Depuis la guerre qui a opposé l’Arménie à l’Azerbaïdjan au sujet du Haut Karabakh en Septembre – Octobre 2020, les drones turcs ont la cote dans le monde. Le Haut Karabakh est une région d’Azerbaïdjan peuplée d’Arméniens. Entre 1990 et 2020, au moins trois guerres ont opposé ces deux pays à propos de ce territoire, des guerres plus ou moins remportées par l’Arménie, grâce aux nombreux chars de fabrication russe qu’elle peut aligner. L’Arménie est une nation chrétienne orthodoxe comme la Russie, mais elle est entourée de nations musulmanes. Ainsi elle a toujours bénéficié d’un large soutien du pouvoir russe.
En plus du Haut Karabakh, l’Arménie a aussi annexé des régions lors des guerres antérieures. Et ce sont précisément ces territoires qui ont fait l’objet de la guerre de Septembre à Octobre 2020. Alors que l’armée arménienne a toujours été vue comme la plus outillée et la plus efficace de la région, les divisions de chars qu’elle a alignés ont été décimés par une arme que personne n’a vu venir, le drone turc » Bayraktar TB2 ».
Ce drone a une caméra embarquée, si bien qu’on pouvait suivre en temps réel ses prouesses sur le champ de bataille. Les colonnes de chars arméniens ont été pulvérisées sans pouvoir opposer aucune réaction. Ce qui a amené l’Arménie a demandé un cessez-le-feu après 44 jours d’affrontement, ce qui revenait de facto à une capitulation, à la surprise générale. Les forces azerbaïdjanaises étaient sur le point d’encercler totalement le Haut Karabakh, n’eût été l’intervention de la Russie, qui a une armée présente dans la zone. Aujourd’hui, l’Arménie ne fait plus le poids face à l’Azerbaïdjan, à cause d’une seule arme, le drone turc » Bayraktar TB2″.
Auparavant en Libye, ce drône s’était également brillamment illustré. Alors que le maréchal Haftar encerclait la capitale Tripoli depuis Avril 2019, il a été mis en déroute en Mai 2020 lorsque le gouvernement d’union nationale s’est adressé à la Turquie. Les drones turcs sont alors entrés en action, pour décimer les colonnes de véhicules pick-up, sur lesquelles étaient montés les canons ennemis. Les forces du Maréchal épaulés par des centaines de miliciens russes du groupe privé Wagner (actuellement présent au Mali) se sont retirés vers leur bastion de l’Est de la Libye. Depuis, l’homme a abandonné toute idée de prendre Tripoli par la force. Il ne fait plus désormais le poids face aux troupes du gouvernement d’union nationale, du fait là aussi d’une seule armée, le drone turc « Bayraktar TB2 ».
Troisième théâtre d’opération, l’Éthiopie. Après une année de conflit entre le gouvernement éthiopien et les rebelles du Tigrée, (Novembre 2020-Octobre 2021) ces derniers avançaient inexorablement, et en Novembre 2021, étaient signalés à 190 km de la capitale Addis-Abeba. C’est alors que le Premier Ministre Abiy Hamed s’est rendu de toute urgence en Turquie pour des « accords de coopération ». En réalité il était allé accélérer l’acquisition du drone « Bayraktar TB2 ». Dès que cet engin est entré en action, il y a eu un retournement spectaculaire de la situation à la surprise générale.
Alors qu’on croyait les jours du régime du Premier Ministre Abiy Hamed comptés en fin d’année 2021, les rebelles tigréens ont subi défaite sur défaite et abandonné les unes après les autres les villes qu’ils contrôlaient. En moins de quatre semaines, ils se sont totalement repliés dans leur bastion du Tigrée d’où ils étaient sortis pour mener l’offensive vers la capitale Addis-Abeba. Aujourd’hui, la guerre est contenue à l’intérieur du Tigré. Les drônes turcs empêchent tout déploiement des rebelles en dehors de cette zone.
