Maliens, maliennes, les forces néocoloniales ont pour totem l’humiliation. Faites attention au syndrome ivoirien.
Peuple malien, l’histoire de la Côte d’Ivoire vous parle. L’acharnement par les invectives n’est qu’une étape dans la stratégie de déstabilisation à laquelle vous faites face et jamais son aboutissement. Il y a toujours un après. C’est ainsi et c’est la logique de ce monde de bourreaux où les intérêts économiques sont rois mais qu’on cache avec des arguments captieux et des arguties de la morale humanitaire. Allez demander à Laurent Gbagbo qui a été jugé infréquentable, il vous indiquera ce qui lui est advenu après et quels chemins ses ennemis ont emprunté pour avoir raison de lui. Celui qui a été jugé infréquentable par le discours des Grands de ce monde reste infréquentable malgré toutes les largesses que ses calculs politiciens et autres erreurs d’appréciation lui ont permis de faire. Celui qu’on juge illégitime ne mérite pas, d’un point de vue éthique, d’être là où il se trouve. On ne coopère pas avec lui et on ne répond pas à ses sollicitations. On lui applique au contraire le « dégagisme » par une autre illégitimité masquée en légitimité internationale.
Dans la logique du monde des bourreaux, dire n’est pas dire ; dire, c’est faire : un dire enrobé pour un faire bien réel. Et, l’on se donne toujours les moyens et le temps de réussir à dégager celui qu’on n’aime pas pour placer un homme lige, malléable et qui sera plus royaliste que le roi qui l’a placé au pouvoir. Si je vous dis : « après moi, c’est l’insécurité totale ; c’est le chaos », sachez que j’ai déjà commencé à préparer le chaos avec mes hommes de main déployés sur le terrain pour des actions secrètes. C’est pareil si je vous dis qu’il n’y a pas de solution militaire à un conflit. Je le dis parce que mes hommes de main sont déjà sur le terrain mais de façon secrète et je suis l’un des acteurs majeurs du conflit et le véritable ennemi mais encagoulé. Dans le langage des relations internationales, c’est ainsi et seuls les membres de la confrérie comprennent le langage des codes utilisé. Gare à celui qui dort sans veiller au grain. L’hydre n’aime pas l’humiliation. « Ce que tu as commencé-là, est-ce que tu peux terminer ? » dit le morceau zouglou en Côte d’Ivoire. « Ce que tu ne peux pas terminer, faux pas le commencer. Maintenant si tu commences, il faut le terminer » disent les ivoiriens.
En octobre 2004, Laurent Gbagbo, fatigué d’avoir sur le dos une rébellion qui l’empêche de dérouler son programme de développement en faveur de son peuple, décide de lancer l’opération « Dignité » contre cette rébellion qui occupe la partie nord de son pays. Cette opération était une opération de reconquête de sa dignité et de l’intégrité du territoire. Malheureusement, cette opération n’était pas du goût du président français Jacques Chirac qui enrageait et fulminait de vengeance face à cette initiative dont la réussite aurait rendu un Laurent Gbagbo déjà incontrôlable encore plus incontrôlable. Entre-temps, un échange téléphonique entre les deux hommes s’était très mal passé : Jacques Chirac veut dissuader Laurent Gbagbo de lancer son opération ; mais il échoue à faire entendre raison à l’homme d’Abidjan. Le cas Gbagbo devient pour lui une affaire d’honneur à régler au plus vite. La perfidie se mêle alors à l’efficacité opérationnelle et tactique. Petit rappel historique.
Les forces françaises s’égarent intentionnellement devant la résidence du président ivoirien. Le peuple se soulève et contraint les militaires français à se replier à l’hôtel ivoire, non loin de leur objectif opérationnel. Elles sont venues d’urgence de Duékoué, dans l’extrême ouest, pour une mission spécifique : dégager Laurent Gbagbo à l’ancienne. Encerclées par des civils aux mains nues qui ne font qu’affluer, les forces françaises craquent au bout de deux jours. Elles tirent à bout portant sur les populations aux mains nues. Bilan : 63 morts et 1 300 blessés qui n’ont jamais heurté la conscience des autorités françaises de l’époque parce que, dans leur logique néocoloniale, c’étaient des morts utiles, comme l’ont été les morts de Thiaroye le 1er décembre 1944, pour la bonne cause françafricaine. La Force Licorne, avec honneur, parle d’« état de légitime défense, après des tirs de sommation et avec le maximum de retenue». Belle leçon d’humanité sans humanité pour les sous-hommes de nègres. A défaut d’avoir permis de dégager Laurent Gbagbo, ces tueries ont eu l’avantage de stopper nette l’opération « Dignité » et de donner le temps de penser à une autre stratégie de dégagement.
