Cherté de la vie: Les vérités de Jean-Baptiste Koffi (porte-parole des consommateurs) à Achi Patrick

Ce jeudi 24 février, le Premier ministre Patrick Achi, chef du gouvernement ivoirien, a reçu en audience les organisations des consommateurs. Cette audience qui a duré environ 45 minutes a eu lieu dans la salle des conseils de gouvernement à la Primature. Et le choix des organisations des consommateurs pour porter leur parole s’est porté sur le président de la Confédération des Organisations des Consommateurs de Côte d’Ivoire (COC-CI), Jean-Baptiste KOFFI.

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Ce dernier n’a pas mâché ses mots ni occulté les préoccupations des consommateurs ivoiriens. Des vérités crues. Morceaux choisis du discours de JB KOFFI.

«Excellence Monsieur le Premier Ministre, une audience comme celle-ci est une occasion offerte aux organisations des consommateurs pour marquer une pause, et jeter un regard critique sur la situation des droits du consommateur dans le pays, pour apprécier les acquis certes, mais surtout interpeller les autorités sur les insuffisances et disfonctionnements à corriger en matière de droit et protection des consommateurs.

Aussi, permettez-nous de sacrifier à cette tradition en portant à votre connaissance quelques faits dans l’espoir de les voir corriger.

Ces faits peuvent être regroupés en trois grands points.

-La lutte contre la cherté de la vie

-Le respect du droit à la représentation des consommateurs

-Le défaut de subvention des organisations de consommateurs.

De la lutte contre la cherté de la vie.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, en faisant le choix du libéralisme économique, le gouvernement a opté pour la lutte contre la vie chère à travers le libre jeu de la concurrence.

A l’épreuve du terrain, avec la pandémie à covid-19 qui perdure et perturbe toutes les prévisions, ce choix a montré ses limites, poussant même le gouvernement à interférer dans le mécanisme de fixation de prix par le moyen exceptionnel de plafonnement de prix, malheureusement limitées à six mois maximum.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, ce n’est un secret pour personne, la vie devient de plus en plus chère. Les consommateurs sont dans la tourmente et posent beaucoup de questions.

-Pourquoi en cette année 2022, la Côte d’Ivoire, notre pays est encore assujetti à la saisonnalité des produits vivriers, poussant les consommateurs à débourser toujours plus d’argent pour se nourrir convenablement ?

-Pourquoi les prix des loyers d’habitation croissent sans cesse, rendant difficile l’accès aux logements décents pour les économiquement faibles ?

-Pourquoi une hausse de 20 Fcfa sur le litre du super sans plomb peut-elle occasionner une augmentation disproportionnée de 150 Fcfa à 300 Fcfa voire plus sur certaines lignes de transport alors que cette activité est sensée utiliser le Gasoil dont le prix est demeuré stable ?

-Les consommateurs s’interrogent et sont inquiets de la suspension depuis deux ans du contrôle des instruments de mesures ouvrant ainsi un boulevard aux commerçants véreux et exposant les consommateurs à des produits de qualités douteuses.

-Les consommateurs sont inquiets et sont obligés de s’interroger également sur la nécessité de la création du Conseil National de la Consommation (CNCO), institution prévue par le CODE DE LA CONSOMMATION qui ne dispose pour tout budget de fonctionnement que de 25 millions de Fcfa sur un montant de 293 millions Fcfa attendus. Une véritable arme sans munition pour les consommateurs.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, le chapelet des attentes et insatisfactions est encore long, mais nous vous prions déjà de bien vouloir examiner avec l’attention qui sied toutes les préoccupations évoquées plus haut.

Dans l’urgence et pour faire face à la dégradation sérieuse du pouvoir d’achat actuelle des consommateurs, les organisations de consommateurs proposent une plus grande implication de l’Etat dans la régulation des prix de certains produits et services.

Cela passe par la révision du Décret 98-764 du 31 décembre 1998 portant modification de l’annexe du décret N°92-50 du 29 janvier 1992 relatif à la règlementation de la Concurrence et des prix, modifiés lui-même par le décret N°97-340 du 12 juin 1997.

L’annexe de ce nouveau décret fixant la liste des produits et service régulés devra prendre en compte l’alimentation, le logement et le transport qui représentent à eux trois plus de la moitié du budget des ménages.

Nous suggérons de voir sur cette annexe :

-Le Riz

-Les céréales locales (mais, mil, sorgho…),

-Les Huiles alimentaires,

-Les Intrants agricoles,

-Le Sucre

-La Farine boulangère,

-Le Pain,

-Le Lait et produits de laiterie,

-Les poissons frais et congelés

-La viande de bœuf et de mouton

-Le Savon,

-Les loyers des habitations.

-Le Ciment,

-Les Fers à béton,

-Les Tôles,

-Les services de transport,

-Les services de parking.

