Depuis plus de 10 ans maintenant que le régime du Rassemblement des républicains (RDR) puis du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est au pouvoir, la situation sociale des Ivoiriens n’a cessé de se dégrader. La pauvreté galopante, la cherté de la vie, la corruption, les détournements de deniers publics etc. ont achevé de convaincre de l’incapacité du RHDP à assurer le bien-être des populations.
« Ne donne pas ta voix à la pauvreté ». Tous ceux qui ont cru en ce slogan du candidat du RDR à la présidentielle de 2010 doivent se mordre les doigts. Aujourd’hui, plus de 10 ans au pouvoir, ils se rendent compte que ce n’était ni plus ni moins qu’une farce que l’homme et ses suiveurs leur ont servi pour leur arracher leurs suffrages. Une fois dans le fauteuil présidentiel, ses prétendues mesures et autres réformes annoncées n’ont servi qu’à empirer la situation déjà précaire des populations ivoiriennes. En effet, chaque jour qui passe, l’on assiste à une envolée spectaculaire des prix des produits de première nécessité sur les marchés du pays. Augmentation anarchique des prix des produits alimentaires qui a réduit considérablement le panier de la ménagère. Alors qu’en face, l’on note avec ostentation, l’embourgeoisement de la minorité au pouvoir au détriment de la masse laborieuse. Aujourd’hui c’est le prix du carburant qui vient de subir cette augmentation.
Face à la grogne qui s’intensifie, le gouvernement va plutôt soumettre les consommateurs à un jeu de ping-pong dans le contexte de la vie chère qui a pris des proportions remarquables en Côte d’Ivoire. Cela a d’ailleurs débouché, le 19 juillet 2021 sur une marche des consommateurs déplorant de plus en plus des difficultés à s’approvisionner sur les marchés.
Comme toute réaction, le ministre du Commerce et de l’Industrie a préféré accuser les réseaux sociaux qui ne font que dénoncer les prix exorbitants des produits sur le marché. C’est ainsi que Souleymane Diarrassouba va dénoncer une « campagne de désinformation » sur les prix des produits de base, relayée sur les réseaux sociaux et tendant à perturber la quiétude des consommateurs.
Et pourtant, la réalité sur le terrain n’a rien d’une campagne virtuelle, les prix des denrées ayant effectivement connu une hausse exponentielle. En parcourant trois marchés de la commune de Yopougon, l’on a pu constater les grognes des clients qui vivent l’expérience de visu. « Les autorités doivent reconnaître leur part de responsabilité parce qu’il n’y a pas de suivi et on assiste à un véritable désordre dans la fixation des prix des denrées », s’insurge un opérateur économique.
Cette situation n’a pas échappé à l’Union européenne, l’un des principaux partenaires de la Côte d’Ivoire.
Dérive autoritaire du pouvoir, corruption, flagrantes inégalités sociales ont été relevées dans un rapport confidentiel en 2018 dans lequel l’UE s’est alarmée de la situation politique et sociale de la Côte d’Ivoire avant les élections présidentielle de 2020.
« La Côte d’Ivoire affiche l’image rassurante d’une stabilité retrouvée, portée par des taux de croissance élevés (8% par an en moyenne depuis 2011, ndlr), mais les indicateurs sociaux stagnent (taux de pauvreté à 46% en 2015) et la population s’interroge de plus en plus ouvertement sur cette croissance qui ne lui semble pas ou peu bénéfique », ont dénoncé les ambassadeurs de l’UE dans ce rapport commun rédigé début juillet 2018.
« La population ivoirienne tolère d’autant moins les largesses financières dont bénéficient les cercles du pouvoir, une classe dirigeante dont l’enrichissement ces dernières années est parfois spectaculaire », révèle le rapport.
A la vérité, depuis sa prise de fonction en 2011, la grande économiste a échoué lamentablement comme quand il promettait de faire de la Côte d’Ivoire un « pays émergent en 2020 ».
La croissance dont le pouvoir se vantait tant et qui est surtout le fait d’investissements étrangers, n’a eu aucun lien avec le progrès social des populations. La réduction de la pauvreté, la qualité de vie et le pouvoir d’achat des Ivoiriens ne sont que de simples vœux pieux. Et pour cause, les indices sociaux peinent à décoller. Le programme social du gouvernement (Ps-Gouv 1) censé relever le niveau de vie des populations s’est soldé par un échec retentissant au constat. Aujourd’hui, comme solution, c’est de passer à une deuxième phase dénommée Ps-Gouv 2 comme s’il suffisait de changer de nom pour atteindre le résultat escompté. A la place du bien-être des populations promis, les Ivoiriens n’ont eu droit qu’à un regrettable « rattrapage ethnique ».
Aujourd’hui, tous les observateurs s’accordent à dire que le développement n’est pas inclusif en Côte d’Ivoire. En effet, derrière les ‘’grands’’ travaux du « bâtisseur » Ouattara, se cache le phénomène croissant des déguerpis, des personnes expulsées sans ménagement de leurs habitations dans leurs quartiers sans recasement. C’est ainsi qu’en 2019, le gouvernement ivoirien projetait de déguerpir 1,2 million de personnes de leur lieu de vie. Où est le visage humain de ce développement tant promis ?
Même les 3 millions d’emplois que le régime RHDP se vante d’avoir créé en deux ans de mandat, les spécialistes invitent à prendre ces chiffres avec des pincettes. « C’est élevé mais il faut faire attention à la qualité de cet emploi. Il s’agit pour beaucoup, d’emplois à courte durée ou de sous-emplois, pas forcément conformes aux diplômes obtenus », nuance un économiste bien avisé. « Même si les chiffres baissent, nous sommes à plus de 50 % de taux de pauvreté dans les zones rurales. La croissance n’est pas nécessairement répartie au sein de la population », déplore-t-il. Voilà l’implacable réalité de la gouvernance des affairistes au pouvoir en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens ont été tout simplement bernés et abusés. Ils devront en tirer toutes les conséquences aux prochaines échéances.
Pierre A. Menant
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