Peuple malien, sachez-le. On ne s’oppose pas impunément à la Françafrique qui utilise la prise du sommeil quand la stratégie de la force n’a pas abouti. Peuple malien, vous êtes allés loin, très loin dans votre opposition à l’ancien colonisateur qui se sent humilié par un sujet de sa majesté. La Dignité africaine est une Indignité pour elle. Dans sa logique, l’empire est et sera éternel. C’est pourquoi il ne veut pas mourir. Ne faites pas comme Kadhafi ni comme Laurent Gbagbo qui se sont faits avoir à l’usure. Tous deux s’opposaient ouvertement à l’occident tout en négociant nuitamment avec eux et leur accordaient quelques faveurs en espérant l’adoucir et desserrer l’étau autour d’eux. Cette stratégie leur a été préjudiciable. Ils ne se sont pas assurés d’avoir les garanties sécuritaires internationales nécessaires avant de se braquer. Quand vous avez une armée forte, on lève une coalition militaire contre vous. Quand votre armée est faible et minée par la corruption, on utilise des forces militaires spécialement préparées pour occuper une partie de votre territoire afin d’y jouer les chevaux de Troie.
Maliens, maliennes, lorsque vous décidez d’avancer contre ces forces rétrogrades qui régulent toute avancée dans le monde, ne commettez jamais l’erreur de vous retourner pour échanger, ne serait-ce qu’une minute, avec elles. Vous serez broyés quel que soit le temps mis. L’objectif de départ doit être coûte que coûte atteint, même si quelques-uns parmi elles doivent jouer les laquais ou les conseillers occultes pour la bonne cause. C’est une question d’honneur pour elles et, elles doivent la maintenir sauve de façon secrète ou ouverte. Avec le temps, elles ont développé une patience à toute épreuve. C’est une logique observée avec une rigueur ecclésiastique. Allez demander à Fidèle Castro de Cuba. De sa tombe, il vous dira comment il a pu tenir. Allez demander à Bachar el-Assad de Syrie. Il est encore vivant. Il vous dira comment il a pu survivre à l’avalanche. Allez demander à Paul Kagamé du Rwanda pourquoi il avance sans se retourner malgré la cour diplomatique très assidue qui lui est faite afin qu’il réintègre le giron qu’il a quitté. Sachez tenir parce que votre combat est noble et, il faut plus que des mots. Après l’échec de la Côte d’Ivoire qui s’est battue comme elle le pouvait contre des ennemis internes et externes, le flambeau de la lutte libératrice vous est revenu. Tel est votre destin. A l’indépendance nominale octroyée doit faire place une indépendance réelle conquise. C’est le vœu des élites et des jeunesses africaines. Soyez prêts à en payer le prix. Toute liberté a un prix.
Les manœuvres de la Françafrique, le jeu subtil.
L’une des manœuvres préférées des forces rétrogrades concerne les attaques contre l’image des leaders qui ne sont pas compatibles avec les logiciels d’exploitation de l’Afrique. Il s’agit de les diaboliser au maximum, de noircir leur image polie par la lutte avec l’aide de journalistes aux ordres prêts à mouiller la plume pour la grande cause françafricaine ou de journalistes eux-mêmes manipulés par de fausses informations distillées à dessein. Ces attaques visent à agir sur les esprits pour susciter la colère des populations contre les leaders de la lutte d’émancipation. Elles visent aussi à susciter la division au sein de la classe dirigeante qui doit faire l’objet de « dégagement » pour installer un homme lige sans aucune polémique, sans rien, un homme lige dont la gouvernance reposera sur le népotisme et la prédation.
