Le 17 mars 2022, le gouvernement malien décidait de suspendre RFI et France 24 coupables à ses yeux de propagation de fausses nouvelles visant uniquement à discréditer les autorités de la transition et à monter le peuple malien contre elles.
Dès qu’il eut connaissance de la mesure, Emmanuel Macron demanda à la Cédéao et à l’Union africaine de “prendre les décisions qui conviennent, et que la France appuiera comme nous l’avons fait à chaque fois, pour que à la fois les violences et la fermeture, le déni de l’information et du droit des journalistes à librement informer puissent cesser”.
Passer par deux organisations honnies et vomies par les peuples africains pour obliger les autorités maliennes à revenir sur leur juste décision est à la fois un aveu d’impuissance et un signe de lâcheté.
Car, si Macron était aussi fort qu’il essaie de le faire croire à ses compatriotes, il aurait dû régler le problème directement avec Assimi Goïta. Dommage qu’il tarde à comprendre que le Mali n’est pas dirigé par des larbins et des soumis. Le Mali nous enseigne que notre tâche, aujourd’hui, est de répondre du tac au tac, de pratiquer la réciprocité, de ne plus laisser de petits prétentieux déverser des mensonges sur nous ou nous piétiner. La loi du talion (œil pour œil, dent pour dent), déjà présente dans le Code d’Hammourabi (1792-1750 avant J.-C.), doit leur être appliquée. Il n’est plus question de tendre l’autre joue.
D’ailleurs, Jésus lui-même ne la tendit pas lorsqu’un garde le gifla pendant son procès (Jn 18, 23). Paul non plus (Ac 16, 22) parce que l’invitation à aimer nos ennemis et à prier pour ceux qui nous persécutent ne nous dispense pas de protéger ou de défender les nôtres, de résister au mal (Denis Kennel, https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/tendre-lautre-joue/), parce qu’il ne faut pas “confondre l’éthique personnelle et prophétique du disciple de Jésus-Christ avec une éthique sociale propre à gérer les rapports de force dans une société résolument rebelle à l’ordre de Dieu, parce que Jésus ne disculpe pas la violence sociale (en l’occurrence gifler, prendre la tunique ou réquisitionner), ne la dépénalise pas, parce qu’il n’est pas ordonné aux disciples de Jésus, dans le Sermon sur la montagne, d’hypothéquer les intérêts des autres, et encore moins ceux des groupes qui auraient été confiés à leur garde, dans le cadre d’une responsabilité sociale: dans le cadre d’une entreprise, les droits de leurs employés; dans le cadre politique, les droits des citoyens qui leur ont confié la gestion de leurs intérêts; dans le cadre de l’armée ou de la guerre, les droits des hommes qui sont sous leur commandement, etc.” (Michel Johner, https://larevuereformee.net/articlerr/n225/%c2%ab%c2%a0si-quelquun-te-frappe-sur-la-joue-droite-tends-lui-aussi-la-gauche%c2%a0%c2%bb-meditation-biblique-sur-lethique-du-sermon-sur-la-montagne).
On peut imaginer que c’est pour défendre leurs intérêts que la France et les autres pays européens ont interdit les médias russes (Sputnik et Russia Today) sur leur territoire. Pourquoi, au nom de ce qui est bon pour eux, les Maliens ne suspendraient-ils pas RFI et France 24 ? Les Africains, qui le souhaitent, sont libres de pardonner les crimes et l’arrogance de la France mais il serait malvenu de demander à ceux qui sont à la tête du Mali, pays laïc, de tendre l’autre joue quand ils sont moqués, insultés ou méprisés.
Jean-Claude DJEREKE
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