le PM Amadou Gon Coulibaly. Quatre ans plus tard, hormis le stade de Yamoussoukro, (si l’on exclut Ebimpé ), les autres en sont toujours au gros-œuvre. Les bâtiments sont certes sortis de terre, mais tout le reste est à faire. Rappelons que ces stades devraient être initialement prêts pour la CAN 2021. Les travaux devaient donc prendre deux ans. En Janvier 2019, le président d’alors de la CA, le malgache Ahmad Ahmad s’est rendu à Abidjan pour informer les autorités que la CAN se tiendrait en CI en 2023 et non en 2021 comme prévu. Les autorités avaient pris acte du report de la compétition, tout en réaffirmant haut et fort que le pays serait néanmoins prêt pour 2021. Aujourd’hui le constat est inquiétant, beaucoup d’experts dont le célèbre entraîneur français Claude Leroy qui entraîne depuis quarante ans des sélections africaines, estiment que la Côte-d’Ivoire ne sera pas prête en Juin 2023.

Dans une conférence de presse animée le 31 mars 2022, Madame Mariam Koné Yoda, Directrice Générale de l’ONS, et membre du COCAN (Comité d’Organisation de la CAN) s’est voulue rassurante en donnant certaines statistiques. Ainsi le stade de Bouaké serait achevé à 94%, celui de Korhogo à 64%, celui de San Pedro à 70%, celui de Yamoussoukro à 98%, celui d’Ebimpé à 95%, enfin le stade FHB d’Abidjan serait achevé à 25%. On aurait aimé comprendre la méthode de calcul qui permet d’obtenir ces pourcentages.

L’état des chantiers n’incite pas à l’optimisme. C’est un fait. Le stade FHB d’Abidjan nécessitera au moins trois ans de travaux supplémentaires, selon les analystes. Le stade d’Ebimpé par exemple doit être desservi par une autoroute. La route actuelle ne pourra pas supporter le trafic généré par la CAN. Or le chantier de l’autoroute de contournement d’Abidjan, qui doit passer à proximité du stade, en est toujours à ses balbutiements. En septembre 2021, la CAF avait refusé d’homologuer le stade de Yamoussoukro en faisant la liste des points critiques. 6 mois plus tard, le stade n’est toujours pas livré. C’est dire qu’il reste du travail malgré les clichés qu’on aperçoit sur le net. Les stades de Bouaké, Korhogo et San Pedro, sont bien loin de toute finition. Il y a aussi les infrastructures annexes, les villas, les terrains d’entraînement, la mise aux normes des aéroports etc… Etc… Il est difficile de croire que tout puisse tenir sur quatorze mois.

Cette lenteur dans les travaux n’attire pas vraiment l’attention de l’opinion, qui a les yeux tournés vers l’élection du président de la FIF, alors que l’organisation de la CAN est un challenge beaucoup plus important pour la pays.

Une autre question doit aussi être mise sur la table dans le sillage de la CAN. Qui du président du COCAN François Amichia, ou du Ministre des sports Danho Paulin, est le véritable patron de l’organisation de cet évènement ? Sur le papier, c’est bien François Amichia. Mais dans les faits, la bataille de leadership est rampante entre les deux hommes.

En janvier dernier, une première crise avait éclaté au grand jour sur le choix des membres du COCAN. Le PM Patrick Achi avait abrité en proposant une « liste consensuelle » qui tenait compte du choix des deux parties. En vérité, il aurait dû crever l’abcès en réaffirmant de façon claire l’autorité de François Amichia en tant seul patron de l’évènement. La question de leadership aurait ainsi été tranchée dans le vif. Cela aurait mis de la clarté dans l’organisation de l’événement.

Beaucoup avaient fustigé le Cameroun pour le report de la CAN 2021. Mais il faut savoir que le nombre de pays participant est passé de 16 (au moment où l’organisation était attribuée au pays) à 24, deux années avant l’échéance. Il a fallu programmer de nouvelles infrastructures. Et cela a eu une incidence globale sur la capacité de la nation à tenir ses engagements. La Côte-d’Ivoire elle n’aura aucune excuse. Le PM Patrick Achi est interpellé.

En Janvier dernier, la presse faisait état de ce que le Président était mécontent de lui, du fait de la lenteur dans l’exécution des réformes. On a vu le ministre des infrastructures économiques, se rendre sur le chantier du quatrième pont d’Abidjan en janvier 2022 pour signifier à l’entreprise contractante que le Président de la République exigeait que l’infrastructure soit livrée en fin d’année 2022.

En fait il n’y a pas que les stades, c’est l’ensemble des infrastructures en cours en ce moment dans le pays qui souffre de retards inexplicables. Le PM Patrick Achi doit davantage descendre sur le terrain comme ses prédécesseurs Amadou Gon, et Kablan Duncan qui était connu pour mettre une pression maximale sur ses ministres.