Ils commenceront à parler de dissensions, d’union qui se fissure, de tensions, de rivalités entre les dirigeants pour semer le trouble dans les esprits, casser le moral des peuples et briser toute résistance. Souventes fois, ces dissensions ne sont que des fables pour tromper l’adversaire et l’opinion publique, leur faire croire à ce qui n’existe pas en réalité, en préparation de ce qui sera entrepris dans le secret pour retourner certains acteurs avec des promesses de toutes sortes. Mais, parce qu’évoqués par des plumes dont on est loin de soupçonner les accointances avec les forces rétrogrades, on y croit facilement. Il faut aussi reconnaître que des données totalement fausses peuvent être fournies à des médias, aux dirigeants du monde entier ou aux opinions publiques pour les pousser à rallier la cause des forces rétrogrades qui devient juste par la stratégie déployée ou parce qu’elles sont les plus fortes du moment. Dans cette logique, toute information provenant de la partie adverse ou du camp non ami est systématiquement discréditée et taxée de mensongère et de propagandiste. L’emploi du terme de populisme répond à ce dessein de désinformation et de manipulation des masses pour ôter toute crédibilité aux leaders qui ont l’onction populaire pour mener le combat contre les forces rétrogrades. Tout leader qui ne s’affiche pas en défenseur de leurs intérêts et qui est, pour cela, apprécié par son peuple est, à leurs yeux, un populiste. Ce sont elles qui distribuent les appréciations et les notes. Tout peuple qui décide de s’opposer à ces forces doit être très fort dans la tête parce qu’il sera sujet à toutes sortes de manipulations et de désinformations pour ébranler son courage et sa ténacité. Leur stratégie n’a point varié depuis des années. Elles sont à fond dans la guerre psychologique et dans la guerre de l’information.
Les informations de guerre psychologique savamment distillées par des canaux médiatiques spécifiques de grande renommée internationale ont une visée à la fois perlocutoire et illocutoire. Cela veut dire, premièrement, que l’existence des faits évoqués et grossis exprès ou créés de toute pièce leur est conférée par le seul fait d’en parler dans un journal ou tout autre canal médiatique sérieux. Deuxièmement, ces informations ont des effets voulus lointains et cachées (dans le discours) sur les pensées, les croyances et finalement sur les actions à la fois des masses et des dirigeants du monde de sorte à permettre la réalisation d’objectifs politiques ou militaires stratégiques. Ces techniques sont le plus souvent le fait de spécialistes en sciences cognitives puisqu’elles s’appuient sur des manipulations cognitives pour infléchir les volontés, pour ramollir les cœurs et susciter l’adhésion volontaire à la thèse développée, amplifiée parfois par un contexte hyper-médiatique. Parfois, il s’agit de pousser l’adversaire à croire que la lutte est perdue d’avance face au caractère disproportionné des forces en présence et de leurs moyens respectifs et, les faibles d’esprit tombent facilement dans ce jeu.
Ces faibles d’esprit sont les premiers à se plaindre de tout et leurs plaintes deviennent un brouhaha général qui finit par emporter les leaders des luttes d’émancipation. L’africain n’a pas encore la culture du sacrifice comme on l’a constaté chez certains peuples asiatiques et sud-américains. Vivre nous est encore très cher même si l’on doit, pour cela, demeurer dans la pauvreté. Il ne faut pas non plus demander au peuple de faire des sacrifices pendant que les leaders s’engraissent et assurent un avenir douillet à leur progéniture : nul au monde ne peut l’accepter. Ce défaut de l’africain est la première arme qui est utilisée contre lui dans le cadre de la stratégie de manipulation des esprits et des masses.
Quel résultat peut-on atteindre si les meneurs sont divisés, si le leader manque de vision claire, si la situation devient inextricable, si la pauvreté s’accentue, etc. ? Telles sont quelques-unes des questions qui fusent dans les esprits et tuent l’ardeur au combat. C’est l’arme psychologique utilisée pour briser toute résistance. Le caractère tactique de cette arme psychologique fait que, dans les grandes puissances, elle est d’abord validée par le ministère de la défense puis est l’objet d’une planification militaire à travers des canaux amis.
