Présent à Songon Agban le 19 mars dernier lors de la visite de Laurent Gbagbo à la communauté Ebrié, le chef du village d’Anono a donné son avis sur le discours tenu par l’ancien chef d’état. Le fondateur du PPA-CI s’était élevé contre ce qu’il a qualifié d’injustice faite au peuple Ebrié d’Abidjan. Eux qui ont perdu des milliers d’hectares de terre avec l’extension de la capitale économique. Nandjui Djorogo Sévérin, c’est de lui qu’il s’agit, estime que Laurent Gbagbo a touché du doigt un problème majeur que tout propriétaire terrien à Abidjan n’ignore pas. Selon ce chef traditionnel, Laurent Gbagbo a dirigé la Côte d’ivoire et est au fait des problèmes de l’urbanisation galopante d’Abidjan.
Dans un entretien accordé à connectionivoirienne.net, Nandjui Djorogo soutient que les Ebrié ont été expropriés de plusieurs hectares de terres pour les besoins d’investissements publics à Abidjan sans qu’ils n’aient reçu des compensations conséquentes. Pour Anono, il cite les constructions de l’école de police, de l’université Houphouët Boigny, de la résidence de Thérèse Houphouët Boigny … qui ont avalé des plantations d’autochtones Ebrié. Ni compensation financière significative, ni quota réservé à leurs progénitures à l’école de police ou à l’école de gendarmerie.
Comme solution durable, il propose que l’état prévoie une ligne budgétaire spécialement dédiée aux villages Ebrié qui ont tout perdu pour les besoins du développement d’Abidjan. Sa colère est grande quand il fait observer que chaque régime qui a dirigé le pays a nommé des cadres Ebrié certes, mais que tous ont péché par des considérations politiques. Tous, dit-il, ont plutôt travaillé pour des intérêts partisans que pour le compte des populations Ebrié dans leur ensemble. Le cas le plus emblématique, a-t-il dénoncé, est celui de l’actuel gouverneur du District d’Abidjan, Robert Beugré Mambé. Selon le chef Djorogo, son village Anono serait ainsi relégué au second rang dans les investissements publics parce qu’il aurait décidé de rester un chef non aligné politiquement. Plus précisément parce qu’il aurait catégoriquement refusé d’adhérer au Rhdp.
Pour lui, ce qui soulagerait les villages Ebrié qui continuent de perdre des terres, c’est ni plus ni moins, une subvention qui émanerait d’un décret présidentiel. C’est le lieu pour lui de rappeler qu’un protocole d’accord avait été signé le 9 février 1970 avec l’état dans le sens d’une meilleure compensation. Cet accord, regrette-t-il n’a pas été respecté. Et la galère continue pour les Ebrié. Anono en particulier n’a plus de terre pour étendre son cimetière ce qui va contraindre le village à déterrer des restes humains dans l’avenir pour procéder à de nouvelles inhumations.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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