Tous les chantiers en cours dans le pays doivent accélérer, et prioritairement les chantiers de la CAN 2023.

Douglas Mountain
Le cercle des réflexions libérales / oceanpremier4@gmail.com

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1 réflexion au sujet de « La Côte-d’Ivoire pourra t-elle échapper à un report de la CAN 2023 ? »

  1. ===== LA CAN, UN ACCÉLÉRATEUR DE DÉVELOPPEMENT DES PAYS AFRICAINS ? =====

    Nous sommes au 1er Avril 2022. On connaît les pays chargé de l’organisation de cette compétitions pour les deux prochaines Éditions CAN 2023 (CI – Juin 2023) et CAN 2025 (GUINEE …).

    Qu’il s’agisse du Cameroun de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, le passage obligé des Comités de Normalisation s’est avérée indispensable.

    Pour différentes raisons également, le report de la compétition s’est imposé à tous.

    Quand on voit le cahier de charges de cette compétition, dans le contexte de plusieurs crises mondiales, on ne peut que s’étonner de l’incapacité de la CAF à se remettre en cause !

    La Guinée dont on connaît le contexte politique et institutionnelle à t elle la CAN comme objectif immédiat ? Et en a t elle objectivement les moyens ? Faut il attendre 2024 pour se rendre compte que le cahier de charges est impossible à tenir pour proposer un recul du calendrier ?

    A supposer que 2027 soit la future échéance après la CAN 2025, qui va organiser celle ci après la Guinée ? Ne faut il pas revoir complètement le dispositif de planification de cette compétition majeure pour donner 6 à 10 ans aux futurs pays organisateurs ?

    Faute de quoi une certaine solution de facilité consistera à donner des mines entières voire d’énormes droits de pêche aux chinois ou autres en compensation d’une assistance appuyée pour sortir de terres des infrastructures, bonnes pour une compétition et qui nécessiteront des séries de mises à niveau ! On imagine aussi des recours frileux à des financements extérieurs à des taux loin d’être préférentiels….pour faire face en même temps à de déficits budgétaires importants !

    Quand on voit le gâchis fait dans certains pays de ces installations coûteuses de la CAN, l’exemple du Gabon est visible, on peut s’interroger sur cette empressement à accepter d’organiser cette compétition, alors qu’il y a des projets importants en cours de réalisation !

    La Côte-d’Ivoire a les moyens de terminer à temps ces chantiers. Mais ce sera certainement au prix de quelques retards sur d’autres réalisations importantes en cours. Des aménagements de calendriers sont difficilement évitables après la pression budgétaire, d’une part sur les dépenses de sécurité dans un contexte de plus en plus tendu dans le Nord de notre pays et les conséquences
    de la pandémie du coronaires sur nos fragiles économies ! D’ailleurs qui peut prévoir de quoi demain sera t il fait avec la guerre russo ukrainienne, en termes de déstabilisation de la sécurité alimentaire dans le monde et donc du renchérissement de tous les prix sur le marché..local ?

    Des raisons qui devraient inciter l’ONS à changer sa stratégie de communication en optant pour une plus grande transparence et une collaboration active avec les organes de presse.

    La presse fait partie du dispositif de la préparation de cette compétition majeure et ne pas l’avoir avec soi c’est aller au devant d’inutiles conflits !

    ======== LE DANGER DES CHIFFRES (TAUX DE RÉALISATION) DES PROJETS =====

    Effectivement des méthodes existent pour estimer les taux de réalisation des projets BTP…

    Ces méthodes élaborées par des cabinets occidentaux ne prennent pas toujours en compte les réalités actuelles du monde (survenue du COVID et ses multiples variétés !). Des villes sont en confinement en Chine gros pourvoyeur d’équipements pour les entreprises engagées sur nos chantiers…

    De multiples décisions modificatives du contenu du cahier de charges en cours de réalisation suite, soit à des interventions-injonctions, soit à remisés en cause de choix déjà validés, rendront caducs des taux de réalisations présentés sans véritable communication sur …la méthodologie d’implémentation de ces indicateurs !

    On l’a à nos dépends ! Un stade pratiquement achevé (Yamoussoukro), n’était pas conforme au cahier de charges. On a eu l’excuse de dire qu’il n’était pas encore livré ! Dans ce cas précis la composante pelouse à elle seule, peut bloquer la progression de ce taux global de réalisation !

    ===== TAUX DE RÉALISATIONS, TAUX DE DÉCAISSEMENTS ======

    L’indicateur dont il faut aussi disposer c’est le niveau de règlements des dettes envers les entreprises intervenant sur ces projets. Conformément à ce qui prévu dans le contrat signé !

    On ne peut pas en vouloir aux entreprises si de petits malins s’agrippent et s’agitent autour de la chaîne de paiement des entreprises de la CAN !

    Vous m’avez bien lu. On s’est bien compris.

    Bon début de Ramadan ! (Y compris aux coupeurs de route dans nos régies financières) !

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