En plus de cette arme psychologique, une partie de la classe politique, des hommes de la presse et de la société civile peut être ralliée aux objectifs politico-militaires stratégiques des adversaires et peut être instrumentalisée pour saboter le travail des forces révolutionnaires en créant une contre-organisation politico-administrative. C’est sur cette contre-organisation politico-administrative que les réseaux politico-financiers françafricains s’appuient très souvent pour défaire les pouvoirs qui ne leur plaisent pas ou pour anéantir les forces révolutionnaires ou nationalistes qu’ils veulent briser. On l’a vu sous Thomas Sankara au Burkina Faso, avec Pascal Lissouba au Congo et tout récemment avec Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, la dernière victime en date de ce réseau françafricain. On ne touche pas impunément à leurs intérêts économiques séculaires, encore moins à leur image si polie, si digne de grands humanistes devant l’éternel. Il ne faut pas montrer aux yeux du monde entier que leur face d’agneau cache en réalité des rapaces d’une rare férocité. Cela est assimilé à un crime et, l’auteur d’une telle situation est à abattre par tous les moyens, y compris en exploitant les guerres ethniques ou régionales.
L’on peut même recourir à des trahisons dans l’appareil militaire pour susciter une suspicion généralisée, pour démoraliser les troupes et pourrir l’ambiance ; ce qui aura pour conséquence d’affaiblir les forces révolutionnaires et de les rendre esseulées et faciles à dégager. Des rebellions peuvent aussi être suscitées, financées et entraînées pour nuire au pouvoir en place, partitionner les pays et remettre les réseaux politico-financiers françafricains au cœur d’un jeu politique et d’une redistribution économique qui avaient commencé à leur échapper. A cela, il faut ajouter le régime des sanctions collectives ou individuelles, la nouvelle tendance de cette fin de siècle. Il est appliqué aux empêcheurs de tourner en rond pour nuire à la lutte menée.
Le fait d’entrave au bon déroulement de la transition brandi par l’Union européenne pour sanctionner certains membres du Conseil national de transition au Mali est assez cocasse et mérite, à lui tout seul, un développement que nous ne pouvons faire dans cette contribution. Tous les faits évoqués, ici, ne visent qu’un seul objectif : provoquer le chaos pour que le peuple ou une partie du peuple se retourne contre ses dirigeants. La coercition à l’égard des individus qui forment l’organisation politico-administrative ennemie, comme, ici, les autorités transitoires maliennes, participe de cette stratégique du chaos.
Maliens, maliennes,
Dans cette description des manœuvres subtiles des forces rétrogrades, il y a eu une action stratégique à votre avantage qu’il nous faut évoquer. Lors de l’épisode des soldats danois en relève dans la task force Takuba, la guerre du droit a été utilisée par les dirigeants transitoires pour faire plier l’échine au Danemark et l’amener à rapatrier la centaine de soldats qui étaient rentrés au Mali. Le droit a été utilisé comme arme de guerre politique pour légitimer les revendications souverainistes du Mali et obtenir la supériorité normative sur les européens. Sur ce coup, les maliens ont bien manœuvré en s’inscrivant dans la doctrine chinoise. Au lieu d’être toujours sur la défensive et de subir les assauts répétés et conjugués des forces rétrogrades, vos dirigeants transitoires ont été à l’offensive avec l’expulsion de l’ambassadeur de France du Mali que le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » regrette. Il aurait préféré un autre sort mais les jeux diplomatiques étaient déjà faits en amont avec des déclarations peu soucieuses des égards diplomatiques. L’adversaire n’a pas vu ce coup venir, conforté qu’il était par ses victoires passés avec la même attitude hautaine. Il a été pris par surprise. Cette dynamique qui crée l’incertitude chez l’adversaire est une force que vos dirigeants transitoires doivent maintenir. Ne dit-on pas que la meilleure défense est l’attaque ? Les africains doivent s’instruire des initiatives stratégiques américaines, russes, chinoises et européennes. L’adversaire a été ainsi pris à son propre jeu, lui qui avait l’habitude de faire du droit une arme de guerre diplomatique et politique et qui est très soucieux d’inscrire ses actions dans le cadre du droit.