Conçu pour traquer et frapper avec précision les objets petits et mobiles, ce drône est aujourd’hui ce qui se fait de mieux pour des « frappes chirurgicales » dans des conflits de » basse intensité « . Beaucoup pensent que l’ère de l’Aviation de combat telle que nous la connaissons aujourd’hui, est en train de se tourner. L’aviation éthiopienne bombardait déjà le Tigrée depuis de longs mois, mais cela n’avait aucun effet. Il a fallu l’entrée en action des drônes pour que l’armée fédérale prenne l’avantage.
Aujourd’hui les armées africaines s’empressent auprès de la Turquie au sujet de ce drône. Mais pas encore la Côte d’Ivoire. Le pays a certes acquis il y a environ trois mois, deux drônes de surveillance, mais il est temps de s’intéresser aux drones de combat. Et en la matière le » Bayraktar TB2 » est une arme efficace et bon marché (4.15 millions d’euro l’unité, environ 2,8 milliards de FCFA).
Le budget ivoirien de la défense est d’environ 320 milliards de FCFA, il y a donc de quoi en acquérir deux ou trois en prévoyant bien sûr les frais de formations des nombreux techniciens ou navigateurs nécessaires pour faire fonctionner le drone.
Capable de voler 27 heures d’affilée et de frapper une cible de moins de 2 mètres d’envergure à 8 km de distance, ce drone est de l’avis des spécialistes une arme efficace à 100% contre tout type de rébellion. Des djihadistes à moto ou sur des pick-up n’auraient aucune chance d’échapper à ce drône, même de nuit, car il est équipé d’une caméra à vision nocturne. Si aujourd’hui Boko Haram n’est plus une menace existentielle pour le Nigéria, le » Bayraktar TB2 » y est pour quelque chose. L’armée ivoirienne doit s’intéresser à cette arme, capable de repérer et de frapper de façon préventive tout regroupement hostile à nos frontières.
Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com
===== NE PAS REPETER LES ERREURS DES ANNÉES 70 ======
Beaucoup de projets « clés en mains » avaient été miroités aux décideurs africains dans les années 70. A l’arrivée des éléphants blancs qui n’ont tenu que les promesses d’une demi-saison.
Les drônes turcs ou américains seraient aujourd’hui une sorte de solution miracle pour nos armées en mal de contrôler des frontières de moins de 1.000 KM en savanes. Et pour se substituer à cette incapacité, le drone vient combler un déficit face à un ennemi se déplaçant à motos !
Depuis peu, « l’Etat de Côte d’Ivoire a acquis un simulateur de vol ALIM ALX-103 pour affiner les pilotes en augmentant le rendement des exercices pratiques exécutés en vol réel.
Ce simulateur serait paramétré pour recréer les conditions de vol de plusieurs classes d’avions. A savoir le petit avion monomoteur, le jet moyen type airbus A320 et les bimoteurs… ».
L’acquisition de cet outil dans la perspective de densifier la flotte en réduisant les missions de formation à l’extérieur tout en favorisant une coopération régionale, est compréhensible et justifiable.
Acquérir des drones très coûteux qui pourraient être abattus ou détruits rapidement est un risque élevé sauf on envisage de les baser très loin des zones de conflit…
======== FAVORISER DES INVESTISSEMENTS REGIONAUX =====
Un tel investissement en drones devient intéressant quand il est réalisé par une organisation régionale à des fins d’utilisation partagée (Forces ECOMOG). En fonction de l’intensité des opérations ou de l’urgence des interventions, ces drones qui seraient basés dans les sites d’accueil des forces d’attente de ka CEDEAO, seraient déployés dans une zone militaire donnée à la demande.
Faute de développer un esprit de véritable coopération scientifique économique et politique, chaque état sera confiné à des actions de portée limitée et sans lendemain.
Comment les Turcs ont fait pour avoir des hôpitaux et cliniques de classe internationale, des universités de référence, des formations de pointe, des industries de haute technologie, telles les interpellations à nous adressées !
Il est temps pour l’Afrique de sortir de cette logique de consommation des dernières technologies et de se réarmer mentalement et courageusement pour conception et développer des solutions qui conduisent à la véritable émergence. Comme le Brésil, la Corée du Sud ou…la Turquie, ont pu le faire.
Et pour se faire l’ambition doit être LISIBLE !