L’Enquête du jeudi :Côte d’Ivoire. Santé. Des vendeuses de méd
Plusieurs fois déguerpies, ces femmes du marché Roxy sont toujours là. En plein cœur d’Abidjan dans la commune d’Adjamé, ce vaste marché de médicaments prohibés semble avoir de beaux jours devant lui.
Déguerpi à maintes reprises
Plusieurs opérations de déguerpissements ont eu lieu sur ce marché afin de mettre fin à la vente des médicaments vendus dans des conditions inappropriées. Le 3 mai 2017, une vaste opération a été menée par le ministère de la santé et de l’hygiène publique dans ce marché. Une centaine d’agents des forces de l’ordre du comité national de lutte contre le trafic illicite et la contrefaçon des médicaments (Cotramed) ont investi le lieu très tôt le matin. Cette opération a permis de saisir 40 tonnes de médicaments.
Le 6 octobre de la même année, une autre opération de déguerpissement a eu lieu. Toujours, sur ce même marché, 4 tonnes de ces médicaments ont été saisis dans deux magasins de stockage le 18 décembre 2019.
En 2021, dans le cadre des opérations déguerpissement sur le boulevards Nangui Abrogoua et ses voies adjacentes, la rue longeant l’ex-cinéma Roxy, occupé par de nombreuses vendeuses de ces produits pharmaceutiques a été également nettoyée. Bien d’autres opérations ont été menées par les autorités sanitaires en collaborations avec les forces de l’ordre dans la lutte contre la vente des médicaments prohibés.
Des médicaments exposés comme des articles ordinaires
Plusieurs fois déguerpies, elles reviennent s’installer comme si rien n’était fait. Et encore bien organisées. Depuis le nettoyage du boulevard Nanguy Abrogoua en 2021, nombres d’entre elles installés dans la rue longeant l’ex-cinéma Roxy n’y sont plus. Elles ont intégré le marché où elles sont mieux installées. Quand nous arrivons le 12 février dernier pour enquérir des réalités de ce marché, nous sommes chaleureusement accueillis par certaines de ces femmes assises à l’entrée avec leurs marchandises. « Monsieur, y a médicament. Tu veux pour combien ? Y a pour pharmacie si c’est ça tu veux », lançent-elles. Nous fonçons au rez-de-chaussée du bâtiment où se trouve le marché. Et là, ce sont des magasins, des étalages bien alignés avec des ruelles. L’on constate que des médicaments de toutes sortes (antibiotiques, analgésiques, antipaludiques, etc) sont disposés comme des marchandises ordinaires dans un marché ordinaire. Elles vendent en gros et en détail. A l’étage se trouve des magasins de stockage de médicaments. Elles ne semblent pas inquiétées. Et pour cause, elles sont installées au même titre que les autres commerçants et s’acquittent des mêmes taxes.
Une clientèle abondante
Le marché Roxy est de loin le haut lieu de vente des médicaments du pays. Et la clientèle est abondante. Des revendeuses des autres communes d’Abidjan et même de l’intérieur s’y approvisionnent. Des personnes choisissent ces médicaments, parce que les prix semblent relativement bas par rapport à ceux des pharmacies. Une plaquette de paracétamol coûte 100 francs. Nous avons vu des gélules attachées dans des sachets à 250 et 500 francs. « Elles vendent des médicaments de pharmacie aussi. Quand on me prescrit des médicaments, je ne me pose pas de question. Je vais directement à Roxy », confie une mère de famille. Ce marché lui suffit pour les petits maux de ses enfants. Et un autre client de déclarer qu’après une petite chirurgie, son médecin lui a prescrit un Efferalgan, comprimé effervessant pour soulager ma douleur. C’est à Roxy qu’il l’a acheté. « Il y a des docteurs qui viennent ici », explique certaines vendeuses pour convaincre les clients de la bonne qualité de leurs marchandises. Il revient toutefois que des agents de santé collaborent avec ces femmes.
Que dire de l’origine des médicaments vendus dans des conditions inappropriées sur ce marché de Roxy ? Ce sont des marchandises dites produits pharmaceutiques non enregistré, tout simplement parce que, comme son nom l’indique, elles échappent au circuit normal ou officiel de distribution. Et pour cause, des réseaux parallèles de distribution composés de certains agents de santé selon des informations reçues, des trafiquants approvisionnent le marché. Un ex-délégués médicale a confirmé que des laboratoires préfèreraient distribuer directement sur le marché Roxy que de passer par les distributeurs agréés afin d’éviter de payer les taxes et autres frais. Ainsi d’énormes quantités de médicaments pharmaceutiques se retrouvent dans ces marchés à moindre coût. Ce qui fait l’affaire des vendeuses de médicament de Roxy.
Dans le but d’en savoir plus sur ce marché de Roxy, nous nous sommes rendus au ministère de la santé. Mais nos démarches ne nous ont pas permis d’avoir la réponse à nos préoccupations.
Diomandé Karamoko
lebanco.net
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