Maliens, Maliennes,
Sachez-le « en politique internationale et en diplomatie, il n’y a qu’intérêts et rapports de forces ». Vos dirigeants transitoires l’ont bien compris, eux qui ont décidé d’imposer le respect dû au peuple malien. Cette posture souverainiste reconnue aux grandes nations est déniée aux peuples du Sud, surtout aux pays africains. Les souverainistes sont dépeints en populistes quand ils viennent du sud mais ils sont adulés, choyés et applaudis quand ils viennent du Nord et se battent pour la préservation des intérêts géopolitiques des états du Nord.
Les manœuvres de la Françafrique, le jeu direct
La doctrine de la Françafrique peut se résumer en ces quelques mots : tout, absolument tout doit être fait pour préserver la zone d’influence et maintenir la position dominante et les privilèges économiques et monétaires qui vont avec. Le jeu direct de la Françafrique, dans le cadre de ce qui a été appelé la « France-Afrique en kaki », a révélé deux modes opératoires principaux. Il y a les opérations militaires secrètes ou officiellement humanitaires (avec les actions clandestines des services secrets infiltrés ou des forces spéciales) pour des appuis ou des coups de force indispensables à la survie du régime françafricain. Il y a aussi les interventions militaires sous mandats onusiens.
Dans le dernier cas, la résolution onusienne est interprétée de manière très extensible de sorte à garantir la réalisation des objectifs stratégiques principaux ou initiaux. Cette résolution est, d’ailleurs, rédigée de manière opportuniste, de façon à autoriser différentes interprétations avec, en toile de fond, une interprétation très extensible de la responsabilité de protéger. Dans les cas libyen et ivoirien, l’on a noté les expressions suivantes qui justifient cette interprétation extensible de la responsabilité de protéger :
(1) « autorise à prendre toutes mesures nécessaires pour protéger les populations et zones civiles menacées » (Libye).
(2) et « utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de la tâche qui lui incombe de protéger les civils menacés d’actes de violence physique imminente, (…) y compris pour empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre la population civile » (Côte d’Ivoire).
La séquence relevée dans le cas ivoirien repose sur l’idée que les forces de Laurent Gbagbo tiraient en 2011 à l’arme lourde sur les populations civiles. Le procès qui a été intenté contre lui par la Cour pénale internationale a montré que cette résolution rédigée par la partie française à l’intention du Conseil de sécurité et qui a justifié l’intervention des forces françaises de l’opération Licorne (la Licorne : tout un symbole d’aseptisation du trouble-fête ivoirien) reposait sur un gros mensonge ou une extrapolation à dessein de la réalité puisqu’il a été déclaré non coupable des crimes qui lui sont reprochés et son acquittement a été prononcé le 30 mars 2021 après dix ans de procédure.
Si la Russie et la Chine n’avaient pas bloqué le mardi 11 janvier 2022 l’adoption d’un texte du Conseil de sécurité de l’ONU présenté par la France et qui soutenait les sanctions décidées par la CEDEAO contre les autorités transitoires maliennes et que cette résolution était passée, il y aurait eu toute une série de résolutions contraignantes et paralysantes pour l’action de ces autorités. L’interprétation très extensible que ce texte aurait permise aurait alors eu des conséquences désastreuses pour la lutte d’émancipation engagée.
L’union des maliens et des maliennes est absolument nécessaire dans cette dure épreuve nationale.
Maliens, maliennes,
Vous ne verrez pas, dans le monde occidental et ailleurs dans les grandes nations, des personnalités politiques de bords différents condamner les actions de leurs dirigeants dans le cadre de leur politique étrangère, même si elles contreviennent au droit international. Même s’il y a quelques voix discordantes, elles restent très mineures et ne peuvent remettre en cause le processus engagé. Des Etats-Unis à la Chine en passant par l’Union européenne et la Russie, il y a un soutien quasi populaire à l’interventionnisme politique, économique, militaire et global sur la scène internationale des dirigeants qui sont au pouvoir. Cela donne l’impression d’un consensus entre le peuple et les élites politiques pour défendre un intérêt commun, un même idéal avec l’habillage qu’il faut pour s’assurer le soutien de l’opinion publique. Le plus souvent, c’est l’idéal humaniste et le respect des droits de l’homme et des libertés qui sont mis en avant.
