Non-respect d’embargo – La Côte-d’Ivoire somme ASKY Airlines d’arrêter sa desserte de Bamako depuis Abidjan via Conakry

Depuis le 9 janvier 2022,les liaisons aériennes sont officiellement
suspendues entre le Mali et 13 pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est la
conséquence de l’embargo terrestre et aérien imposé par la CEDEAO pour
faire fléchir les autorités militaires de Bamako et faciliter le retour
à l’ordre constitutionnel. En dépit de cette décision, ASKY, la compagnie
panafricaine, maintient ses vols vers la capitale malienne avec quelques
réaménagements.

Dans une lettre adressée au DG d’ASKY, le 24 février 2022, et dont notre
rédaction a eu copie, le patron de l’Autorité nationale de l’aviation
civile de Côte d’Ivoire (ANAC RCI), Sinaly Silue, constate avec désarroi
qu’ASKY opère/« sur la liaison Abidjan/Bamako via Conakry au mépris de
la décision » /de la CEDEAO imposant une fermeture des frontières
terrestres et aériennes avec le Mali.

En procédant via Conakry, ASKY profite en effet de la brèche guinéenne
pour contourner les sanctions de la CEDEAO. La Guinée, également dirigée
par une junte militaire — qui a pris le pouvoir en septembre 2021 —, ne
s’est jamais reconnue dans cette décision de la CEDEAO puisqu’aussi
suspendue de l’institution. Le pays a toujours maintenu ses frontières
« ouvertes à tous les pays frères conformément à sa vision
panafricaniste ».

Face à cette supercherie, l’ANAC RCI a instruit le transporteur privé
togolais « de suspendre, dès réception de la présente, l’exploitation
des droits de trafic passagers sur la liaison Abidjan/Bamako et
vice-versa ». «Des instructions seront données aux structures
aéroportuaires concernées pour un strict respect de cette mesure »,
insiste Sinaly Silue.

Parallèlement, ASKY propose aussi une route Lomé-Conakry-Bamako, cinq
fois par semaine. Interrogé par notre rédaction sur le maintien des vols
vers le Mali, Nowel Ngala, directeur commercial de la compagnie,
explique : /« //ASKY est une compagnie aérienne privée et une entreprise
privée sans investissements gouvernementaux. L’embargo indique la
fermeture des frontières, mais n’empêche pas les compagnies aériennes
dans notre cas de voler, en particulier une fois que nous avons trouvé
une voie ouverte vers le marché. C’est pourquoi notre vol opère
désormais suivant la route LFW-CKY-BKO au lieu de LFW-BKO-CKY pour
éviter les autres espaces aériens concernés […] C’est un problème
politique, mais nous avons un argument juridique et c’est ce que nous
utilisons ».

Il faut rappeler que dans la foulée de la décision de la CEDEAO,
plusieurs autres transporteurs à l’instar d’Air Burkina, Air Côte
d’Ivoire et Air Sénégal ont suspendu leurs liaisons vers le Mali. En
revanche, Sky Mali en avait plutôt profité pour lancer son nouveau
service Bamako — Conakry.

Si Bamako est aujourd’hui sous le coup des projecteurs, c’est qu’en
effet, à la suite d’un double coup d’État (août 2020 et mai 2021), la
junte au pouvoir avait promis d’organiser des élections au plus tard en
février 2022. Une échéance qu’elle a finalement prorogée à cinq ans,
suscitant les vives protestations des chefs d’État de la CEDEAO.

Avec https://newsaero.info

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