La révision effective du décret susvisé traduirait pour les organisations de consommateurs, la reconnaissance par le gouvernement des nombreux sacrifices déjà consentis par les consommateurs. Elle traduirait également en acte concret, la volonté affichée de nos hautes autorités de faire ruisseler la croissance économique nationale vers le bas notamment vers les consommateurs.

A la révision du décret évoqué plus haut, pour contenir la hausse des prix, les organisations de consommateurs rappellent l’urgence de la mise en œuvre des mesures structurantes, notamment la mise en place d’une politique agropastorale ambitieuse basée sur les techniques modernes de production et capable de sortir le pays des saisonnalités pour garantir notre autosuffisance en cultures vivrières, élevage de bovins, d’ovins etc.

Du respect du droit à la représentation des consommateurs

Excellence Monsieur le Premier Ministre, il y a un certain nombre de réformes entreprises ces dernières années qui ont porté un coup très sévère aux droits des consommateurs, surtout le droit d’être entendu ou droit à la représentation des consommateurs qui a connu un recul dans notre pays.

Il s’agit notamment de :

– la restructuration du conseil d’administration de la RTI qui a vu la suppression de la représentation des consommateurs ;

– le passage du Conseil National de la Communication Audiovisuelle à la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, qui a emporté la représentation des consommateurs au conseil d’administration ;

– l’absence de représentation des consommateurs dans les nouvelles structures en charge du transport depuis la disparition de la SONATT et l’AGETU ;

– l’absence de représentation des consommateurs au niveau du régulateur de l’énergie ANARE-CI et du régulateur des télécommunications ARTCI;

– la suppression de la représentation des consommateurs au sein de l’Autorité Nationale de la Presse (ANP) ex-Conseil National de la Presse (CNP).

Pour ne citer que ces exemples-là, Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’ensemble des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire souhaitent vous rendre ainsi qu’à son Excellence Monsieur le Président de République un hommage plus grand à la Journée Mondiale des Consommateurs le 15 mars prochain, pour avoir rétabli les consommateurs dans leur droit d’être entendu au sein de toutes ces structures et ainsi que dans tous les conseils d’administrations, les conseils de gestions, les Agences et Agences d’exécution où se prennent des décisions qui impactent le quotidien des consommateurs.

Du défaut de subvention des organisations de consommateurs.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, les organisations de consommateurs ont deux missions essentielles.

La 1ère consiste à faire la promotion des droits des consommateurs, c’est-à-dire faire connaitre aux consommateurs leurs droits.

La 2ème consiste à défendre les intérêts des consommateurs lorsque ces intérêts sont menacés.

Si la 2ème mission est la plus connue de tous, la 1ère est de loin la plus importante car elle consiste à transformer les consommateurs, pour en faire des consommateurs avertis, capable de se prendre en charge en matière de défense de leurs droits. C’est une mission pédagogique qui demande beaucoup de temps et surtout de moyens financiers qui font malheureusement défaut aux organisations de consommateurs.

Nous fonctionnons sur fonds propres pour accomplir des missions pourtant d’utilité publique. Pour cette raison, Excellence Monsieur le Premier Ministre, nous plaidons pour qu’à l’instar des centrales syndicales, il soit accordé une subvention de fonctionnement aux organisations de consommateurs pour accomplir efficacement leur mission.

Nous plaidons également qu’à l’instar de la Maisons de la Presse des Journalistes, il soit érigé ou mis à notre disposition, une Maison des Consommateurs, qui sera le cadre privilégié d’échange entre pouvoirs publics, opérateurs économiques et consommateurs.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, les consommateurs, nous en voudront si nous n’abordons pas la délicate et vitale question de la revalorisation salariale face à l’accroissement sans cesse des charges des ménages. L’opportunité, la période et le niveau sont laissés à votre discrétion. Pensez-y.

C’est sur ce dernier pic de rappel vital et essentiel, que nous voulons clore nos propos en vous disant encore Merci à vous Monsieur le Premier Ministre, pour tout ce que vous faites et continuerez de faire pour les consommateurs.

Nous vous prions de bien vouloir transmettre à son Excellence Monsieur le Président de la République, toute la reconnaissance du mouvement consommateur pour sa promptitude à se saisir du dossier de la cherté de la vie dès son retour de mission à l’extérieur.

Merci au Ministre du Commerce et de l’Industrie, Mr SOULEYMANE DIARASSOUBA, pour le travail collaboratif avec les organisations de consommateurs,

Nos remerciements vont également à l’endroit de l’ensemble des membres du gouvernement, qui sont toujours à la tâche pour le bonheur des consommateurs.

Vive les consommateurs avertis !!

Pour que vivent un mouvement consommateur fort dans notre pays !!»

Propos retranscrits par ….

NB: Les Photos suivront SVP.

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