Mais nul n’est dupe : il y a toujours sous-jacents aux actions internationales des grandes puissances des intérêts économiques, l’appétence pour le maintien des statu quo inhibiteurs de développement pour les petites nations. Il s’agit, pour eux, de garantir leur position dominante, laquelle profite à tous, aussi bien au peuple qu’aux dirigeants puisque leur politique repose sur une redistribution des richesses acquises ailleurs. Voilà le fondement du consensus largement partagé dans les grandes puissances et, cette logique structure les sociétés occidentales.
En Afrique, en revanche, les dirigeants souverainistes qui Luttent pour l’indépendance vraie des peuples africains sont combattus par certains membres de leur peuple. Pourtant, il s’agit d’une posture dont les retombées profiteront à tous en termes de développement. C’est cette ambiguïté que l’on ne comprend pas chez l’africain qui n’a pas encore compris qu’une lutte avec une puissance tutélaire pour plus d’indépendance ne peut que profiter à tous d’autant plus qu’au fond, il s’agit de mettre fin aux accords iniques à impensé esclavagiste et d’arracher plus de moyens de développement à la nation qui se développe et maintient sa position dominante grâce à la vitalité africaine.
Quand nos dirigeants, qu’ils soient transitoires ou non, luttent pour nous arracher des griffes des ennemis du développement de l’Afrique qui ont assassiné Mouammar Kadhafi pour empêcher la mise en place d’outils africains destinés à l’affranchissement des puissances prédatrices et qui ont fait essaimer le terrorisme dans la zone sahélienne de sorte à justifier un interventionnisme ultérieur, notre devoir, en tant que peuple, c’est d’être à leur côté, du côté de nos dirigeants. Cela devrait être naturel chez l’africain. Malheureusement, l’égoïsme de certains frères africains (qui prend des habillages nobles, territoriaux, sociaux, identitaires ou autres) ajouté à leur réflexe d’esclaves dont ils ne se sont pas encore départis les poussent à se positionner contre leurs frères, à torpiller leurs initiatives souverainistes pour maintenir tout le monde sous le joug du dominateur extérieur. Cette logique se constate aussi dans le monde arabe.
Nous demandons aussi aux dirigeants souverainistes africains d’avoir de la pédagogie pour rallier à leurs justes causes nationales leurs frères réticents. Cette pédagogie a manqué dans bien de contextes dont le contexte ivoirien et a favorisé la division que les forces rétrogrades internationales ont exploitée pour anéantir les nationalistes. Ces forces ont toujours triomphé ailleurs parce qu’elles sont très solidaires lorsqu’il s’agit d’écraser les nations qui nuisent à leurs intérêts économiques et luttent contre le maintien du statu quo. Maliens, maliennes, le Mali doit être leur cimetière et, les peuples africains vous soutiennent parce que votre combat est juste et noble : il conduit à la dignité de l’Homme Noir.
Le Mali est doublement en guerre, contre le terrorisme djihadiste et contre un ennemi perfide au visage de Janus, humaniste en apparence et prédateur dans l’âme. Cela rend la situation extrêmement complexe parce que deux visions prospectives s’affrontent. Le Mali pense à son avenir et à la possibilité de jouir pleinement de sa souveraineté. En face se trouve un adversaire dont la sève nourricière est l’Afrique et qui se flétrirait sans cette sève dont elle veut profiter seule sans partage aucun et pour le sous-développement durable du peuple malien. Sans la manne africaine, l’ogre françafricain dépérirait au plus vite. Son manque de créativité et d’inventivité pour vivre sans cette manne et son refus congénital du changement, l’un entrainant l’autre, le fait s’accrocher de toutes ses forces à son passé et ne lui permet pas d’entrevoir un autre moyen de développement au-delà du schéma colonial. Cela le rend extrêmement nocif et redoutable puisqu’il y va de sa survie. Voilà où se situe la complexité de la situation malienne. Mais, maliens, maliennes, tenez bon. Votre combat est juste et noble. Votre union fera votre force. Ne laissez pas la moindre once de division vous éloigner de vos objectifs stratégiques.
Fait à Abidjan, le 10 février 2022.
Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».
Le Président
Pr. Séraphin Prao
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